L'association Sabine travaille au développement de l'usage du vélo dans l'agglomération rouennaise. Elle a enregistré une adhésion accompagnée d'une lettre que je vous transmets. C'est un habitant de Mont-Saint-Aignan.
Je cite:
"Je vous envoie la somme de 30 Euros" (il faut savoir que la cotisation minimum est de 10 euros)
Je poursuis:
"Vous savez, à l'âge que j'ai , je ne peux être présent à votre assemblée générale. J'ai toujours fait du vélo depuis l'âge de 12 ans. J'ai eu mon premier vélo en 1927. Je n'ai pas de voiture. Je vais avoir 92 ans le 14 Mars et fait mes courses tous les jours. Je vous appuie pour ce que vous faites, cela n'est pas facile. Je vous félicite." fin de citation.
Il y a une semaine, j'assistai à une réunion sur les déplacements à Rouen. Le vice-président de l'agglomération en charge des transports en commun, répondant à une question sur la non application de la loi sur l'air (article 20 inclus maintenant dans le code de l'environnement) imposant d'inclure dans les études de réaménagement de voirie les itinéraires vélos (pistes, bandes, axes partagés à faible vitesse pour les voitures, plans de déplacements), développait des arguments visant à balayer d'un revers de main la priorité donnée aux transports doux dans l'agglomération rouennaise.
Les arguments développés ne dépassaient pas le niveau des discussions du café du commerce, indigne du rang d'un élu d'une grande agglomération française. Par exemple, la population française vieillit, donc elle ne peut faire du vélo pour se déplacer, donc ce n'est pas la peine de développer outre mesure ce mode de transport. La population française vieillisante serait-elle si infirme et malade qu'elle ne puisse effectuer ses déplacements à vélo? L'exemple ci-dessus en est un magnifique contre-exemple. La réalité est que si on utilise son vélo pour se déplacer depuis le collège, on vieillit en meilleure santé.
Ce qui est incroyable, c'est que la conception des déplacements doux, et spécifiquement du vélo, de ce vice-président est totalement contraire à tous les documents d'urbanisme de l'agglomération, à ses engagements, aux engagements de son président. Le développement du vélo arrive au même niveau de priorité que celui des transports collectifs dans le PDU de l'agglomération rouennaise et dans le contrat d'agglomération.
Autre exemple. Après avoir travaillé longuement avec l'association Sabine pour le plan communal vélo de Sotteville-les-Rouen, la mairie n'a même pas daigné mentionner une seule fois le mot vélo dans le volet déplacements de son plan local d'urbanisme, le rendant ainsi incohérent par rapport au plan de déplacements urbain d'agglomération, et donc non conforme à la loi qui oblige à la cohérence des documents d'urbanisme à toutes les échelles.
L'argument consternant des capacités physiques a été également utilisé par Yves Calvi dans "c'est dans l'air" sur arte: "la moitié de la population est incapable de rouler à vélo pour cause de mal au dos ou autre bobos". Décidément l'infirmerie France est pleine. Nous sommes au bord de l'effondrement à en croire ces messieurs.
Décidément, tous les procédés sont bons pour discréditer ce mode de transport dont les avantages considérables à tout point de vue ont été démontrés par de nombreuses thèses de recherche (travaux de Frederic Heran au CNRS).
Poser la question du vélo sous l'angle de la capacité de différents publics à en faire n'est pas la bonne manière de poser le problème.
Pour un élu, la bonne façon de faire est de se référer au droit, le droit au transport exprimé dans la loi d'orientation sur les transports intérieurs de 1982 (loi LOTI), le droit de l'environnement avec la loi sur l'air.
La LOTI institue le droit pour chacun d'utiliser le mode de transport de son choix dans des conditions de sécurité et d'usages acceptables.
Le problème du vélo sur la voirie doit être examiné sous l'angle de la liberté de choisir et non sous un angle marketing qui est le rôle des entreprises. Il faut remarquer que partout où l'offre vélo est sécurisée, l'usage explose. L'usage suit donc le droit.
Le développement du vélo en tout milieu est un droit non négociable, donc un devoir pour les élus de le mettre en oeuvre avec la diligence nécessaire, ce qui est loin d'être le cas. Il y a trop d'incohérences dans la conduite de ce dossier.
L'automobile est incontournable dans nombre de déplacements, le vélo aussi.