Notre ancien ministre de l’économie voulait augmenter le pouvoir d’achat des français en négociant une pincée de diminution sur les prix du caddie de la ménagère au supermarché.
Les négociations patronat-syndicats se soldent péniblement par des augmentations de salaire entre 0.5 et 1.5%, très vite gommées par les prix de l’énergie et du carburant. Mais notre ministre a engrangé les bénéfices publicitaires d’une action en trompe l’œil avant de s’éclipser doucement.
En fait, le gouvernement, loin des réalités quotidiennes des français, confond augmentation des salaires et augmentation de pouvoir d’achat.
Dans notre société, le pouvoir d’achat désigne le pouvoir d’acheter des produits ou des services lorsque l’on a satisfait les besoins premiers (se loger, se nourrir, se déplacer, se soigner, etc…).
La marge de manœuvre des entreprises sur les salaires est très faible eu égard à la concurrence mondiale et des salaires 10 à 30 fois inférieurs.
La marge de manœuvre sur les prix en grande distribution n’est pas plus importante.
Par contre, la bonne méthode, si on veut s’attaquer aux postes de dépenses, est de choisir les plus importants d’entre eux. Or le transport et le logement en périphérie d’une grande ville (là où la moitié des français recherchent un habitat individuel selon l’INSEE) représente 50% du budget moyen des ménages (25% pour chaque poste).
L’automobile est le mode de transport le plus cher, et de loin, par rapport à tous les autres. Il est donc bien plus efficace, si on veut rendre des ressources financières disponibles pour les ménages (on pourrait donner comme définition des ressources financières disponibles celles que l’on peut choisir de dépenser comme l’on veut), de construire un urbanisme et des systèmes de transport permettant de se déplacer autrement que seul en voiture.
Par cette voie on redistribuera des ressources en diminuant le poste énergie.
Par voie de conséquence, une diminution de l’espace public affecté à l’automobile générera un urbanisme de qualité homogène et plus dense limitant la spéculation (voir l’article précédent "automobile et spéculation immobilière"). On s’attaque ainsi au poste logement.
En réduisant ces deux importants postes de dépenses par une action gouvernementale efficace sur une ou deux mandatures, on peut imaginer récupérer une augmentation de pouvoir d’achat à 2 chiffres.
Faire de la politique nécessite de ne pas tricher avec les français. Il y a des choses que l’on peut maîtriser au niveau local et national, mais les salaires font partie maintenant des paramètres de moins en moins maîtrisables hors mis une autre répartition.
Par contre, sur l’urbanisme et le transport, on peut construire localement un urbanisme économe pour tout le monde, une mobilité économe pour tous. Là, nous avons tous les leviers en main. C’est là qu’il faut aller.
Ce raisonnement montre comment on peut construire un vrai développement durable à partir du point d’entrée que constitue l’environnement pour aboutir à un mieux être économique et social grâce à une action gouvernementale innovante modifiant en profondeur la structure de l’urbanisme et des transports servant au mieux la fonction mobilité.