Notre ministre de l'économie et des finances a fait une brillante démonstration, dans l'émission de Chirstine Ockrent France Europe Express, de la volonté du gouvernement de se soucier du pouvoir d'achat des français, particulièrement lorsqu'il a annoncé le déploiement des pompes bioethanol pour alimenter les moteurs flex. Il a annoncé cela comme une grande nouvelle pour le pouvoir d'achat des français.
La ficelle est tout de même un peu grosse. Nous sommes encore dans une vaste entreprise de démagogie et de désinformation. Certes, ne crachons pas sur un progrès. Mais l'impact sur le pouvoir d'achat sera tout à fait insignifiant. L'impact sur l'environnement sera quasi nul.
Il faut bien se rendre compte que cette solution technique ne pourra s'appliquer que pour les véhicules neufs à essence. En sus, la moitié du parc est diesel. La totalité du parc est renouvelé en 20 ans et la durée moyenne d'un véhicule est de 8 ans. Autant dire que cela ne touchera que très peu de monde. Mr Breton a une fois de plus, et c'est devenu une mode dans le gouvernement, donné dans l'effet d'annonce spectaculaire, France 3 étant complice bien involontaire de cette manipulation.
Il en était de même récemment avec Mr Coppé qui annonce que la baisse d'impôt sur les classes moyennes a relancé la croissance et l'économie, alors que ces cadeaux fiscaux représentent une place de cinéma par mois pour une famille.
Le divorce entre la population française et le gouvernement s'accroit. Ce sont deux mondes différents avec des références différentes qui ne se comprennent plus. A mauvais diagnostic mauvaise solution.
Voici un tableau, certes datant de 1997, mais illustrant le raisonnement tenu ci-après.
Il donne, pour les 20% les moins riches (revenus inférieurs à 11400Euros par an) et les 20% les plus riches (revenus supérieurs à 30000 Euros par an), la répartition des dépenses de carburant et du volume de kilomètres parcourus encore en francs à l'épo.
On voit sur ce tableau, que les ménages aux plus faibles revenus roulent peu en voiture. Ils ne seront donc pas touchés par l'avènement du bioethanol. Quand à la classe moyenne, l'impact sera faible car la TIPP amortit considérablement les variations du prix du carburant.
Le ministre oublie, pour l'amélioration immédiat du pouvoir d'achat, que l'on gagne beaucoup plus en roulant moins, ce qu'il est tout à fait possible de faire en généralisant le management de la mobilité dans les entreprises, c'est à dire les plans de déplacements d'entreprises. Une fois de plus, le gouvernement essaie de résoudre un problème par une solution technique ayant un impact marginal, alors que la solution la plus efficace est organisationnelle.
En ce moment, nous sommes en pleine culture des zorro, des faiseurs de miracles. Mais en matière économique, il n'y a que la vérité des chiffres qui compte et pas de miracle, c'est à dire le décompte du porte-monnaie des ménages en fin de mois.
Un simple chiffre, en roulant pour 30% des déplacements à vélo, on peut gagner 10 fois le cadeau de Mr Breton ou de Mr Copé par an. La moitié des déplacements en voiture fait moins de 3km, les 3/4 moins de 5km.
Si on organise les déplacements des salariés des entreprises, on peut gagner jusqu'à 7000km par an sur le budget voiture. Le prix du carburant est un faux débat. La baisse récente du prix du brut risque d'endormir les français, le ministre ajoute à cette confusion.
Le gouvernement marche à côté de ses chaussures, à mille lieues des réalités économiques des ménages.