Le monde politique et économique profite de l'accident du camion citerne ayant mis le feu au pont Mathilde, fermé pour plusieurs mois, pour de nouveau réclamé son contournement Est A28 A13. La cause de l'accident est vraisemblablement, selon les premiers élements, du à un excès de vitesse dans la bretelle d'accès.
C'est une erreur grossière de penser qu'avec le contournement Est on évitera tous les accidents graves bien au contraire. Plus généralement, c'est une illusion majeure de penser qu'on règle les problèmes de sécurité routière en multipliant les infrastructures de type autoroutières. Franchement, soyons sérieux, un accident grave en 30 ans, cela justifie-t-il 1 milliard d'euros de dépenses? Bien évidemment non. Ce camion avait chargé son carburant boulevard maritime et allait à Beauvais. Le contournement A28 A13 n'aurait pas éviter l'accident.
Se servir de cet accident pour justifier encore un peu plus ce contournement, c'est méconnaître une loi fondamentale du marché: l'offre attire la demande, surtout lorsque l'ambition est là. une infrastructure autoroutière de plus ne fera qu'aggraver et intensifier les flux de circulation. Il suffit de voir le développement de l'île de France pour s'en rendre compte. Il suffit de voir en combien de temps la Sud 3 fut saturée.
Bien au contraire, l'accident est le signe de l'inconséquence de notre modèle de développement économique, qui a fait la part belle à la route et au pétrole depuis 30ans. Il ne faut pas continuer dans cette voie.
Cet accident est aussi le signe de l'insuffisance de la pratique de la sécurité routière par la police de la route et les politiques qui les encadrent. La police de la route n'est pas assez sur le terrain aux heures qu'il faut pour voir et sanctionner les comportements dangereux et quasi permanents sur toutes les deux fois deux voies urbaines et particulièrement sur le pont Mathilde, la Sud 3, Flaubert, le début de l'A150, le boulevard industriel, le début de l'A28, et le début de l'A13. La police de la route ne sanctionne jamais les distances de sécurité, pourtant passible de 3 points sur le permis de conduire, infraction plus grave encore qu'un excès de vitesse moyen. Rappelons qu'à 72km/h (20m/s), il faut laisser 2 secondes soit 40m par rapport au véhicule qui précède. Or que voit-on? Des camions et véhicules qui collent le véhicule qui précède, et souvent au delà de 70km/h. On voit en permanence des camions qui se doublent sur le boulevard industriel pour ne gagner aucun temps et risquer la vie de tous les salariés Safran, Autoliv et autre qui vont au travail sur ce boulevard.
Cet accident enfin est le signe d'un manque de formation efficace à la sécurité routière de tous les conducteurs. Il faudrait que le gouvernement renvoie tous les conducteurs français une journée en auto-école pour une formation sur la vitesse et la distance de sécurité, mesure bien plus efficace qu'une infrastructure supplémentaire.
Les problèmes de sécurité routière se résolveront par la formation et la sanction des comportements les plus excessifs, une police de la route plus visible et plus présente.
Enfin, cet accident nous promet 6 mois à 1 an de bouchons gigantesques dans Rouen, signe de l'inconséquence de notre politique urbaine, où on concentre les gens dans des surfaces petites (concentration dans les zones urbaines) en privilégiant un outil de mobilité complètement inadapté aux zones denses: l'automobile, et ceci quelque soit son mode de motorisation. Pour tous les déplacements de moins de 10km, si on avait diversifié les modes il y a 30 ou 40 ans, nous n'en serions pas là. Les hollandais ont été plus prévoyants que nous. Ils ont vu le problème dans la décennie 70. Nous aurions pu réaliser un transport par câble combiné avec une offre vélo ou transports en commun entre Bonsecours et le boulevard industriel, entre Mont-Saint-Aignan et l'emplacement du parking du Mont Riboudet, entre Bois-Guillaume, Bihorel et Rouen. Nous n'aurions pas eu alors 80 000 véhicules jour au pont Mathilde.
Non, il faut changer de siècle et arrêter de penser avec les schémas routiers du passé qui ont montré leur limite et nous ont emmené dans le mur, d'autant que nous avons l'expérience d'autres villes ou concentrations urbaines.