Si on considère le problème de l'effet de serre et celui de l'énergie, il est légitime de s'interroger si le monde est capable de supporter la charge que lui fait subir l'usage individuel de l'automobile. Sans aller lire des études très compliquées, tout un chacun peut effectuer des calculs de coin de table pour se faire une idée. C'est le but de cet article.
Il suffit d'exploiter quelques données connues et diffusées dans la presse.
Nous avons vu dans un précédent article que le modèle français de mobilité en voiture est de 15000km parcourus par an, ce qui induit un peu plus qu'1 tonne équivalent pétrole consommée (ou encore 15000 KWh si vous voulez comparer cela à votre consommation d'énergie électrique ou de chauffage) et 2 tonnes de gaz à effet de serre émis.
Il y a aujourd'hui 650 millions de voitures dans le monde. Une simple croissance de 7% par an du parc mondial d'automobiles (ce qui n'est pas stupide compte tenu de la croissance de la Chine et de l'Inde) nous amène à plus de 2 milliards de voitures à l'horizon 2020 si nous reproduisons à l'échelle mondiale notre manière de nous déplacer. avec 6 milliards d'habitants sur la planète, cela représenterait un taux de motorisation de 33%. Rappelons qu'en France, 70% des gens ont au moins une voiture et 40% en ont deux.
Si nous exportons notre modèle de mobilité individuelle en voiture (et c'est bien parti pour), nous arrivons à cet horizon 2020 à 4 milliards de tonnes de gaz à effet de serre émis et 30 000 milliards de KWh consommés, ce qui est parfaitement injouable dans une politique de développement durable. Ceci veut dire que même avec la pile à combustible pour ne plus consommer du pétrole, du charbon ou du gaz, ou les biocarburants ou tout autre source d'énergie, le monde ne peut pas supporter une telle charge. Il s'effondrera comme un château de cartes ou comme un pont dont les piliers sont mal calculés.
Rappelons que les émissions humaines totales de gaz à effet de serre dans le monde d'aujourd'hui sont de 7 milliards de tonnes. Ainsi, à l'horizon 2020, l'automobile à elle seule représenterait, si rien ne change, près de 60% des émissions totales actuelles. C'est catastrophique.
L'énergie et l'effet de serre agissent comme une tenaille dans laquelle nous sommes enfermés. La seule solution pour en sortir est de réduire le trafic automobile.
Ce calcul de coin de table représente une situation à l'horizon 2020. La courbe suivante représente la progression calculée des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur 27 ans avec une hypothèse de croissance de 7% par an du parc mondial d'automobiles. Cela permet à tout un chacun de mettre en relation cela avec les émissions humaines mondiales.
Si nous continuons ainsi, la fonte du permafrost s'accélèrera encore plus pour libérer une partie des 400 milliards de tonnes de GES emprisonnées dessous. La seule croissance du nombre de voitures contribuera alors fortement à ce phénomène. Seule une division par 4 au minimum du trafic nous permettra une sortie satisfaisante du problème.
Je vous renvoie à l'article "changer les usages de l'automobile" qui donne les solutions au problème.
Les constructeurs et les pouvoirs publics doivent changer de paradigme en matière de marketing. Il faut vendre une fonction mobilité dans un budget carbone limité et non plus des objets (les voitures). La contrainte nouvelle permettra de chercher des solutions nouvelles en synergie avec les colectivités locales.