Le gouvernement joue du free jazz de mauvaise qualité en matière de sécurité routière. Il manque le cadre harmonique, le rythme n'y est pas, la créativité dans l'improvisation est inexistante, la mélodie est incohérente, on ne voit pas la réussité au bout du chemin qui a été choisi.
Pour ce qui concerne la partie sanctions et répressions, il ne faut jamais oublier qu'un contrôle, dans quelque activité que ce soit, n'est efficace que s'il est inopiné. Il est incontestable que la mise en place des radars, qu'ils soient fixes ou mobiles ont contribué à diviser par 2 depuis 2002 les accidents et le nombre des victimes. D'ailleurs, il a suffi que Mr De Robien annonce la mise en place future de l'installation des radars et de l'automatisation de la sanction pour que le nombre d'accidents baisse de 30%.
N'oublions pas que nous sommes partis de 16000 tués par an dans les années 70. En 30 ans, nous avons péniblement divisé par deux ce chiffre par des dispositions très coûteuses sur les voitures et les infrastructures. Le seul contrôle de vitesse a encore divisé par deux le nombre des victimes en 10 ans, soit 3 fois plus vite. La vitesse est donc l'élément majeur dans la sécurité routière et cela s'explique aisément.
En effet, un accident est un évènement fortuit de nature à surprendre les usagers de la route. Il est essentiel de travailler là dessus pour aller vers une sécurité routière optimum. La route n'est pas faite pour prendre des risques afin de gagner du temps. La liberté de se déplacer en toute sécurité est plus importante que la liberté de prendre des risques. Les circuits sont faits pour satisfaire les montées d'adrénaline de chacun.
Or la vitesse, même dans le respect des limites indiquées, est un facteur majeur dans la génération de l'accident car elle ne permet pas au conducteur d'anticiper les évènements fortuits (y compris les non respects de règles et les imprudences des autres usagers), elle induit donc la surprise, génératrice de mauvais gestes en général. La vitesse réduit la largeur du champ de vision et oblige à se focaliser droit devant soi.
Elle est aussi un facteur majeur dans l'impact sur les victimes de par l'énergie cinétique. Rappelons que celle-ci évolue avec la masse du véhicule et le carré de la vitesse.
Si on veut réduire encore le nombre d'accidents, de blessés, de tués, il est indispensable d'améliorer la formation continue scientifique de tous les conducteurs pour prendre conscience du véritable danger que représente l'énergie cinétique. La transformation de l'énergie cinétique en énergie potentielle, la décélération encaissée par la matière molle qui est à l'intérieur du corps lors d'un choc, le calcul de la vitesse en mètres par seconde pour prendre conscience de la nécessité de respecter les distances de sécurité, même en cas de trafic dense doivent être enseigner dans les auto-écoles avec beaucoup plus d'intensité.Les associations d'automobilistes, la plupart des journalistes de ce secteur, ont une attitude par trop enfantine avec ces paramètres et les règles associées, les limites.
Les mesures à prendre pour aller vers un nombre négligeable d'accidents, comme le font les suédois, sont donc d'une toute autre nature que la simple omission de panneaux ou l'interdiction de vente d'appareils avertisseurs de présence de radars, d'ailleurs techniquement impossible avec les smartphones.
Compte-tenu que la perfection n'existe pas au niveau des comportements, il est indispensable de réduire les vitesses de pointe sur tous les réseaux afin de réduire les impacts des évènements fortuits évoqués plus haut.
Sur le réseau autoroutier, certes la somnolence est une cause d'accidents importante (1/3), mais cela ne se résoud pas en augmentant la vitesse pour maintenir l'attention d'un conducteur de toute façon fatigué. La solution réside dans un arrêt salavateur de 20 mn pour se reposer. Une réduction de la vitesse à 120km/h, des contrôles fréquents et des sanctions sévères sur les distances de sécurité, associée à l'obligation pour les constructeurs automobiles de créer des systèmes d'alerte somnolence pour les conducteurs dans tous les véhicules, anciens comme nouveaux. Rappelons que le non respect des distances de sécurité est passible d'un retrait de 3 points sur le permis de conduire. C'est donc considéré comme une infraction très grave. Hélàs, elle est très peu sanctionnée.
Une autre mesure très efficace serait d'obliger tous les constructeurs automobiles à installer un compteur de vitesse en mètres par seconde, en sus du compteur en km/h.
Toujours sur la vitesse, il faudrait mettre le délit de grand excès de vitesse à 15 ou 20km/h au dessus de la vitesse autorisée. En effet, à ce niveau, ce n'est plus le manque d'attention ou une maladresse, mais un acte intentionnel conscient (puisque la formation a été donnée). Nous avons besoin de simplifications. Deux niveaux d'excès de vitesse suffisent, un niveau de petit excès de vitesse et un niveau délicteux nécessitant une intervention des tribunaux.
Sur le réseau secondaire, l'immense majorité de ce réseau devrait être limité à 70km/h. Les routes sinueuses et peu larges ne supportent pas de vitesses plus élevées. Il est nécessaire de renforcer le contrôle de vitesse sur ces réseaux. Peut-être faut-il inventer un code des couleurs représentant les limites de vitesse d'un réseau (à l'instar des pistes de ski).
Sur l'aspect formation continu, de la même façon qu'existe un contrôle continu du véhicule, il faudrait mettre en place une formation continu des usagers motorisés de la route tous les dix ans par exemple, avec obligation d'attestation par vignette.
En ville, l'immense majorité des rues sont résidentielles. Une inversion de logique des limitations de vitesse est nécessaire. Par défaut on met 30km/h et par exception 50. Aujourd'hui, c'est l'inverse.
Ensuite, 3/4 des déplacements automobilesfont moins de 5km. Il faudrait une politique cyclable réellement ambitieuse à l'image de celle appliquée en Scandinavie afin d'augmenter le nombre de véhicules à énergie cinétique faible. Le gouvernement ferait preuve alors d'une réelle innovation.
Enfin, un effort grandissime est à effectuer sur les deux roues à moteur qui, d'après l'observatoire de la sécurité routière, dépassent les limites de vitesse en ville de plus de 90% pour 90% d'entre eux régulièrement.
On voit que nous sommes très loin d'un tel plan. Pourtant, c'est le seul moyen d'arriver au résultat.