Le dernier reportage d'ARTE sur la disparition du sable est le symbole de notre incurie environnementale. Le problème du sable, ressource non renouvelable dans les échelles de temps courtes, apparait bien plus critique encore pour l'économie mondiale que les ressources fossiles comme le pétrole, le gaz et le charbon. Il affecte quasiment tous nos produits, dont le béton, les routes, tout le génie civil, l'industrie de la contruction, les ordinateurs. Voici quelques chiffres indiquant l'ampleur du sujet. On consomme 15 milliards de tonnes de sable par an dans le monde.Une barge en Indonésie transporte 400 000 mètres cube par jour. On construit des tours de grande hauteur non habitées à Dubaï, Singapour alors qu'1/3 des urbains dans le monde vivent dans des bidonvilles. Le sable arrivant en mer et sur les plages vient des montagnes et est transporté par les torrents, les rivières et les fleuves. L'inflation de barrages dans le monde empêche 50% du sable venant des montagnes d'aller vers sa destination finale.
Cette surconsommation de sable fait disparaître des îles entières, des plages en Floride où la moitié du PIB de la région dépend de lui, ce qui oblige à remblayer tous les deux ans avec le sable venant du voisin, dans une chaîne sans fin. Singapour gagne du terrain sur la mer au prix du pillage du sable de ses voisins. Il n'y en a plus en surface dans le monde, on commence donc à racler les fonds des océans avec d'énormes machines au prix d'une barbarie écologique. Les pêcheurs bretons sont en train de lutter contre une multinationale cherchant à faire disparaître à son profit une énorme réserve natura 2000 contenant énormément de poissons. Il faut que les multinationales deviennent plus responsables vis à vis de ces questions et que les permis de construire soient distribués avec plus de parcimonie. Un permis de construire mondial pourrait être instauré.
La disparition des plages amplifiée par la montée des mers (1m à 1m50 d'ici 2100) compromet gravement les littoraux mondiaux et l'économie associée. Quand on sait que la moitié de la population mondiale va vivre à moins de 50km des côtes, cela fait froid dans le dos.
Le sable devient donc une ressource rare. Il se construit alors une spéculation, une mafia, une criminalité organisée qui rackette les populations et corrompent la police et les gouvernements locaux, y compris à Singapour qui se veut le champion de l'environnement.
Il est grand temps de réagir et de mettre ce sujet sur le devant de la scène médiatique, d'alerter les ONG et les gouvernements. Il nous faut changer de modèle et aller vers l'utilisation massive de ressources recyclées. C'est bien notre mode de vie de croissance infinie qu'il faut remettre en cause. Tout le monde parle de faire des économies en supprimant les doublons dans les entreprises, les collectivités locales. On fait du lean management dans les entreprises. Mais on gaspille sans vergogne et en dehors de toute rationalité les ressources naturelles. Certes il ne faut pas d'écologie punitive, mais il faut une écologie contraignante et qui fixe des limites règlementaires élevées.
Voici le lien pour voir entièrement ce reportage:
http://boutique.arte.tv/f9016-sable_enquete_disparition