Les politiques qualité dans les entreprises ont considérablement évolué depuis les années 60, surtout depuis que des firmes comme Toyota se sont engagés dans le principe de qualité totale.
Pour simplifier,
Année 60: une usine qui produisait des quantités importantes avec beaucoup de contrôleurs, une usine qui fabriquait, une autre qui réparait, beaucoup de stocks, une diversité de produits faible.
On avait donc deux usines, une qui faisait, l'autre qui réparait et triait.
Actuellement: une usine cherche à produire à 0 défaut en recyclage interne et externe, 0 stock.
C'est à cette seule condition que les entreprises ont pu survivre à la concurrence généralisée. On est d'ailleurs passé de % de défauts à des ppm (partie par million) de défaut. C'était encore plus vital dans l'industrie du semi-conducteur, où l'intégration galopante des fonctions électroniques dans une surface de silicium de plus en plus petite obligeait les ingénieurs à obtenir des niveaux de qualité olympiques à chaque étape de process. On a l'habitude de dire qu'un niveau de défaut X à une étape n produit un niveau X/10 à l'étape n+1, ceci dans des processus exempts d'accidents majeurs de qualité. Un défaut qualité découvert à l'étape n+1 coûte dix fois plus cher que s'il est découvert à l'étape n.
Nos modes de vie actuels fonctionnent comme les entreprises des années soixante vis à vis de notre planète:
-Puisque la consommation énergétique par habitant et par point de PIB augmente, alors trouvons une énergie inépuisable et nous allons cacher les déchets en attendant que la technique idéal soit trouvé.
-Puisque nous voulons une augmentation infinie des rendements agricoles, fabriquons des OGM et nous verrons ensuite comment réparer les dégâts (santé, érosion des sols etc...).
-Puisque la demande de mobilité augmente, construisons des routes, produisons des énergies fossiles, la technologie nous permettra d'emprisonner le carbone dans le sol (dixit Mr Desmaret dans France Europe Express en fin d’année dernière) .
-Puisque le traitement actuel des déchets ne permet pas d’absorber l’afflux de touristes, continuons de construire des incinérateurs, les filtres anti-dioxines feront le reste.
-Puisque le diesel existe, n’y touchons pas, les filtres anti-particules feront le reste.
Etc…
Bref, notre mode de vie est une usine des années soixante, une usine du passé, qui ne fait que produire, trier, réparer et qui a toutes les chances de mettre la clé sous la porte.
Si on veut mener une politique d’environnement ambitieuse, il faut relever le défi de construire le mode de vie du 21ème siècle, qui minimise les consommations et émissions de ressources pour chaque fonction (processus) de la vie. En France particulièrement, nous ne sommes pas en avance.