J'ai assisté à la quasi totalité des débats sur le contournement Est de Rouen, ainsi qu'à la réunion de clôture du débat sur l'EPR. Il est donc intéressant de comparer le fonctionnement de ces deux débats, de dégager des dénominateurs communs.
Manifestement, une des préoccupations majeures exprimées par les participants opposés à ces projets est le coût de ces ouvrages. Dans les deux débats est apparue la question de la disponibilité de l'argent public pour les politiques alternatives. Ce point est relevé par le compte-rendu de la commission du contournement, et a été relevé lors de la réunion de clôture EPR.
En effet, on ne peut clamer sur tous les toits qu'il faut mieux utiliser l'argent public et parallèlement engloutir 600 millions d'Euros minimum dans un contournement dont on sait qu'il ne règle pas les problèmes de déplacements sur le long terme et 3 milliards d'Euros dans un ouvrage qui ne permet pas de résoudre les problèmes énergétiques de la France, alors que nous avons besoin de financement pour développer les économies d'énergie et les sources alternatives et renouvelables.
Ensuite, dans les deux débats, le maître d'ouvrage ne s'attendait pas à une telle demande de transparence et de clarification sur la gestion de projet ni à la qualité de l'argumentation. Aussi bien EDF que la DDE ont du faire amende honorable et déclarer qu'ils étaient prêts à compléter leurs études.
Le développement durable ne pourra se construire que si on rétablit la vraie économie, c'est à dire maximiser les profits et minimiser les coûts. Minimiser les coûts veut dire en particulier casser avec les idées suivantes:
la demande d'électricité augmente donc il faut augmenter l'offre énergétique, le trafic automobile augmente donc il faut construire des autoroutes. Ce discours est développé par les deux maîtres d'ouvrages dans les deux cas.
Nous avons fait la même chose dans les années 60 avec l'inflation. Les prix augmentent donc j'augmente les salaires etc....Nous avons du rompre avec cette logique. Aujourd'hui, les particuliers ont des salaires qui stagnent pour maîtriser l'inflation et faire face à la concurrence alors que l'état encourage l'inflation énergétique alors même que la loi sur l'énergie indique que la première arme à mettre en avant est l'efficacité énergétique.
Lors du débat sur l'énergie qui a eu lieu sur France 3 dans l'émission de Christine Ockrent en fin d'année dernière avec Michel Edouard Leclerc, celui-ci déclarait, à propos de l'augmentation du prix des carburants, que l'état devait baisser la TIPP pour relancer le pouvoir d'achat des gens. On voit bien là la vision courte vue amenant à des propositions conjoncturelles alors qu'il faut que l'urbanisme soit structurellement construit pour diminuer la dépendance à l'automobile. Même sur l'aspect conjoncturel, Mr Leclerc, tout comme Mr Desmarets qui était là également, ont oublié de passer une vitesse sur l'offre GNV qui est disponible aujourd'hui à peu de frais si les synergies se mettent en place.
De la même manière que nous avons maîtrisé l'inflation, nous devons maîtriser l'offre énergétique pour que la population puisse bénéficier d'une offre permettant d'exercer les fonctions de base de la vie à moindre coût.