Depuis une trentaine d'années en France, nous n'arrivons pas à tenir les objectifs environnementaux annoncés dans les discours. Les causes de ce phénomène sont plus à trouver dans la façon de conduire ces politiques que dans les boucs émissaires que constituent les lobbies, les Etats-Unis, George Bush ou autre.
Il existe depuis longtemps, dans les entreprises, des outils pour conduire le changement. Ceux-ci ne sont pas appliqués dans la conduite des politiques annoncés dans les programmes électoraux, spécialement au niveau de l'environnement. Pire, on prend des mesures qui aboutissent à des résultats inverses. Ces outils sont ceux employés pour gérer la qualité des produits, gérer les projets, gérer une production. Dans les prochains articles, je ferai souvent référence au fonctionnement du monde de l'entreprise pour montrer nos carences actuelles dans la gestion du développement durable, et ceci à tous les points de vue.
La gestion de la qualité dans l'entreprise a considérablement évolué depuis les années 60 pour arriver à des résultats exceptionnels (quelques défauts sur une production de 1 million de produits avec des outils popularisés par Toyota en particulier).
La puissance publique ferait bien également de méditer cette citation venant de chez Toyota, donc du monde de l'entreprise de production:
"Toute ressource étant rare et précieuse, cela conduisit logiquement à en chercher l'exploitation optimale, en éliminant tout gaspillage."
Nous sommes très loin, avec le nucléaire (faire croire aux gens que nous trouverons l'énergie infinie), les OGM (épuisement accéléré des sols), la construction échevelée de routes et de parkings (épuisement des ressources fossiles et émissions de gaz à effet de serre), de ce genre de raisonnement, pourtant nécessaire pour la sauvegarde de la planète. Il y a un océan entre la gestion de l'entreprise, qui a prouvé toute son efficacité, et celle de l'environnement.
Toute ressource étant rare et précieuse, cela conduisit logiquement à en chercher l'exploitation optimale, en éliminant tout gaspillage.
En ce qui concerne l'action publique pour maîtriser les émissions de gaz à effet de serre par exemple, les résultats sont pitoyables. Il n'existe pas de management sur le sujet. On fait surtout beaucoup de ronds dans l'eau.
Commençons par énoncer 4 commandements devant servir de base à des actions efficaces à résultats rapides. Ces commandements sont ceux de la méthode Kaizen, un des outils qualité dans nos usines de production.
1. Abandonner les idées fixes, refuser l'état actuel des choses.
Exemple: refuser la gestion actuel de notre espace urbain et innover.
2. Au lieu d'expliquer ce que l'on ne peut pas faire, réfléchir à comment faire.
C'est peut-être la phrase la plus importante. Vaincre les bloquages, les conservatismes, refuser la reproduction des choses, c'est aller vers les portes d'un développement plus durable.
Exemple: pour le développement du vélo en ville, il est trop facile de dire que les gens n'en veulent pas ou que c'est dangereux, ou qu'il n'y a pas d'espace. Il vaut mieux se demander quelle est la répartition actuelle de l'espace de voirie et comment on peut la rééquilibrer. Cela passe invévitablement par la diminution de l'espace affecté à la voiture qui en réprésente 90%.
3. Réaliser aussitôt les bonnes propositions d'amélioration.
La puissance publique méconnait ce principe de réactivité. On va de commission en commission, de rapport en rapport. Et après, c'est le grand vide.
4. Ne pas chercher la perfection, gagner 60% de l'objectif dès maintenant.
Un exemple frappant est le développement du carburant gaz naturel pour les véhicules particuliers. Les solutions existent depuis près de 20 ans. Les automobilistes sont toujours victimes des soubresauts du prix du pétrole sans avoir le choix, ce qui est contraire à tout principe de démocratie.
Malheureusement, la puissance publique ne gagne que quelques % par rapport aux objectifs. Même ce qui est facile à faire et qui ne coûte rien ou peu n'est pas fait. Ce sont nos petits-enfants qui paieront la note. Ce n'est pas la peine de parler de déficits publics pour gaspiller à tout va les ressources de la planète.
Finalement, on oublie de faire de l'économie, de la vraie, ne pas dépenser plus que l'on ne gagne, maximiser les profits, y compris ceux de la planète car c'est elle qui nous fait vivre, tout en minimisant les coûts.