L'automobile consomme une moyenne 170 mètres carré d'espace public par voiture (il suffit de diviser la surface totale de voirie de circulation par le nombre de voitures, et on trouve cette consommation moyenne). En fait il est impossible d'obtenir ce chiffre dans les services techniques des agglomérations. Cet ordre de grandeur nous a été donné par un ingénieur de la RATP des années 1970, Mr Marchand.
L'ensemble des documents d'urbanisme mentionne la réduction du trafic automobile dans les textes. Dans une économie de marché, si on veut obtenir ce résultat, cela veut dire qu'il faut diminuer l'offre d'espace affectée à l'automobile, et tout particulièrement en milieu urbain dense, l'espace de stationnement. C'est la seule manière pour amener en douceur les changements de comportement de mobilité.
Une preuve de cette affirmation est la manière dont les entreprises ont réussi à baisser leurs stocks et donc à augmenter leurs profits en diminuant le prix de revient et leur taux de l'heure. En effet toutes les entreprises de production bien gérées ont réduit leurs espaces de stockage pour deux raisons: d'une part l'espace coûte cher, d'autre part, lorsque vous n'avez plus d'espace pour stocker vous êtes incités à être imaginatifs dans votre gestion des flux pour diminuer les stocks de matières premières et les stocks de produits finis. En sus, vous mobilisez tout le corps social que constitue l'entreprise pour aller vers une gestion en juste à temps: on produit ce que l'on vend et pas plus, on réduit les cycles de production.
Il en va de même pour l'espace public, son partage et la pression foncière exercée par l'automobile.
Si on observe des grandes villes en Europe, celles où le cadre de vie est le plus agréable sont allées vers une démarche de partage équilibré de l'espace. A Amsterdam en particulier, il est hors de question, lorsqu'on n'est pas riverain, de s'y aventurer en voiture, sous peine de payer très cher. Londres et Stockholm ont emboîté le pas, et ces trois villes accentuent encore les mesures de rééquilibrage.
Considérant cette état de fait, il est incompréhensible que l'on trouve encore des personnages politiques comme Madame de Panafieu pour se servir des difficultés de circulation et de stationnement dans Paris comme thème d'attaque de sa campagne électorale, alors que nous sommes dans la transition vers un meilleur partage de l'espace. Les problèmes liés à la voiture dans Paris ne datent pas de 2000, mais plutôt des années 70, quand notre désir d'automobile s'est transformé en dépendance à celle-ci. Elle surfe sur la vague des mécontentements et alimente même cette vague en disant "à Paris, il est interdit de circuler....il est interdit de stationner......stop stop stop" sans prendre conscience une seule seconde des chiffres cités à l'entrée de cet article. Une fois de plus, la politique se discrédite en alimentant un pugilat de bas étage sans projet et sans perspective.
Mr Delanöe a été le premier à mettre en oeuvre courageusement les mesures ayant une chance d'atteindre les résultats inscrits dans les plans de déplacements urbains. Certes, en France particulièrement, tout changement provoque des mécontentements. Ceci dit, ce n'est pas une raison pour ne pas avancer vers des chemins meilleurs à long terme dans l'intérêt général. Et ceci dépasse largement le délai d'une mandature municipale.
Ces joutes politiques n'annoncent rien de bon en matière d'environnement. Il vaudrait mieux, comme le ferait le chef d'atelier à qui on restreint son espace de stockage, innover, construire des transports publics encore plus ambitieux, plus confortables.
C'est exactement ce qui a motivé le directeur de STMICROELECTRONICS à Grenoble. En effet, en 2000, ST devait augmenter son nombre de salariés de 1000 à 2000 en trois ans. Cela voulait dire 800 voitures en plus à garer dans un parking déjà saturé. Cela voulait dire aussi une dépense supplémentaire de 15 millions d'Euros. Il a alors été décidé de ne pas construire d'espace supplémentaire de stationnement et d'imposer aux salariés de réfléchir avec les institutionnels aux solutions au travers des plans de déplacement entreprises permettant d'utiliser tout transport alternatif. Ce plan a été intégré dans les actions normes ISO14000 pour lui donner une consistance. Il fait partie des objectifs majeurs de l'entreprise.
Ce plan est en place depuis cinq ans, il entre en phase 2, et la moitié du parking est vide de voitures. Entre 200 et 400 vélos sont garés en permanence dans le garage prévu à cet effet. Les transports publics et le covoiturage sont largement utilisés. Je suis l'évolution de ce plan depuis 5 ans, il avance tous les jours un peu, et au bout, nous arrivons à des résultats environnementaux exceptionnels.
Dans le domaine public, les oppositions frontales entre partis en manque de projet porteur et fédérateur bloquent toute évolution de notre pays. On fait et on défait, on fait alors du surplace. L'allemagne nous donne à ce titre une véritable leçon.