Au moment où les couches les moins favorisés de la société sont touchées, au plus profond de leur vie quotidienne, par une crise d’adaptation à un monde en mouvement, il est utile, à partir d’éléments concrets, de se poser la question des leviers d’actions possibles pour le monde politique sur le plan économique. Par ailleurs, la concurrence mondiale maintient une pression sur les salaires empêchant toute augmentation substantielle. Il est alors naturel de dire que la seule manière d’améliorer substantiellement la marge de manœuvre financière des ménages est de construire les conditions pour que ceux-ci aient moins de dépenses à confort quasi identique. C’est là que se situent les principaux leviers de l’action publique.
Le tableau suivant, issu des données 2001 de l’INSEE, donnent la structure des dépenses des ménages par catégories socioprofessionnelles.
Ces chiffres sont riches d’enseignement. On voit que le logement, les combustibles et les transports représentent en moyenne toute catégorie sociale confondue près de 33% des dépenses. L’enseignement, lui, ne représente que 0.5% des dépenses, soit 66 fois moins.
Si on regarde par catégorie, un cadre dépense 20 fois plus d’argent dans son transport que dans l’enseignement, un ouvrier ou un employé 60 fois plus.
Le salaire médian, celui qui partage la population en deux parties égales est de 1250 Euros nets par mois après déduction des impôts et cotisations sociales et hors revenus du patrimoine (source "alternatives économiques hors-série N°69 encadré page 18"). Prenons l’exemple d’un couple vivant sous le même toit ayant une voiture et une surface habitable de 50m2. L’ensemble de ces deux postes mangent au minimum 1000 Euros par mois, autant dire que la moitié des actifs français vivent dans la galère, ce qui représente à peu près 15 millions de personnes. Le plus préoccupant est que la descendance de ses personnes se trouvet lourdement handicapée pour l’avenir.
Si on considère que le progrès se situe dans la facilité d’accès à la connaissance pour tous, un cadre de vie de qualité pour tous, une liberté de choisir sa vie pour tous, un accès aux revenus de la finance internationale pour tous, un avenir de qualité pour la descendance, alors on ne peut se satisfaire d’une politique donnant un résultat économique aussi affligeant. Le problème français est évident, il crève les yeux, les revenus nets d’une grande partie de la population sont trop faibles. La population la mieux servie a de plus accès aux revenus du patrimoine, ce qui accentue les inégalités. Cela ne serait pas grave si, comme le pensait John Rawls, tout le monde avait de quoi vivre dignement avec des vrais choix de vie. On est en fait loin du compte.
Les solutions, suite à ce constat, apparaissent alors évidentes.
La masse salariale des entreprises ne pouvant augmenter, il faut transférer d’urgence les cotisations sociales sur d’autres revenus pour augmenter le salaire net, diminuer l’impôt sur les sociétés pour aider les petites entreprises à investir en France et exporter plus, augmenter l’impôt sur le revenu qui ne représente aujourd’hui que 20% des recettes de l’état alors qu’aux Etats-Unis et en Europe du Nord ils représentent à peu près 50%. La restructuration de
Ensuite, il y a des mesures structurelles à prendre sur la mobilité et le logement. L’urbanisme et les transports collectifs dont la voiture (voir mon article "changer les usages de l’automobile") doivent être construits pour effectuer les fonctions de la vie à moindre coût énergétique. Le coût énergétique de fonctionnement du logement doit être le plus faible possible grâce aux énergies alternatives et la spéculation immobilière doit être maîtrisée par des constructions en nombre suffisant.
Nous n’avons pas beaucoup de temps pour aider les gens, sous peine d’explosions sociales répétées et de perdre notre démocratie.