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Texte libre

Corinne Lepage,

ministre de

l'environnement

 de 1995 à 1997

et présidente de cap21

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 22:40

 

Cette campagne présidentielle passe complètement à côté des enjeux économiques majeurs auxquels nous avons à faire face. Mais avant de proposer un programme économique, avant de chiffrer ce programme, on attend d'un futur président qu'il donne d'abord la direction, la vision, le projet de société qu'il veut mettre en oeuvre, la philosophie sur laquelle il s'appuie. Aucun candidat ne propose cela.

 

Alors, tentons de le faire, de définir une conception du progrès compatible avec la mondialisation des échanges et les impératifs environnementaux du 21ème siècle.

 

John Rawls, philosophe américain du 20ème siècle, dans la théorie de la justice développe cette pensée: les inégalités dans une société sont tout à fait acceptables si celui qui est tout en bas de l'échelle a les moyens de vivre dignement dans l'environnement où il est et a l'espoir de s'enrichir sur la durée et sur plusieurs générations.

 

Cette définition du progrès permet de quitter ce débat stupide riches contre pauvres. Depuis toujours, la droite pense que l'état confisque les biens des riches pour les attribuer aux pauvres, et la gauche pense que les riches le sont trop et qu'il faut redistribuer par l'impôt, ce qui cristalise le débat autour de cette question. Ce paradigme ne marche plus quand dans un pays plus de la moitié des ménages n'ont plus l'espoir de s'enrichir sur la durée par leur travail, leur intelligence, leur esprit d'initiative, les coûts et charges des fonctions vitales de base dans l'environnement économique de notre société devenant trop lourds.  Le problème dans la France d'aujourd'hui est qu'une bonne moitié des ménages compte à l'euro près à la fin du mois sans pour autant avoir l'espoir que cette situation s'améliore, pire, ce nombre s'accroit . La droite a pensé, à tort, qu'en répartissant les gains de productivité et les richesses au profit des plus aisés (et je vais jusqu'à des revenus de ménages de 4000 euros environ, car selon l'INSEE, 80% des ménages gagnent moins que cela), l'activité économique allait repartir. Il est donc indispensable de mobiliser à nouveau le pays vers la création de richesses nouvelles, la diminution des charges incompressibles qui pèsent sur les ménages et les petites et moyennes entreprises. L'urgence est de fabriquer plus de riches. Il faut aussi mobiliser les 11000 milliards d'épargne des français pour créer de l'activité nouvelle plutôt que de se protéger par de l'assurance vie, aller rechercher les 600 milliards d'évasion fiscale (voir le dernier livre d'Antoine Peillon) qui manquent à la France pour les investir dans les infrastructures, la transition énergétique afin d'améliorer le bien-être de tous.

 

La droite, en cassant la juste distribution en salaire du travail, des gains de productivité, des richesses créées , et la gauche, en ayant pas compris qu'il faut décharger massivement le travail et fiscaliser les charges, n'a pas compris cela.

La transition énergétique sera la richesse du 21ème siècle. Il faudra exercer les fonctions de la vie en consommant un minimum de ressources par une intelligence de la production et de la consommation.

 

Un autre chiffre est ahurissant. Dans le monde, les 0,2% les plus riches détiennent 35 000 000 milliards d'euros. Quand on voit que pour régler le problème de la dette grecque on a mis 110 milliards, on voit à quel point le problème majeur est bien la répartition des richesses produites et des gains de productivité dans le monde, et non l'excès d'état providence.

 

Je conseille d'aller lire ces deux sites internet:

 

http://lecercle.lesechos.fr/presidentielle-2012/221145589/dire-gravite-crise

http://roosevelt-2012-dans-la-presse.posterous.com/le-cercle-les-echos-le-bon-diagnostic-dire-la 

 

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