Il est important de comprendre la logique qui amène un produit à saturer un système et finalement à produire des effets négatifs pour l'environnement.
Une entreprise, si elle met du sens dans son projet, crée un produit ou un service pour assurer une fonction répondant à une demande du client. Si l'offre est bien adaptée à la demande, l'entreprise fait du profit.
Le développement de la concurrence oblige celle-ci à se développer. L'entreprise cherche alors à s'appuyer sur son activité initiale pour augmenter fortement les volumes jusqu'à saturation ou perte de vitesse du produit, oubliant parfois la fonction qu'elle était censé servir au départ dans des conditions de délai, de coût et de qualité satisfaisantes, et passant à côté d'une diversification des activités ou des usages. La prise en compte des problématiques environnementales dès le départ de la conception des produits permettrait de dégager des innovations dans ceux-ci, mais aussi dans leurs usages
Appliquons ce paradigme à l'automobile.
La fonction que l'on veut servir est la mobilité au meilleur rapport qualité, prix, délai.
Ici, le délai peut être assimilé au temps de parcours porte à porte.
Dans un réseau non congestionné, en matière de voirie de circulation comme en matière de stationnement, cette fonction est très bien assurée par l'automobile, mode très souple. Par contre, l'augmentation parallèle du taux de motorisation des ménages et des volumes de production, ainsi que la réduction des cycles d'études alimentant le désir d'acheter, amène à une saturation du réseau. On rentre alors dans la boucle infernale analogue à celle d'une entreprise qui fait du rebut. On augmente les capacités de production à posteriori, qui ne suffisent pas car plus on produit mal plus les rebuts augmentent, plus on prend d'espace de stockage. Vous remplaçez le mot rebut par émissions et consommations, ainsi que consmommation d'espace public urbain, capacités de production par réseau de voirie et vous avez l'analogie exacte de la non qualité que peut produire l'usage excessif de l'automobile et son coût de non qualité associé.
Je suis très surpris de l'analogie de raisonnement que l'on peut faire avec "l'impasse alimentaire de Philippe Desbrosses". Dans l'agriculture, on obtient le même raisonnement avec les pesticides et l'emballement de la non qualité des sols. Au début, on fait de la chimie pour améliorer les rendements, puis on se laisse griser par le succès et les impératifs de développement. Alors, le but est de produire de la chimie et non plus du rendement.
Il en va de même avec les médicaments et la santé publique. On cherche à produire et consommer du médicament et non plus à soigner. Une bonne alimentation vaut mieux qu'une grosse dose de médicament.
On peut transposer mot pour mot tous les raisonnements au système automobile tel qu'il est.
En conclusion, appliquons les principes de qualité totale à la fonction mobilité, et non à l'automobile en tant qu'objet, et nous progresserons à grands pas.