Une fois de plus, le gouvernement annonce des mesures en faveur du pouvoir d'achat sans se rendre vraiment compte des ordres de grandeur qui pourraient permettre de changer en profondeur les conditions de vie des ménages. Les quelques mesures correspondent à quelques places de cinéma par personne et par mois. L'ordre de grandeur est la dizaine d'euros. Ce dont on besoin les ménages français, c'est un odre de grandeur de la centaine d'euros. Comment y arriver?
Aussi bien Jacques Chérèque de la CFDT que Robert Rochefort du CREDOC ce matin sur France-Inter ont bien identidié le problème. Le logement et le transport sont les deux postes qui plombent le budget des ménages français. En fait ils représentent la moitié de ce budget.
Etant donné que les entreprises ne peuvent supporter une augmentation des salaires bruts car les prélèvements sociaux des entreprises françaises sont les plus lourds au monde et cela nuirait à leur compétitivité de celles-ci, la seule marge de manoeuvre se situe au niveau de la réduction des dépenses minimum nécessaires à une vie digne.
C'est donc sur le levier du transport et du logement que sont les marges de manoeuvre. Or les mesures prises sur ces deux postes sont monétaires (des aides) alors qu'aucune mesure organisationnelle n'est évoquée. Par exemple, construire un urbanisme, une organisation des transports, une organisation des mobilités qui évitent à un ménage d'être contraint d'avoir deux voitures au lieu d'une permettrait de faire une économie de 200 euros par mois minimum.
Les plans de déplacement entreprises, écoles, administrations, sont une méthode peu chère pour l'état permettant d'atteindre cet objectif. Rien n'a été fait en France, à grande échelle, sur l'organisation des mobilités. Il serait temps que pour la compétitivité de notre économie et des territoires, le pouvoir d'achat des ménages, les problèmes d'environnement, et finalement notre liberté, nous organisions une intelligence collective des mobilités grâce aux outils informatiques existants.
L'automobile peut être un plaisir. C'est un cauchemar lorsque la structure de notre urbanisme et de nos modes de vie nous contraint à circuler seul pour satisfaire nos besoins, lorsqu'elle nous ruine, ainsi que notre commerce extérieur, nous fait perdre plusieurs millions d'heures de travail et plusieurs millions d'heures de temps libre par an en France.
Le diagnostic des syndicats, du CREDOC est bon. Les solutions sont archaïques, d'un autre âge, manquent totalement d'innovation. Donner plusieurs centaines d'euros de marge de manoeuvre aux ménages se fera en travaillant collectivement sur notre manière d'exercer les fonctions de base de la vie que sont le logement, les déplacements, l'énergie. Il est temps de changer de paradigme. Nous ne dépendons de personne pour réaliser cela. Nous avons toutes les cartes en main. Nous pouvons donc le faire.