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Texte libre

Corinne Lepage,

ministre de

l'environnement

 de 1995 à 1997

et présidente de cap21

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24 février 2006 5 24 /02 /février /2006 16:02

Voici la contribution que j'ai laissé au plan local d'urbanisme de ma commune de Sotteville-les-Rouen.

Je mets en lien les documents de travail de la mairie.

"Je suis responsable national du thème transports dans le parti CAP21 de Corinne Lepage ancienne ministre de l'environnement.

Je suis surpris, dans ce projet urbain, que l'on ne parle pas de l'influence de celui-ci sur les ressources économiques des ménages, à l'heure où les prix de l'énergie, du transport et du logement vont représenter plus de 50% du budget des ménages, dans un contexte de concurrence qui amène à une quasi stagnation du salaire net. N'oublions jamais que la moitié des actifs en France gagne moins de 1500 Euros net.
Le développement économique de Sotteville dépend pour beaucoup des ressources disponibles des sottevillais.
Il n'est pas non plus fait mention du plan d'aménagement et de développement durable et de la cohérence avec les autres documents d'urbanisme aux autres échelles.
Or, un projet urbain doit aussi se préoccuper de l'amélioration économique quotidienne des ménages, et surtout de nos jeunes. Cette amélioration économique est la condition de la liberté et donc de la démocratie.
Fort de ce constat, on doit s'interroger sur la place que nous devons donner à l'automobile au 21ème siècle, mode de transport consommant 25% de ce salaire moyen, consommant 170 mètres carré d'espace public par voiture et représentant plus de 90% de l'espace de voirie, responsable d'1/3 des consommations de ressources fossiles et d'1/4 des émissions de gaz à effet de serre, tout ceci pour un usage moyen de 1h par jour et un taux d'occupation moyen de 1.4 personne par voiture.
Il faut rappeler que nous devons diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050. Très concrètement, cela veut dire diminuer de 3% par an la circulation automobile. Cela ne peut pas se faire sans diminuer l'espace public affecté à la voiture. Profitons en pour améliorer notre gestion des déplacements et notre cadre de vie.
On peut aussi se demander si l'espace public consommé par l'automobile n'est pas également responsable de la difficulté à densifier harmonieusement l'habitat et de la spéculation immobilière consécutif à un espace rare, donc plus cher. Or nous avons besoin de construire pour répondre à la pénurie de logements.
J'ai entendu lors des débats, que pour faire face à l'augmentation du taux de motorisation des ménages, il fallait augmenter le nombre de parkings. Je ne suis pas sûr que les personnes qui expriment ce point de vue soient conscientes des incidences que cela auraient sur la dégradation de notre qualité de vie, objectif voulu par ce projet urbain. Rappelons, pour faire contrepoids à ce point de vue, que les Pays-Bas investissent 4.1 milliards d'Euros dans la rénovation de leurs aménagements cyclables pour redonner un coup de fouet à l'usage de ce mode de transport représentant 1/4 à 1/3 de leurs déplacements.
Rappelons qu'une place de parking coûte à la collectivité 3000 Euros en surface et 15000 Euros en souterrain ou en étage.
Il est donc capital pour notre cadre de vie et notre pouvoir d'achat de consacrer beaucoup plus de budget à une politique de déplacements réduisant l'offre automobile au lieu de l'agrandir, et développant beaucoup plus vite les modes alternatifs à la voiture. Sur Sotteville, les distances parcourues et le faible relief rendent l'usage du vélo très pertinent. A ce titre, nous manquons cruellement d'un management par objectifs permettant aux discours de se traduire dans les actes, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. La ville doit être leader et incitatrice dans ce domaine.
Si on appliquait les principes de la méthode Kaïzen, popularisée par Toyota pour gérer la qualité et la production, il y a longtemps que nous aurions atteint ces objectifs. Rappelons que 5 actions par jour, si petites soient-elles sur une mandature de 6 ans à 200 jours travaillés par an amène à 6000 actions réalisées. Si la politique cyclable était une préoccupation de tous les jours et non un enjeu amenant des actions ponctuelles sans suivi et cohérence, le visage de notre ville en serait transformé.
Les transports publics ont fait beaucoup de progrès à force de gros budgets. Malheureusement, la politique cyclable permettant d'articuler les échelles n'a pas suivi, malgré la compétence et l'action du milieu associatif.

L'autre poste de dépenses des ménages est l'énergie et l'habitat. Là aussi, il est curieux que depuis les années 90 on sache faire des logements consommant entre 15 et 65kWh par mètre carré et par an dans le quartier Vauban à Fribourg en Brisgau, et que parallèlement on soit encore en France à 200kWh par mètre carré et par an en moyenne.
Le surcoût de tels logements n'est que de 20%. Nous nous devons d'offrir à notre population le meilleur de l'architecture. On ne peut se priver de logements consommant de 4 à 10 fois moins d'énergie.
La norme HQE, de l'avis des architectes eux-mêmes, est une norme très minimaliste très loin de ce qui peut être fait.
Compte tenu de la dynamique du prix de l'énergie, ces concepts doivent avoir une place majeure dans un projet urbain.
Nous devons constuire 100m de ville supplémentaire. Profitons-en pour inscrire de tels objectifs.

Urbanisme et déplacements sont des enjeux d'avenir majeurs pour vivre mieux et pour moins cher, ils doivent être inscrits dans des politiques ambitieuses de développement durable. C'est en ce sens que j'apporte ces éléments au PLU de Sotteville."

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