L'émission de Yann Artus Bertrand du Jeudi 4 Janvier sur le problème du partage de l'eau dans le monde est révélateur des défis qui se présentent à nous. L'exemple le plus caricatural nous a été donné par la directrice de l'agence de l'eau de Las Vegas, Patricia Mulroy, symbole de la catastrophe environnementale, de nos dérives mégalomaniaques.
Quelques chiffres sur Las Vegas, ville en plein désert:
1000 litres d'eau consommés par jour et par personne, dont les 3/4 par les parcs, jardins, et les 50 golfs.
1.5 million d'habitants et 3 à l'horizon 2015.
Voici ce que déclare Patricia Mulroy:
"Mon rôle est d'apporter de l'eau quelque soit l'utilisation qui en est faite. Je ne dois en aucun cas intervenir sur le développement de la ville, ni me prononcer sur la façon dont elle se développe. Las Vegas est unique en son genre. Quand les touristes viennent ici, ils veulent faire l'expérience de la réalité virtuelle, ils ne veulent pas que la réalité gâche leur week-end."
Las Vegas ne peut plus s'approvisionner au lac Mead car les quotas de prélèvement sont dépassés. Alors rien n'arrête la mégalomanie de l'agence de l'eau. Il ne faut surtout pas faire fuir les touristes et les investisseurs. Il faut fournir du rêve sur le rêve. Ce n'est jamais assez.
Alors naît le projet pharaonique d'aller cherche l'eau à 500km à l'Est au moyen d'un aqueduc. Seulement voilà, dans cette vallée, il y a 6000 agriculteurs et éleveurs, déjà en pénurie d'eau, à qui on va enlever les moyens de vivre. Liberté de touristes contre liberté de vivre.
Patricia Mulroy déclare à nouveau, à propose de ces éleveurs: "oui, ils ont peur, ils nous expliquent leurs inquiétudes, mais cette eau ne leur appartient pas."
Nous voilà au 19ème siècle à la plus belle époque des westerns, à la plus belle époque des indiens. Ce type de développement n'est plus tenable en terme social et environnemental. Le cynisme de l'agence de l'eau de Las Vegas est saisissant.
Seuls le droit, la justice et la démocratie permettront d'avancer vers plus de raison. Il nous faut une régulation mondiale sur l'usage des biens communs.