Les évènements liés au dopage dans le monde sportif et qui éclatent au grand jour lors du tour de France ne sont que la face émergée de l'iceberg, le signe d'une société malade. Il est illusoire de parler de développement durable, de santé durable, de tout durable tant que nous n'aurons pas remis à plat nos modes de vie, notre système de valeurs, ou plutôt notre hiérarchie des valeurs. Il est grand temps de revoir ce que nos sociétés attendent du sport de haut-niveau. Il devrait porter les notions de gestion de la santé sur le long terme, pour le tour de France, porter une image positive du vélo pour qu'il soit utiliser en masse pour se déplacer, porter les valeurs de préservation de la planète. Au lieu de cela, il porte en tête la concurrence exacerbée, la fuite en avant, la croissance continue des performances, dépassant les limites normales de l'humain. Il en est de même pour l'économie. Un article d'un journal économique type "enjeux les echos" relatait un sondage selon lequel 30% des cadres, poussés par des objectifs démesurés, se dopaient aux amphétamines. J'ai moi-même cotoyé un ingénieur possédant un bureau d'études indépendant déclarant ouvertement un dopage aux amphétamines pour livrer ses rapports dans les délais. Cette pression sur les délais, et accessoirement sur les coûts, qui gangrainent le monde économique amène au travail de piètre qualité, au désengagement dans le travail bien fait, et au final, à une perte économique.
Je crois que le mal du siècle est le rapport que nous entretenons avec le temps. Si on veut faire durer l'existence de l'humanité sur terre, c'est notre vision du temps qu'il faut revoir. Il faut synchroniser le temps de l'humain et le temps de la terre sous peine de disparaître. Le dopage dans le tour de France n'est pas qu'une histoire technique d'urine, de sang et de tricherie, c'est un signe d'une société toute entière qui marche sur la tête.