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Texte libre

Corinne Lepage,

ministre de

l'environnement

 de 1995 à 1997

et présidente de cap21

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4 mai 2005 3 04 /05 /mai /2005 00:00

 

 

La constitution européenne inscrit la volonté de faire construire dans l’union une économie hautement compétitive. Alors prenons là aux mots.

Développons une nouvelle théorie de l’économie pour changer la vision "marketing" des entreprises.

Un directeur d’une usine de production, ou plus généralement d’une entreprise, pour être hautement compétitif, doit maximiser ses profits et minimiser ses charges. Ses produits assurent un service ou une fonction à un client.

Ainsi, un constructeur automobile, à la constitution de sa société, avait le désir de servir une meilleure mobilité à ses clients. Passé cette étape initiale, il ne pouvait se développer financièrement qu’en augmentant le nombre de ses clients, en augmentant le nombre de voitures vendues, en augmentant la diversité des modèles.

On voit dans cette transformation de l’activité que l’on a perverti l’intention de départ : au lieu de servir une fonction (la mobilité) on sert l’objet (la voiture).

Il en va de même pour d’autres fonctions de la vie comme l’alimentation. L’agriculture, au lieu de servir la fonction alimentation, on sert l’augmentation des volumes de production.

C’est cette perversion progressive du marché qui nous amène aux problèmes d’épuisement des ressources planétaires et de bouleversement des écosystèmes.

 

Changer les paradigmes de l’économie amène à revenir au service des fonctions de la vie et non de l’augmentation du volume des objets sensés servir ces fonctions, ceci en minimisant les charges et les prélèvements sur l’environnement, indispensable contrainte à inclure dans le cahier des charges de la conception des produits ou des services.

 

Par exemple, tenir la satisfaction de la fonction mobilité des personnes et des marchandises dans un budget CO2 donné nous amène à être plus intelligent et plus inventif dans la création d’outils spécifiques pour assurer ce service.

 

Nous sommes loin du compte de cette façon de voir. Il est indispensable de faire rentrer dans les écoles d’ingénieur et dans les stratégies de nos chefs d’entreprise cette manière de concevoir. C’est aussi la seule manière de résister à l’offensive des pays asiatiques.

 

Ne pas anticiper cela laissera notre économie très sensible à cette offensive. Introduire les contraintes environnementales dans tous les rouages de la vie économique est la seule voie possible pour le progrès des peuples en Europe car nous aurons de meilleurs produits et services à des coûts plus intéressants.

 

Il existera ainsi plus de liberté pour un plus grand nombre de gens de pouvoir accéder à des services et des produits plus variés.

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commentaires

E
Merci Dominique pour cette nouvelle démonstration. <br /> Pour commencer, je souhaite répondre à tous ceux qui diraient "mais ça ne se passe pas comme ça, on ne pourra rien y changer, ce qu'il critique c'est la façon de fonctionner normale" : NON, pas normale ! usuelle, actuelle, mais pas "Normale".<br /> Ensuite, je souligne que dans le modèle de Dominique, on s'éloigne à nouveau et enfin de la société concentrationnaire, concentrationaire de forces laborieuses et spirituelles, pour redorer le blason du travail, vous savez cet effort qu'on fait pour un résultat qu'on obtient pour soi : ne pas travailler pour un patron lointain, ne pas faire un boulot abstrait.<br /> Cependant, nos idées et opinions peuvent être les plus positives, je pense néanmoins que la seule façon de les faire passer dans la réalité, c'est pas le nerf de la guerre : le fric. Au moyen des taxes, des incitations, des pénalisations, toute politique est mise en oeuvre via ces moyens et non pas par les discours des ministres, ils sont les premiersà le savoir. Eric
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