Les 1 et 2 Février, j'étais au premier congrès international européen sur l'agriculture BRF (bois raméal fragmenté) à Lyon. Ce congrès fut d'une haute tenue scientifique et technique et montre la voie de l'agriculture du 21ème siècle que tout adhérent de cap21 se doit de connaître. C'est la base de la future politique agricole commune à construire. C'est à cap21 qu'il revient de promouvoir ces pratiques. Vous avez des détails techniques complets dans les fichiers en lien sur ce site, en haut à gauche. Cet article résume les grands principes.
Le fait majeur de cette agriculture est qu'elle enlève la nécessité d'utiliser pratiquement la totalité des produits phytosanitaires basés sur la chimie minérale, ainsi que l'irrigation et l'arrosage. Les travaux de Gilles Lemieux au Canada, de Benoît Noël en Belgique, de Jacky Dupety dans les Causses sont édifiants. Ces techniques s'appliquent à la fois sur les cultures maraîchères et la grande culture. C'est la seule voie possible pour une agriculture durable.
Quelle est donc cette agriruclture qui rend absolumant obsolète toute l'agronomie actuelle ainsi que les cultures OGM autres que celles à destination médicale?
Depuis des millénaires, l'agriculture et la forêt s'opposent. Pour cultiver, on détruit de la forêt. Or, le sol de la forêt contient de l'humus riche, fertile. En défrichant, on appauvrit le sol, ce qui oblige ensuite à le retravailler, l'amender par de la chimie minérale, enlever les mauvaises herbes par les herbicides, les insectes par les pesticides. Cette pratique fait que les sols agricoles sont aujourd'hui usés. C'est l'érosion des sols. En sus, ce type d'agriculture est faiblement performante en terme de santé public. C'est une agriculture qui émet beaucoup de gaz à effet de serre.
L'agriculture BRF consiste à utiliser la richesse des bois tombant des arbres pour reconstituer la richesse du sol de forêt sur le sol agricole. Les échanges d'énergie entre le BRF et le sol, l'abondance des microorganismes, les échanges de substances vivantes font une autogénération d'eau, de nutriments, de protéines, et de substances permettant à la plante de se défendre seule contre les prédateurs et les maladies. Les BRF sont broyés et répandus dans le champ à hauteur de 2 à 8CM.
Se pose tout de même la question de la ressource en BRF. Cette question peut être résolue en réimplantant des haies, voire des alignements d'arbres et de haies en plein champ. C'est à dire en mariant l'agroforesterie et le BRF.
Cela suppose aussi que l'on réserve l'usage de la ressource à l'agriculture et non aux biocarburants et à l'énergie, deux postes qu'il faut traiter par la voie des économies drastiques et les autres types d'énergie. Cela montre bien que le développement durable est une question transversale en interaction avec toutes les fonctions de la vie humaine. Une agriculture durable ne peut se concevoir sans associer à la réfléxion les transports, l'habitat, la santé. C'est un système à concevoir. L'objectif de l'écologie politique est de concevoir ce système social nouveau.
Finalement, l'agronomie du 20ème siècle connaît mal les sols, les interactions entre le soleil, la végétation, la couche superficielle su sol, la sous-couche, les interactions. Elle raisonne en stock (concentration NPK) et non en flux. Elle fonctionne donc sur des données incomplètes. Elle est dans une logique de réparation du sol au lieu de dynamiser ses flux.
L'agriculture BRF et l'agroforesterie part d'une bien meilleure connaissance du sol. Il y a encore beaucoup à faire.
Il faut donc que les budgets de recherche soient focalisés sur ce type d'agriculture plutôt que sur les OGM ou sur la fuite en avant dans les phytosanitaires.