11 novembre 2008
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Voici trois documents permettant de se faire une idée très complète de cette problématique énergétique dans le paysage mondial (nécessaire pour les questions du climat), européen et français. Ils montrent que le nucléaire est une illusion dans tout ça. Relancer le nucléaire a pour seule justification une expansion du business de ce type d'énergie et c'est tout. Tous ceux qui veulent se faire une idée globale et juste du sujet doivent lire attentivement le cahier globalchance 25 dont voici le lien
http://www.global-chance.org/IMG/pdf/GC25.pdf
et écouter l'émission terre à terre de France culture dont voici le lien
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/terre_a_terre/.
Le troisième document est un film romancé diffusé sur Arte, certes avec des invraisemblances, mais qui a le mérite de poser de vraies questions.
Voici le lien:
http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=2271884,scheduleId=2277576.html
Voici quelques éléments du document global chance résumés, et éliminant quelques idées reçues.
Le nucléaire est une solution à la crise énergétique et climatique? Faux, il ne représente que 2.4% de la consommation énergétique finale mondiale. La dynamique industrielle de cette industrie et les problèmes de sûreté et de déchets est incompatible avec la dynamique de déploiement nécessaire pour résoudre les problèmes de climat.
Quand bien même nous voudrions déployer massivement du nucléaire, l'horizon industriel installé est plutôt 2100 et il sera trop tard. Mais admettons que la fusion nucléaire soit possible. ITER est un beau projet scientifique pour se faire plaisir. Résout-il le problème des déchets? Eh bien non. Certes, il ne produit pas de déchets de fission, mais il ionise les parois avec les neutrons à haute énergie. Comme il faudra changer les parois régulièrement, il y aura des problèmes de déchets.
Le forum génération 4 est en train de travailler sur le nucléaire durable. Les techniques envisagées partent du cycle du plutonium, qui pose des problèmes de sécurité et de prolifération.
Le nucléaire pose aussi le problème de l'opacité issue de la culture militaire de ce type d'énergie. L'incident de Juillet de Tricastin a été médiatisé, mais pas celui du 8 Septembre.
Voici le descriptif de l'IRSN:
"Dans le cadre des opérations de renouvellement périodique du combustible, le réacteur est arrêté, le circuit de refroidissement dépressurisé ; le couvercle de cuve est ensuite enlevé et la piscine du réacteur remplie d’eau borée.
Les opérations de déchargement du combustible impliquent d’extraire de la cuve la structure constituant les « équipements internes supérieurs (EIS) » placés au dessus des assemblages du combustible. Cette opération est un préalable au déchargement des assemblages.
Le 8 septembre 2008, lors du début des opérations de levée des EIS, il a été constaté que deux assemblages combustibles, désengagés au deux tiers du cœur, sont restés suspendus. L’exploitant a alors interrompu la manœuvre de levée des EIS.
Une situation analogue s’était déjà produite en 1998 sur le réacteur n°1 de Nogent. L’exploitant avait mis en place un dispositif de sécurisation pour empêcher la chute de l’assemblage et avait réussi à récupérer l’assemblage suspendu sans l’endommager.
Situation actuelle
Actuellement, la charge (EIS + deux assemblages) reste suspendue au crochet du pont de manutention. Le refroidissement du cœur est assuré de manière normale par les circuits de refroidissement à l’arrêt, l’étanchéité du combustible n’est pas mise en cause et le confinement reste assuré par le bâtiment réacteur. Cet incident n’a entraîné aucun rejet.
Risques pour la sûreté
Le risque encouru est la chute d’un ou des deux assemblages sur le cœur s’ils venaient à se décrocher.
La rupture des combustibles irradiés entraînerait le relâchement de produits de fission dans l’eau de la piscine du bâtiment réacteur, puis dans l’atmosphère de l’enceinte de confinement. Une fraction de la radioactivité pourrait ensuite être rejetée dans l’environnement.
Dans l’hypothèse de la chute des deux assemblages entraînant leur rupture complète, l’examen réalisé par l’IRSN à la demande de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) montre que les conséquences radiologiques à l’extérieur du site seraient extrêmement faibles et très inférieures aux valeurs nécessitant des actions de protection de la population et de l’environnement.
L’IRSN examinera les conditions envisagées par l’exploitant afin de ramener l’installation dans ses conditions normales d’exploitation."
Cet incident a nécessité un mois d'études. On peut imaginer qu'un incident intervenant hors procédures connues puisse poser problème.
Cet incident, plus sérieux que celui de Juillet, aurait dû être communiqué. L'institut international de sûreté nucléaire INES (international nuclear event scale) classe les incidents en risque immédiat et non en perte de défense en profondeur des barrières de sûreté, ce qui est plus pertinent.
Il y a 10 000 incident par an dans nos centrales, dont plusieurs centaines sont significatifs et en augmentation, alors que les incidents d'indice faible, les plus médiatisés, sont en diminution.
L'autre problème de sûreté vient du mode de calcul. Ce calcul est basé sur une démarche probabiliste. Deux incidents pris isolément ayant une probabilité forte d'apparition peuvent avoir une probabilité faible d'apparaître en même temps et donc être négligés alors que les conséquences peuvent être dramatiques.
Le nucléaire est bon pour l'exportation en France? Faux. Le programme nucléaire a été construit sur des hypothèses de croissance de la demande de 7% par an (doublement tous les dix ans). Or on est très loin de ce chiffre. Nous sommes donc en surcapacité, ce qui nous oblige à exporter de l'électricité nucléaire. Mais là où le bas blesse, c'est que ce type d'énergie ne marche pour l'électricité de base, les pointes étant absorbées par le gaz ou le charbon. Nous exportons de l'énergie de base à bas prix et nous importons de l'énergie de pointe à prix élevé.
Le nucléaire est peu cher? joker: le coût réel se situe entre 1300 et 3000 euros le KW installé car le prix du traitement des déchets et du démantèlement relève d'hypothèses très floues. Il n'y a pas aujourd'hui de calcul sérieux sur le sujet.
Le nucléaire est une énergie centralisée à faible rendement, environ 30%. La chaleur produite ne permet pas la cogénération, c'est à dire le transport de chaleur pour chauffer l'habitat de par cette centralisation.
Par opposition, les énergies renouvelables décentralisées de petite dimension et productrices de chaleur permettent la cogénération, ce qui augmente considérablement le rendement.
Maintenant, la France a un problème particulier. Les centrales vieillissent et doivent être démantelées ou remplacées. Il faut donc que la compétence soit toujours au rendez-vous, ce qui oblige à poursuivre le nucléaire, même si on ferme des centrales progressivement. il est aussi nécessaire de maintenir un minimum de recherche, ne serait-ce que pour assurer la sûreté. Par contre, il serait déraisonnable de rentrer dans un processus d'expansion massive de cette industrie qui évolue dans un marché très faible et peu concurrentiel, où la loi de l'offre et de la demande n'a guère de sens, donc là où on fait ce que l'on veut avec les prix.
Je pense que c'est comme cela que le débat doit se poser.
La question est donc: doit-on conserver sur le long terme une énergie à haut risque mais qui restera toujours marginale pour répondre à des impératifs de business ou abandonner progressivement sur le long terme? C'est en ces termes que ce pose le débat, en aucun cas le nucléaire n'est une réponse aux problèmes énergétique et climatique.
Bonne Lecture
PS: je vous laisse découvrir la lettre de l'association sauvons le climat au sujet du film d'Arte, qui au demeurant est très bon, même s'il est caricatural.
Monsieur,
Lettre envoyée au Président d'Arte:
Le 10 novembre 2008
Monsieur le Président d’Arte
Arte France
8, Rue Marceau
F-92785 Issy-les-Moulineaux Cedex 9
PARIS
Monsieur le Président,
Le Vendredi 7 Novembre Arte a diffusé le film « Inéluctable ». Cette fois-ci les limites du sérieux et de la décence ont été franchies. Je ne m’attarderai pas sur la pauvreté et les invraisemblances du scénario avec des interventions saugrenues de la Ministre dans la gestion de la crise, l’absence de l’ASN, la solitude de l’ingénieur de quart, le ridicule de la Sécurité Civile. Les capteurs qui marchent, ne marchent pas, remarchent alors que le synoptique semble imperturbable.
Retenons que le film voulait décrire un scénario pouvant déboucher sur une situation grave avec fusion possible du cœur. Une telle hypothèse, bien que très peu probable est considérée comme possible dans les évaluations de sûreté des réacteurs. Il était donc possible et légitime de l’envisager dans une fiction. Dommage qu’elle ait été traitée d’une façon aussi superficielle.
Au cours du film un certain nombre d’incidents ne visent qu’à affoler les populations qui vivent à proximité des centrales. Par exemple, l’épouse de l’ingénieur nous apprend qu’elle aurait été irradiée (comment, à quel point, pourquoi, on ne nous le dit pas) et qu’elle avait dû avorter de ce fait. Elle en a conçu une crainte bien légitime d’habiter à proximité d’une centrale. Sauf que l’irradiation d’une femme enceinte visitant une centrale à un niveau suffisant pour mettre le fœtus en danger est tout à fait invraisemblable et que son évocation relève d’une pure propagande. Encore plus invraisemblable, compte tenu des règlements régissant les travailleurs affectés aux travaux sous radiation, est la présence sur son lieu de travail de son époux alors qu’il aurait été présent sur les lieux au moment de l’irradiation de son épouse. Ici il s’agit, clairement de faire peur.
Plus loin, en passant, on nous dit que si le combustible fond, il percera la cuve (ce qui est possible, mais ne s’est pas produit pour Three Mile Island (TMI), bien que de l’hydrogène ait été dégagé dans l’enceinte de confinement) et qu’il y aura explosion et ruine de l’enceinte de confinement et qu’on devra construire un sarcophage. Ceci est complètement faux comme l’a montré l’accident de TMI, ou l’enceinte résista parfaitement à l’explosion hydrogène. De plus depuis TMI de nombreuses mesures ont été prises pour réduire fortement la probabilité de fusion du cœur, et surtout, pour empêcher toute ruine de l’enceinte de confinement (recombineur d’hydrogène pour empêcher toute explosion hydrogène, dispositif muni de filtres (sable) permettant une décompression automatique de l’enceinte de confinement sans rejets dangereux)
Il est étrange que, si l’on comprend bien la conclusion du film, les choses finissent par rentrer dans l’ordre. Que signifie alors la séquence de fin qui montre des ruines (sans doute celles de Tchernobyl) et des images d’enfants blessés ou en détresse. Même à la suite de la catastrophe de Tchernobyl, il n’y a pas eu d’enfants blessés ou estropiés. Ce n’est qu’au bout de 5 ans que sont apparus les cancers de la thyroïde chez les enfants âgés de moins de 15 ans au moment de la catastrophe. Cette séquence de fin est purement et simplement abjecte.
Enfin le message apparaissant dans le générique montre à l’évidence que ce film n’est pas une simple fiction mais qu’il a bien une visée politique et idéologique cherchant à développer la méfiance à l’égard de l’industrie nucléaire française. On peut se demander si cette offensive contre le nucléaire français est désintéressée ou si elle est inspirée par de possibles concurrents.
L’accident de TMI a montré que le plus grand risque associé à un accident nucléaire grave est la panique qu’il peut entraîner. Un film comme « Inéluctable » est tout simplement criminel et irresponsable en ce qu’il prépare le terrain à une telle panique.
Vous me répondrez, sans doute, que, au nom de la liberté d’expression de l’auteur du film, Arte n’est pas engagé par son œuvre. Malheureusement, avant le film, la présentatrice, en voix "off", une ou deux minutes avant le début du film, annonce: "Un film qui rappelle quelques vérités sur cette énergie dangereuse...". Cette annonce ne faisait d’ailleurs que reprendre l’annonce du film faite sur le site Internet d’Arte. Je cite :
Le film réalisé par François Luciani tombe à point nommé pour rappeler quelques vérités. Notamment le fait que le nucléaire est une énergie à haut risque : les centrales françaises connaissent chaque année une vingtaine d'incidents potentiellement catastrophiques. Dans ces conditions, un incident grave est aussi imprévisible qu'inéluctable.
Je considère donc que « Inéluctable » est entièrement endossé par la chaîne dont vous êtes président.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments scandalisés
Hervé Nifenecker
Président de « Sauvons le Climat »
Copies : M.Le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur leMinistre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, Madame La Ministre de la Culture et de la Communication.
http://www.global-chance.org/IMG/pdf/GC25.pdf
et écouter l'émission terre à terre de France culture dont voici le lien
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/terre_a_terre/.
Le troisième document est un film romancé diffusé sur Arte, certes avec des invraisemblances, mais qui a le mérite de poser de vraies questions.
Voici le lien:
http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=2271884,scheduleId=2277576.html
Voici quelques éléments du document global chance résumés, et éliminant quelques idées reçues.
Le nucléaire est une solution à la crise énergétique et climatique? Faux, il ne représente que 2.4% de la consommation énergétique finale mondiale. La dynamique industrielle de cette industrie et les problèmes de sûreté et de déchets est incompatible avec la dynamique de déploiement nécessaire pour résoudre les problèmes de climat.
Quand bien même nous voudrions déployer massivement du nucléaire, l'horizon industriel installé est plutôt 2100 et il sera trop tard. Mais admettons que la fusion nucléaire soit possible. ITER est un beau projet scientifique pour se faire plaisir. Résout-il le problème des déchets? Eh bien non. Certes, il ne produit pas de déchets de fission, mais il ionise les parois avec les neutrons à haute énergie. Comme il faudra changer les parois régulièrement, il y aura des problèmes de déchets.
Le forum génération 4 est en train de travailler sur le nucléaire durable. Les techniques envisagées partent du cycle du plutonium, qui pose des problèmes de sécurité et de prolifération.
Le nucléaire pose aussi le problème de l'opacité issue de la culture militaire de ce type d'énergie. L'incident de Juillet de Tricastin a été médiatisé, mais pas celui du 8 Septembre.
Voici le descriptif de l'IRSN:
"Dans le cadre des opérations de renouvellement périodique du combustible, le réacteur est arrêté, le circuit de refroidissement dépressurisé ; le couvercle de cuve est ensuite enlevé et la piscine du réacteur remplie d’eau borée.
Les opérations de déchargement du combustible impliquent d’extraire de la cuve la structure constituant les « équipements internes supérieurs (EIS) » placés au dessus des assemblages du combustible. Cette opération est un préalable au déchargement des assemblages.
Le 8 septembre 2008, lors du début des opérations de levée des EIS, il a été constaté que deux assemblages combustibles, désengagés au deux tiers du cœur, sont restés suspendus. L’exploitant a alors interrompu la manœuvre de levée des EIS.
Une situation analogue s’était déjà produite en 1998 sur le réacteur n°1 de Nogent. L’exploitant avait mis en place un dispositif de sécurisation pour empêcher la chute de l’assemblage et avait réussi à récupérer l’assemblage suspendu sans l’endommager.
Situation actuelle
Actuellement, la charge (EIS + deux assemblages) reste suspendue au crochet du pont de manutention. Le refroidissement du cœur est assuré de manière normale par les circuits de refroidissement à l’arrêt, l’étanchéité du combustible n’est pas mise en cause et le confinement reste assuré par le bâtiment réacteur. Cet incident n’a entraîné aucun rejet.
Risques pour la sûreté
Le risque encouru est la chute d’un ou des deux assemblages sur le cœur s’ils venaient à se décrocher.
La rupture des combustibles irradiés entraînerait le relâchement de produits de fission dans l’eau de la piscine du bâtiment réacteur, puis dans l’atmosphère de l’enceinte de confinement. Une fraction de la radioactivité pourrait ensuite être rejetée dans l’environnement.
Dans l’hypothèse de la chute des deux assemblages entraînant leur rupture complète, l’examen réalisé par l’IRSN à la demande de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) montre que les conséquences radiologiques à l’extérieur du site seraient extrêmement faibles et très inférieures aux valeurs nécessitant des actions de protection de la population et de l’environnement.
L’IRSN examinera les conditions envisagées par l’exploitant afin de ramener l’installation dans ses conditions normales d’exploitation."
Cet incident a nécessité un mois d'études. On peut imaginer qu'un incident intervenant hors procédures connues puisse poser problème.
Cet incident, plus sérieux que celui de Juillet, aurait dû être communiqué. L'institut international de sûreté nucléaire INES (international nuclear event scale) classe les incidents en risque immédiat et non en perte de défense en profondeur des barrières de sûreté, ce qui est plus pertinent.
Il y a 10 000 incident par an dans nos centrales, dont plusieurs centaines sont significatifs et en augmentation, alors que les incidents d'indice faible, les plus médiatisés, sont en diminution.
L'autre problème de sûreté vient du mode de calcul. Ce calcul est basé sur une démarche probabiliste. Deux incidents pris isolément ayant une probabilité forte d'apparition peuvent avoir une probabilité faible d'apparaître en même temps et donc être négligés alors que les conséquences peuvent être dramatiques.
Le nucléaire est bon pour l'exportation en France? Faux. Le programme nucléaire a été construit sur des hypothèses de croissance de la demande de 7% par an (doublement tous les dix ans). Or on est très loin de ce chiffre. Nous sommes donc en surcapacité, ce qui nous oblige à exporter de l'électricité nucléaire. Mais là où le bas blesse, c'est que ce type d'énergie ne marche pour l'électricité de base, les pointes étant absorbées par le gaz ou le charbon. Nous exportons de l'énergie de base à bas prix et nous importons de l'énergie de pointe à prix élevé.
Le nucléaire est peu cher? joker: le coût réel se situe entre 1300 et 3000 euros le KW installé car le prix du traitement des déchets et du démantèlement relève d'hypothèses très floues. Il n'y a pas aujourd'hui de calcul sérieux sur le sujet.
Le nucléaire est une énergie centralisée à faible rendement, environ 30%. La chaleur produite ne permet pas la cogénération, c'est à dire le transport de chaleur pour chauffer l'habitat de par cette centralisation.
Par opposition, les énergies renouvelables décentralisées de petite dimension et productrices de chaleur permettent la cogénération, ce qui augmente considérablement le rendement.
Maintenant, la France a un problème particulier. Les centrales vieillissent et doivent être démantelées ou remplacées. Il faut donc que la compétence soit toujours au rendez-vous, ce qui oblige à poursuivre le nucléaire, même si on ferme des centrales progressivement. il est aussi nécessaire de maintenir un minimum de recherche, ne serait-ce que pour assurer la sûreté. Par contre, il serait déraisonnable de rentrer dans un processus d'expansion massive de cette industrie qui évolue dans un marché très faible et peu concurrentiel, où la loi de l'offre et de la demande n'a guère de sens, donc là où on fait ce que l'on veut avec les prix.
Je pense que c'est comme cela que le débat doit se poser.
La question est donc: doit-on conserver sur le long terme une énergie à haut risque mais qui restera toujours marginale pour répondre à des impératifs de business ou abandonner progressivement sur le long terme? C'est en ces termes que ce pose le débat, en aucun cas le nucléaire n'est une réponse aux problèmes énergétique et climatique.
Bonne Lecture
PS: je vous laisse découvrir la lettre de l'association sauvons le climat au sujet du film d'Arte, qui au demeurant est très bon, même s'il est caricatural.
Monsieur,
Lettre envoyée au Président d'Arte:
Le 10 novembre 2008
Monsieur le Président d’Arte
Arte France
8, Rue Marceau
F-92785 Issy-les-Moulineaux Cedex 9
PARIS
Monsieur le Président,
Le Vendredi 7 Novembre Arte a diffusé le film « Inéluctable ». Cette fois-ci les limites du sérieux et de la décence ont été franchies. Je ne m’attarderai pas sur la pauvreté et les invraisemblances du scénario avec des interventions saugrenues de la Ministre dans la gestion de la crise, l’absence de l’ASN, la solitude de l’ingénieur de quart, le ridicule de la Sécurité Civile. Les capteurs qui marchent, ne marchent pas, remarchent alors que le synoptique semble imperturbable.
Retenons que le film voulait décrire un scénario pouvant déboucher sur une situation grave avec fusion possible du cœur. Une telle hypothèse, bien que très peu probable est considérée comme possible dans les évaluations de sûreté des réacteurs. Il était donc possible et légitime de l’envisager dans une fiction. Dommage qu’elle ait été traitée d’une façon aussi superficielle.
Au cours du film un certain nombre d’incidents ne visent qu’à affoler les populations qui vivent à proximité des centrales. Par exemple, l’épouse de l’ingénieur nous apprend qu’elle aurait été irradiée (comment, à quel point, pourquoi, on ne nous le dit pas) et qu’elle avait dû avorter de ce fait. Elle en a conçu une crainte bien légitime d’habiter à proximité d’une centrale. Sauf que l’irradiation d’une femme enceinte visitant une centrale à un niveau suffisant pour mettre le fœtus en danger est tout à fait invraisemblable et que son évocation relève d’une pure propagande. Encore plus invraisemblable, compte tenu des règlements régissant les travailleurs affectés aux travaux sous radiation, est la présence sur son lieu de travail de son époux alors qu’il aurait été présent sur les lieux au moment de l’irradiation de son épouse. Ici il s’agit, clairement de faire peur.
Plus loin, en passant, on nous dit que si le combustible fond, il percera la cuve (ce qui est possible, mais ne s’est pas produit pour Three Mile Island (TMI), bien que de l’hydrogène ait été dégagé dans l’enceinte de confinement) et qu’il y aura explosion et ruine de l’enceinte de confinement et qu’on devra construire un sarcophage. Ceci est complètement faux comme l’a montré l’accident de TMI, ou l’enceinte résista parfaitement à l’explosion hydrogène. De plus depuis TMI de nombreuses mesures ont été prises pour réduire fortement la probabilité de fusion du cœur, et surtout, pour empêcher toute ruine de l’enceinte de confinement (recombineur d’hydrogène pour empêcher toute explosion hydrogène, dispositif muni de filtres (sable) permettant une décompression automatique de l’enceinte de confinement sans rejets dangereux)
Il est étrange que, si l’on comprend bien la conclusion du film, les choses finissent par rentrer dans l’ordre. Que signifie alors la séquence de fin qui montre des ruines (sans doute celles de Tchernobyl) et des images d’enfants blessés ou en détresse. Même à la suite de la catastrophe de Tchernobyl, il n’y a pas eu d’enfants blessés ou estropiés. Ce n’est qu’au bout de 5 ans que sont apparus les cancers de la thyroïde chez les enfants âgés de moins de 15 ans au moment de la catastrophe. Cette séquence de fin est purement et simplement abjecte.
Enfin le message apparaissant dans le générique montre à l’évidence que ce film n’est pas une simple fiction mais qu’il a bien une visée politique et idéologique cherchant à développer la méfiance à l’égard de l’industrie nucléaire française. On peut se demander si cette offensive contre le nucléaire français est désintéressée ou si elle est inspirée par de possibles concurrents.
L’accident de TMI a montré que le plus grand risque associé à un accident nucléaire grave est la panique qu’il peut entraîner. Un film comme « Inéluctable » est tout simplement criminel et irresponsable en ce qu’il prépare le terrain à une telle panique.
Vous me répondrez, sans doute, que, au nom de la liberté d’expression de l’auteur du film, Arte n’est pas engagé par son œuvre. Malheureusement, avant le film, la présentatrice, en voix "off", une ou deux minutes avant le début du film, annonce: "Un film qui rappelle quelques vérités sur cette énergie dangereuse...". Cette annonce ne faisait d’ailleurs que reprendre l’annonce du film faite sur le site Internet d’Arte. Je cite :
Le film réalisé par François Luciani tombe à point nommé pour rappeler quelques vérités. Notamment le fait que le nucléaire est une énergie à haut risque : les centrales françaises connaissent chaque année une vingtaine d'incidents potentiellement catastrophiques. Dans ces conditions, un incident grave est aussi imprévisible qu'inéluctable.
Je considère donc que « Inéluctable » est entièrement endossé par la chaîne dont vous êtes président.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments scandalisés
Hervé Nifenecker
Président de « Sauvons le Climat »
Copies : M.Le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur leMinistre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, Madame La Ministre de la Culture et de la Communication.