Le président de la république, comme à son habitude, à grand renfort de discours et de médias, a inauguré en grande pompe les nouvelles unités de production d'ethanol, louer la capacité de la France à innover. Ces discours, teintés de mégalomanie, ne trompent pas les citoyens que nous sommes. La France a énormément de retard sur tous les autres pays, tant du point de vue des carburants alternatifs que du point de vue de l'organisation des transports. Nous sommes loin, très loin d'être des champions. Mais mieux vaut tard que jamais. N'oublions jamais que nous vivons la fin de l'énergie bon marché, quelque soit la source: éthanol, tournesol, colza, GNV, hydrogène etc...La démonstration incontestable est donnée par ces quelques chiffres. 1 seul petit kilomètre voiture consomme 1kWh d'énergie. (cette unité donne une bonne représentation comparative vers les autres usages de l'énergie). 650 millions de véhicules circulent dans le monde. Une simple croissance de 7% de ce parc nous amène à environ 2 milliards de véhicules à l'horizon 2020. Ce chiffre, qui est une hypothèse que j'émets, n'est pas irréaliste car le marché chinois, par exemple, était en montée de 75% par an en 2003. Si chaque voiture roule autant que les voitures françaises, soit 15000 km par an, nous arrivons à une consommation énergétique annuelle titanesque de 30 000 milliards de kWh. Pour vous donner une idée plus saisissante, cela représente l'équivalent de la production de 30 millions de centrales nucléaires de 1000MW chacune. Autant dire que compter sur une évolution des moteurs pour nous sortir du mauvais pas dans lequel nous sommes est illusoire, ce que n'a pas compris le président de la république. Ce graphique donne un résultat dans la continuité sur 25 ans.
Au contraire, à court terme, un usage plus productif de l'investissement automobile, comme le ferait un directeur d'une usine de production, oblige à trouver des solutions dans l'organisation des transports collectifs (dont la voiture est un élément car elle peut transporter 5 à 7personnes), dans une politique cyclable efficace pour les courts déplacements, dans une meilleure articulation entre les transports collectifs urbains et interurbains avec une intégration tarifaire, dans la généralisation des plans de déplacement entreprise, toutes solutions rentrant également dans l'innovation mais jamais mises en valeur par le président Chirac. Les carburants alternatifs ne peuvent qu'être un complément à toutes ces mesures, mais en aucun cas cela ne constitue une politique. Les résultats économiques et environnementaux ne peuvent qu'être négligeables si on continue à se tromper de stratégie. Les industriels eux-mêmes, dans le rapport de la commission des Nations-Unis du développement durable en Avril et Mai 2001, tenaient le même raisonnement.