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Texte libre

Corinne Lepage,

ministre de

l'environnement

 de 1995 à 1997

et présidente de cap21

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26 novembre 2006 7 26 /11 /novembre /2006 21:00

Travailler plus pour gagner plus. Ce slogan est exploité largement par les médias et le monde politique. Pourtant, en y regardant de plus près, la réalité est beaucoup plus contrastée.

 

Il convient de corriger les discours pour avoir une vision plus juste de la question du temps de travail. Il faut distinguer la durée légale et la durée effective. Les chiffres d’Eurostat montrent que la durée effective est plutôt plus élevée en France qu’ailleurs. C’est la répartition des heures sur les actifs qui diffère d’un pays à l’autre. Par exemple aux Pays-Bas, le temps partiel est très développé, même chez les cadres.

 

Pour autant, y a-t-il un potentiel supplémentaire de travail en France ?

 

Si on regarde les temps de déplacements pour aller au travail, il est certain que la marge de manoeuvre est  énorme. Les difficultés de se loger près de son travail à un prix convenable obligent une partie des actifs à consacrer parfois jusqu’à 3h de transports par jour, soit plus de 35% du temps de présence sur le lieu de travail. Or notre urbanisme est conçu pour le déplacement individuel en voiture, ce qui enferme les ménages dans un véritable piège à une époque où la mobilité professionnelle est forte. Non seulement, c’est un non sens économique car coûteux pour les ménages, mais c’est aussi un non sens environnemental. En effet un simple calcul sur un tableur montre que c’est un manque à gagner de plusieurs dizaines de milliers d’Euros sur 30 ans. La situation se complique doublement pour les couples.

 

Cette situation est aussi un non sens macroéconomique car elle pèse sur la réserve de puissance que nous aurions pour travailler plus, sans forcément rendre la vie quotidienne plus difficile. Si on consacrait la moitié du temps de trajet gaspillé à travailler plus, et l’autre moitié aux autres temps de la vie, notre compétitivité économique exploserait dans le bon sens. En sus, sur le plan national, la difficulté de se déplacer aux heures de pointe oblige les pouvoirs publics à surdimensionner le réseau routier pour faire passer ces flux de pointe. Il y a là aussi un énorme gaspillage pesant sur la compétitivité économique d’un territoire. Le temps passé dans une voiture est non productif dans la majeure partie des cas.   

 

Les outils pour organiser les mobilités existent, ils s’appellent les plans de déplacements entreprises dont STMICROELECTRONICS à Grenoble est l’exemple le plus ancien.

Autre exemple: la faculté de droit de Rouen a été installée au centre ville pour rapprocher les activités des étudiants. L'absence de plans de déplacements aboutit aujourd'hui à ce que les étudiants réclament un parking, ce qui pose bien évidemment des problèmes de pression foncière. La municipalité est débordée et doit faire face à un mécontentement grandissant. 

 

Un outil moins connu, mais tout aussi efficace est la mise en place des bureaux des temps. La plus belle réussite est la maison du temps et de la mobilité de Belfort. Les bureaux des temps ont pour intérêt de cartographier grâce aux systèmes d’information géographique les temps de la ville afin de synchroniser les transports sur d’autres activités par exemple.

Regardons un cas concret montrant l’utilité des bureaux des temps. Au parc des expositions de Villepinte, lors du Midest, salon mondial de la sous-traitance, il y avait simultanément 2 autres salons fermant à la même heure, déversant des milliers de voitures en même temps sur les bretelles d’accès aux autoroutes A104, A1, A86. Le résultat est 2 heures de trajet pour faire quelques kilomètres sur des parcours autoroutiers. Un simple décalage d’horaires est susceptible de limiter la casse.

 

Un autre outil simplissime serait de passer une vitesse sur le développement du télétravail pour les activités tertiaires. Les entreprises ont tout à gagner à développer ce thème. Les outils informatiques sont au point pour réaliser cela.

 

L’efficacité économique passe aussi et surtout par le management des mobilités et une meilleure organisation sociale. Les outils existent. C’est à l’état de créer les conditions pour que le management des mobilités soit un enjeu national.   

   

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commentaires

M
Bravo!... pour la qualité du débat et des propos qui ne sont si orientés que cela Lili de Lille. Rapidement, je suis le 44ème candidat  à la présidentielle du CHOAT (Centre Humain Ouvert A Tous) je participe à ce débat à l\\\'invite de Mr A. MONJAUZE délégué CAP21 Auvergne.Pour les chiffres du travail, je vous propose de consulter une source officielle de référence issue du site Internet du BIT (Bureau International du Travail (Branche de l\\\'ONU) - Genève): http://laborsta.ilo.org/cgi-bin/brokerv8.exequi mentionne pour la France (et bien d\\\'autres pays) pour des durées de travail (définition sur la page du lien) allant d\\\'env. 34heures à plus de 40heures suivant les secteurs d\\\'activité (chiffres de 2000/ 2001). Il n\\\'est pas très productif de parler d\\\'une durée moyenne pour tous les salariés de France car la France jouit d\\\'une cartographie de répartition de l\\\'emploi à nulle autre pareil.Comme pour tout sujet de discussion, il est nécessaire de croiser de multiples sources pour se forger son avis et l\\\'équilibrer.PS: Le CHOAT (adresse provisoire: http://web.mac.com/choat1/) échange  avec CAP21 Alsace depuis 3 mois, son slogan:Réveillez la Chouette personne qui est en vous!Chouette : 1er degrès: personne sympathique 2ème degrès: personne à même de faire appel à son  savoir & à sa sagesse pour voter (oiseau symbole d\\\'Athéna)
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L
Les chiffres fournis par Lionel sont complètement triturés. Ils proviennent d'ailleurs tous d'une seule et même source, laquelle est un blog à peine orienté...Ce n'est pas sérieux Lionel!
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L
Pour une durée légale du travail de 35 heures par semaine en France, la durée effective moyenne est de 39 heures pour les emplois à temps plein et de 36,3 heures pour l'ensemble des emplois (temps plein et temps partiel). Par comparaison, ces durées sont inférieures en Grande-Bretagne : 37,2 heures pour les emplois à temps complet et 31,7 heures pour l'ensemble des emplois. Elles sont aussi inférieures aux Etats-Unis et dans plusieurs pays en Europe.<br /> http://travail-chomage.site.voila.fr/emploi/duree_travail.htm<br /> En faisant la moyenne de tous les emplois, à temps partiel et à temps complet, on travaille plus en France (36,3 h / semaine) qu'en Allemagne (33,6 h), en Angleterre (31,7 h), aux USA (33,8 h), au Danemark (35,1 h), en Espagne (33,2 h), en Hollande (29,2 h) et dans d'autres pays.<br /> Dans le même ordre d'idées, pour montrer comment on se trompe (ou nous trompe) souvent en France, quelques études sérieuses trouvées sur le même site.<br /> La durée moyenne du travail, pour l'ensemble des emplois à temps complet et à temps partiel, est de 32 heures par semaine en Grande Bretagne et de 36,28 heures en France.<br /> http://travail-chomage.site.voila.fr/britan/32h.htm<br /> De 1990 à 2005, la France a créé 2 520 000 emplois (+11,25%) contre 1 520 000 au Royaume Uni (+5,82%). Dans le même temps, la population en âge de travailler (de 15 à 59 ou à 64 ans) a augmenté d'une valeur équivalente dans les deux pays. ... Un emploi à temps partiel dont la durée moyenne est de 23,2 heures en France et de 15,7 heures en Angleterre n'a pas la même valeur qu'un emploi à temps plein dont la durée moyenne est de 39,0 heures en France et de 37,2 heures en Angleterre.<br /> http://travail-chomage.site.voila.fr/britan/emploi_15ans.htm<br /> Une manipulation des chiffres du chômage dans un pays du nord.<br /> http://travail-chomage.site.voila.fr/danois/dk_merite.htm<br /> En 2004, le Danemark a plus de préretraités (187 200) que la France (139 700) pour une population active dix fois plus faible. Avec les autres mesures de marché du travail, le nombre réel de chômeurs est 2,52 fois le nombre officiel. Le taux de chômage réel devient 14,65 % au lieu d'un taux officiel de 6,38 %.<br />  
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D
C'est incroyable la désinformation dont nous sommes victimes en France. Vos chiffres ont été cités dans un alternatives économiques. On confond en France durée légale et durée effective.<br /> En fait, la baisse de la durée légale a rendu un peu plus cher le coût du travail, mais en faire la cause de notre baisse de compétitivité est un raccourci un peu trop rapide. L'impact est tout à fait marginal par rapport à l'écart de salaires entre nous et les pays à bas revenus.<br /> E fait, le travail et les revenus sont très mal répartis en France.<br /> Il y a un gros boulot pour remettre la vérité en place.<br />  
D
Sur le principe, je suis d'accord avec vous. Dans ce débat sur la place du travail dans la société, on confond travail et labeur.<br />  Dans les représentations des milieux populaires, sur lesquelles se reposent les discours politiques, spécialement à droite, est considéré comme courageux celui qui se lève tôt, fait 4 heures de transports par jour, 12h de présence au travail pour les cadres, peu importe l'efficacité, c'est à dire la valeur ajoutée apportée à chaque heure de présence.<br /> Le gaspillage que représente les millions d'heures de travail perdues par an dans les transports est très révélateur du fonctionnement de notre société. Tout cela est très lié aussi à ce pour quoi on est prêt à payer, c'est à dire à la valeur que l'on donne au mot richesse. Dans les pays scandinaves par exemple, les personnes agées sont considérées comme une richesse dont il faut du monde pour s'occuper. En France, c'est un coût ou une charge. C'est bien un problème de représentations.<br /> Il faudrait monétariser le gaspillage des heures perdues en voiture. On trouverait un chiffre impressionnant. On peut faire une tentative d'ordre de grandeur.<br /> 30 millions d'actifs gaspillant 1h par jour dont on consacrerait  la moitié au travail et l'autre moitié à des occupations personnelles fait un gaspillage de 15 millions d'heures par jour. C'est l'équivalent de 2 millions de jours de travail environ, soit encore près de 10 000 années homme gaspillées chaque année, ou encore l'activité de 10 000 actifs pendant 1 an. Avec un salaire mensuel ajoutée des charges sociales et patronales de 2500 Euros environ, cela représente la coquette somme de 300 millions d'Euros.<br /> Cela représente 0.02% du PIB. Ce n'est pas rien et c'est un minorant car il faut ajouter le temps perdu dans les transports pour aller consommer pour les ménages ou acheter les matières premières pour les entreprises, les importations de pétrole qui plombent notre déficit extérieur etc...
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D
    Dominique,<br /> Et si l'on arrêtait de confondre travail et labeur?<br /> La planète ne résistera pas à plus de labeur en la transformant stupidement en un immense atelier dont on ne sait déjà plus ou mettre les poubelles. Tout ça pour des biens qu'il faut ensuite mettre à la cave, au grenier, ou carrément jetés sans même avoir été utilisés.<br /> Vive donc la dématérialisation, c'est à dire l'introduction de notre faculté d'analyse ergologique pour faire mieux en détruisant moins, c à d. finalement le travail qui ne soit pas ce stupide truc de fourmis au service d' une reine ou d' un roi ( fourmis bien sûr, tout rapprochement avec l'actualité ne serait que pure coïncidence et sous l'entière responsabilité du lecteur de ce message!)<br /> Le gag bien sûr, est que cette société  ( La  Civilisation, globalisée of course) ne rémunère que le labeur! provoquant cette spirale de fous dont il va bien falloir sortir.<br /> Salutations
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