Ces vacances ont été propices à de petites expériences au sujet de l'efficacité énergétique. Ce texte prend d'autant plus de relief avec l'explosion du prix du baril de brut. En tant que responsable transports à cap21, je me devais de vous relater mon bilan énergétique de mes déplacements de vacances.
Je suis aller en Dordogne pendant une semaine non loin de Sarlat, puis pendant deux semaines à proximité de Royan. Le mode d'hébergement était le camping.
J'ai effectué avec ma voiture (un monospace équipé d'une remorque et d'un bagage de toit) 2000km de parcours pour aller de mon domicile sur mon lieu de vacances. Les années précédentes, ma consommation de carburant était de 12.5 litres pour 100km. Cette année, j'ai décidé de conduire au compte-tours. J'ai choisi de caler ma conduite sur 2500 tours. Ceci correspond à une vitesse de 110km/h sur autoroute, 80-90km/h sur route nationale à grande circulation, 70 à 80 km/h sur le reste du réseau, 45 km/h en milieu urbain. D'autre part, cette façon de faire exclut toute accélération et décélération brutale, on ne fait donc pas monter les régimes moteurs. Ce dernier point n'est jamais cité dans les médias, seule la réduction des vitesses est mentionnée, alors que les gains sont aussi ailleurs.
J'ai eu l'agréable surprise de voir ma consommation passer à moins de 10 litres, soit un gain entre 20 et 25%.
Ensuite, arrivé sur place, nous nous sommes déplacés à vélo pour aller sur les lieux touristiques de nos visites. Ces lieux étaient situés dans un rayon de 10km autour du camping. Si la distance était supérieure, nous faisions une partie du parcours en voiture jusqu'à rentrer dans la limite de ce rayon pour poursuivre à vélo. Le résultat est spectaculaire car nous avons, sans grande difficulté, parcouru 600km à vélo pendant nos 20 jours de vacances, parcourant ainsi une moyenne de 30km par jour. Il ne faut pas surestimer la difficulté de cela. En effet, ces parcours représentent entre 1h30 et 2h de vélo par jour. Voilà donc encore 30% de kilomètres voitures économisés. D'autre part, ce sont les kilomètres les plus chers car nous aurions fait des queues interminables pour l'accès aux parkings des lieux de visite.
Le gain économique représente la coquette somme de 2000 euros. Cet argent, au lieu d'aller dans les poches des pétroliers et de l'état va pour une part dans l'économie locale. D'ailleurs,l'état ne perd pas tout puisqu'il récupère au passage la TVA sur ce que vous achetez.
Il en va de même pour le cumul tout au long d'une vie. Si vous économisez 1500 Euros par an sur votre budget voiture, vous disposez d'un revenu supplémentaire sur 30 ans de 45000 euros (d'où le titre de ce texte) que vous pouvez affecter pour une part à l'épargne et pour une autre à la consommation. Nous sommes bien là dans une logique de développement durable.
Il y a aussi un gain économique indirect, puisque le temps gagné à na pas faire la queue avec la voiture est reporté sur des lieux de visite plus nombreux. l'économie locale en profite donc plus. Un exemple illustrant parfaitement ce fait: il y a entre Breuillet et Royan une partie en 2x2 voies (D25) coincée entre un feu et un giratoire. Une simple file de 200 voitures attendant 30 secondes génère un temps d'attente de près d'une heure et demi pour faire 800m. Aller et retour, vous perdez pratiquement 1/2 journée d'activités de loisirs. Aux heures de pointe, cette 2x2 voies est inefficace, aux heures creuses, il n'était pas nécéssaire de la construire. Ceci met aussi en évidence la carence des pouvoirs publics en matière de transports collectifs sur les lieux touristiques d'été. En effet, en hiver, on trouve de nombreuses stations de ski équipées de navettes collectives emmenant les skieurs au bas des remontées mécaniques (à Meribel par exemple une navette gratuite relie l'altiport au télésiège de Chaudanne).
Ce scenario tiré d'une vie de vacancier démontre très concrètement l'articulation entre environnement et économie, les transferts de flux financiers. Il montre aussi l'absurdité avec laquelle nos pouvoirs publics gèrent l'utilisation de la voiture (voir mon article "changer les usages de l'automobile".) et les deniers publics destinés aux routes.