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Texte libre

Corinne Lepage,

ministre de

l'environnement

 de 1995 à 1997

et présidente de cap21

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25 mars 2007 7 25 /03 /mars /2007 19:33

Le programme de François Bayrou a été considérablement enrichi grâce à l'apport des travaux ECORESP2 de CAP21 et au travail de Corinne Lepage. François Bayrou a décidé de mettre l'écologie au coeur de son programme. Voici le volet environnement.




Positions de François Bayrou en matière de Développement Durable


1.Relever les défis énergétiques et climatiques

1.1. Réduire nos consommations d’énergie et modifier nos sources d’approvisionnement pour diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050

La crise climatique n’est pas un fantasme mais une réalité. Cela place tous les pays de la planète, et en particulier les démocraties, devant une responsabilité inédite pour préserver l’avenir de l’espèce humaine : cela impose notamment de changer les attitudes et les habitudes du combat politique. L’objectif de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050 est désormais partagé par tous, mais rien n’a encore été entrepris pour nous mettre en capacité de réussir ce challenge.

Or, face à l’ampleur de ce défi, il est absolument nécessaire de définir une politique orientée sur le long terme visant à ce que chaque citoyen, chaque entreprise et chaque administration puisse devenir un acteur impliqué dans la lutte contre les gaz à effet de serre.

Nous devons dès maintenant nous mettre en ordre de bataille dans ce sens, ce qui signifie que pour la prochaine mandature nous devons nous fixer l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 15%. Ce plan d’adaptation au changement climatique doit selon moi s’appuyer sur les cinq leviers suivants :
-l’élévation des normes techniques d’efficience énergétique, notamment dans le bâtiment où nos logements sont notoirement moins performants que ceux construits en Allemagne par exemple.
-une fiscalité réorientée pour susciter chez chaque acteur des comportements plus éco-responsables. Cela passe par des taxes pénalisantes pour les comportements les plus polluants et aussi par des avantages fiscaux incitatifs pour ceux qui choisissent des équipements ou des technologies écologiques ;
-une mise à plat complète de notre « mix énergétique », avec un développement ambitieux des énergies renouvelables (solaire thermique, éolien, bois énergie et également biocarburants de seconde génération, biogaz, géothermie) et un maintien maîtrisé et transparent du nucléaire civil ;
-la formation de la population : je suis convaincu que les français sont prêts à modifier leurs comportements, à condition que chacun ait conscience des raisons qui rendent nécessaire cette modification ;
-enfin un effort de recherche sans précédent, qui n’aura le volume nécessaire que s’il est conduit au niveau européen, et qui visera le développement des énergies nouvelles (énergies marines, solaire, piles à combustibles ou biocarburants de nouvelle génération) et de la séquestration du carbone.

La filière nucléaire de production d’électricité fait partie des instruments indispensables et de nos atouts pour lutter contre l’effet de serre. Mais nous avons besoin d’une expertise scientifique sur l’EPR. Derrière ce projet se pose la question du renouvellement de nos réacteurs actuels et une décision aussi structurante pour notre politique énergétique doit se prendre à l’issue d’un débat le plus large et le plus démocratique possible. Je ne suis donc pas d’accord pour que la décision soit prise en catimini. Il faut organiser avant l’été un débat national, pour prendre les décisions à long terme sur notre politique énergétique.

1.2. Relever en priorité les défis des transports et du bâtiment

C’est bien sûr dans les domaines des transports et du bâtiment qu’il faudra appliquer cette politique de la manière la plus résolue, puisque ces deux secteurs représentent à eux deux environ 50% des émissions, et que ce sont dans ces deux domaines que l’évolution actuelle est la plus préoccupante.

Dans ces deux domaines, la mesure qui me semble la plus efficace est la mise en œuvre d’une « taxe carbone » sur les carburants d’origine fossile. Les taux de cette taxe seront faibles au départ pour être augmentés progressivement. Bien entendu sa mise en place devra être annoncée à l’avance pour laisser à chacun le temps de s’adapter, et promue autant que possible dans un cadre européen pour éviter tout effet de dumping fiscal.

Ainsi, en matière de transports, je propose :
-de rétablir la priorité des financements publics en faveur du développement d’infrastructures de transport en commun fiables, confortables et accessibles au plus grand nombre, et du développement du fret fluvial et ferroviaire. -de développer le potentiel du fret fluvial et du cabotage, et de rendre le fret ferroviaire techniquement et économiquement viable en se fixant comme objectif l’obligation du ferroutage pour les camions traversant la France à l’horizon 2025. Financement : les ressources de la taxe carbone.
-d’inciter à des comportements nouveaux (arbitrages en fonction de l’impact « carbone », covoiturage, télétravail, suppression des déplacements aériens et routiers inutiles…)
-de tirer profit au plus vite du potentiel offert par les bio ressources pour diminuer notre dépendance au pétrole ;
-d’encourager la recherche et le développement de véhicules nouveaux : performances des moteurs, contrôle électronique, redescente en gamme pour rapprocher les véhicules de leur usage réel (diminution de poids, de puissance et de vitesse), motorisations sans émission de CO2.

Dans le domaine du bâtiment, je propose également :

-de rendre rapidement les normes pour les nouvelles constructions plus exigeantes pour la performance énergétique des logements et bureaux (vitrages peu émissifs, isolants performants, chaudières à condensation, pompes à chaleur géothermales, solaire thermique pour l’eau chaude sanitaire et le chauffage, construction à énergie positive...) ; toutes ces technologies doivent nous permettre de fixer avant 2010 une norme maximale pour les constructions neuves de logements à 50 KWh/m2 pour les consommations d’énergie primaire liées au chauffage.
-de mettre en œuvre des allégements de fiscalité vraiment incitatifs pour la construction aux normes de la qualité environnementale (du type des 14 cibles HQE et référentiels similaires) ;
-de lancer une vaste opération de réhabilitation du patrimoine bâti. Avec un rythme de renouvellement du parc de logements de 1% par an, nous ne pouvons aucunement nous permettre d’attendre le seul renouvellement naturel de celui-ci. Je propose donc une modulation de la taxe sur le foncier bâti en fonction des performances énergétiques des bâtiments pour inciter à la rénovation. Obliger toute nouvelle construction d’aller dans le sens de la réduction des G.E.S, en particulier à avoir un dispositif d’énergie renouvelable.

2.Assurer la protection de notre planète, de sa biodiversité et de la santé des êtres qui la peuplent

2.1. Un aménagement du territoire plus rationnel et soucieux de biodiversité et d’équité sociale

L’aménagement du territoire, c'est-à-dire l’utilisation rationnelle de l’espace, est indissociable du développement durable.

Cela passera par : - la limitation de l’étalement perpétuel de la ville qui menace l’équilibre de notre pays, coûte cher en transport, carburant et carbone, favorise les exclusions sociales et ravage nos paysages ;
- une politique de préservation et de reconquête des sols faces aux pollutions et à l'imperméabilisation ;
- la prise en compte plus sérieuse des risques technologiques et naturels ainsi que des nuisances sonores et olfactives dans les projets de construction et d’infrastructure. Il ne faut plus subir mais prévenir les catastrophes (AZF à Toulouse, inondations de Nîmes, Aramon, Vaison la Romaine…) ;
- un aménagement du territoire qui se soucie de la biodiversité car la faune et la flore doivent disposer d’espaces protégés reliés entre eux par des zones préservées ; ainsi elles pâtiront moins des « frontières » que constituent pour elles l’urbanisation anarchique et les axes de circulation ;
- le recours systématique aux règles de « quartiers durables » pour la réhabilitation ou la conception de zones urbaines ;
- le renforcement desprojets d’aménagement et de développement durable (PADD) des plans locaux d’urbanisme (PLU) des communes en les rendant opposables ;
- la suppression de toute dérogation à la loi « SRU » imposant 20% de logements sociaux ;
- l’obligation pour chaque commune et collectivité locale de plus de 10000 habitants de faire procéder à un état des lieux indépendant sur ses impacts de développement durable et définir un plan local de développement durable (Agenda 21).

Une économie plus sobre, plus solidaire et responsable est une économie qui respecte et protège son patrimoine naturel.

Il est impératif de :
-réaliser et rendre public un état des lieux national indépendant de la faune et la flore, à partir des structures existantes (observatoires et offices nationaux et locaux) et en partenariat avec les associations écologistes, de chasseurs et de pêcheurs ;
- promouvoir le rôle des associations de protection de l’environnement en pérennisant leur financement et leurs modes d’actions et en les associant à l’action des organismes publics (ministère, collectivités …)
- suivre systématiquement l’impact sur la biodiversité des projets d’infrastructure ou d’urbanisme, d’intégrer un bilan en amont, pendant et après les travaux ;
- dresser un bilan indépendant de la législation actuelle et notamment de l’application de la directive Natura 2000 et de la loi de protection du littoral ;
- proposer un observatoire européen de la biodiversité ayant un pouvoir d’alerte des parlements européen et nationaux ;
- développer la pédagogie citoyenne et la lutte contre l’emploi irraisonné des pesticides à usages domestiques.

2.2. Se protéger des risques sanitaires & environnementaux

Des maladies liées à l’activité humaine apparaissent et se développent. Nous avons besoin de mieux les connaître et d’être efficacement protégés ; c’est pour cela que je suis favorable à la création d’une Autorité indépendante chargée de l’alerte sanitaire et environnementale. Elle aura pour vocation de développer des inventaires des risques et des études épidémiologiques indépendantes, notamment sur les impacts sanitaires des dégradations de l’environnement, à commencer par le réchauffement climatique, la pollution de l’air, des eaux et des sols, ainsi que l’importance des perturbateurs endocriniens.

N’oublions pas que les pays les plus pauvres demandent déjà l’accès aux soins alors qu’ils subissent souvent les pollutions des pays les plus riches sans pouvoir se protéger.
Il faut donc :
- accorder à l’OMS un droit d’ingérence sanitaire pour prendre en charge les situations d’urgence, pour construire des systèmes de soins par délégation et organiser les licences obligatoires de médicaments et le respect du « droit à la santé » ;
- réfléchir à une fiscalité mondiale sur une assiette large et globale (télécommunications par exemple) pour financer les programmes de lutte contre les risques de base pour les populations en danger (enfants, mères, pandémies…) sur le modèle à prolonger de l’Unitaid.
-Développer en France la médecine environnementale. Permettre aux associations environnementales d’être présente dans la gestion de la sécurité sociale.
3.Promouvoir une économie écologiquement et socialement responsable

3.1. Une logique de durabilité et de responsabilité

Je suis pour la promotion d’une économie plus responsable, d’une croissance « sobre » sur le plan environnemental et social.
Il faut pour cela :
- Faire appliquer les obligations d’informations des impacts sociaux et environnementaux des entreprises cotées et l’étendre aux entreprises publiques ;
- Appliquer rigoureusement le règlement de Reach, pour préserver la santé et l’environnement des substances chimiques
- Promouvoir activement l’investissement socialement responsable (fonds développement durable, solidaires ou éthiques) en déterminant une définition légale, en imposant des critères de durabilité aux placements publics (à l’instar des pratiques du Fonds de Réserve pour les Retraites) et en les encourageant fiscalement ;
- Encourager la consommation de produits à plus value sociale et environnementale (commerce équitable, bio…) en clarifiant notamment les labels, en multipliant les actions pédagogiques et en communiquant l’empreinte sociale et environnementale des produits et services ;
- Réaliser un inventaire mondial des matières non renouvelables et en vue d’en limiter ou interdire l’utilisation ou encore mettre en place des plans de transition, à partir de quotas ;
- Mettre en œuvre des dispositifs luttant contre les publicités « écologiquement » mensongères ; remplacer le Bureau de Vérification de la Publicité par une autorité administrative indépendante de la publicité.

- Inscrire, parmi ces orientations, celles qui doivent l’être dans les programmes scolaires.

En outre, le déchet le moins polluant étant celui qu’on évite de produire, je souhaite mettre en œuvre une politique volontariste de réduction à la source des déchets. Sur la prochaine mandature l’objectif que nous nous fixerons sera de réduire de 20% la quantité de déchets produite. Les mesures qui nous permettront de tenir ce cap sont les suivantes :
- Imposer l’éco-conception au stade de la fabrication et le recyclage des produits en fin de vie (étendre le principe de la directive européenne D3E sur les déchets électriques et électroniques à d’autres produits) ;
- Favoriser les produits « durables » ou réutilisables au profit des « jetables » quand les conditions sanitaires le permettent ;
- Faire évoluer le financement des systèmes de collecte et de traitement des ordures ménagères vers des redevances pour toutes les collectivités qui seraient calculées sur les volumes de déchets collectés pour inciter chacun à optimiser sa production de déchets ; généraliser la pesée embarquée pour encourager le tri.
-Favoriser l’économie circulaire, pour que les déchets d’une entreprise devienne la matière première de l’autre.
-Moratoire sur les incinérateurs : il faut revoir le système des déchets en France.


Ces actions et mesures doivent faire partie des objectifs urgents de la gouvernance européenne et mondiale. La France doit cependant initier dans un premier temps au niveau national ce type d’actions, en se faisant le laboratoire d’une économie durable.

3.2. Une agriculture durable pour l’environnement et les agriculteurs

A voir les résultats économiques, sociaux et environnementaux du modèle agricole actuel, je pense qu’il est nécessaire de changer de cap. Ce changement doit être progressif et socialement acceptable pour nos agriculteurs. Il faut pour cela :
- une politique agricole régulée fondée sur les prix et non plus sur les primes, dans des zones homogènes de libre échange pour garantir des approvisionnements en produits sains, la protection de l’environnement et un tissu dense d’agriculteurs ;
- une recherche de débouchés nouveaux car l’agriculture peut rompre notre dépendance au pétrole et répondre à nos défis écologiques (biocarburants, filière bois énergie, matériaux d’origine végétale, captation du carbone…) ;
- une limitation des pesticides comme y est parvenu le Danemark, sans que cela nuise aux exploitants agricoles ;
- une diminution des intrants azotés, par exemple en programmant une diminution de 500 000 tonnes des engrais azotés de notre agriculture, pouvant être réalisée par la définition d’un bilan azoté à l’échelle de l’exploitation, et soit un "permis de consommation" de l’azote, soit un système de bonus-malus, à discuter avec la profession ;
- une réorientation des cultures pour limiter l’irrigation et la consommation en eau ;
- une agriculture biologique encouragée et les principes de l’agriculture intégrée progressivement imposés;
- une déductibilité des investissements écologiques (comme la récupération des eaux pluviales, l’utilisation des engrais naturels, de la biomasse,…) pour encourager les exploitants à des pratiques plus vertueuses.

Enfin, élu à la Présidence de la République, je demanderai au plus vite l’organisation d’ungrand débat national sur les OGM, nourri d’un rapport présenté par les scientifiques de notre pays et qui s’appuiera sur une commission composée en particulier de pharmacologues. En attendant les résultats scientifiques, je suis favorable à un moratoire immédiat sur les OGM. Il ne doit pas y avoir de semis en plein champ avant que nous ayions un recul suffisant sur leurs conséquences sur le milieu et sur la santé humaine.

3.3. Une recherche ayant les moyens de préparer la croissance durable de demain

L’environnement et l’éco-innovation sont un levier fort pour notre croissance et nos emplois, en Europe, et spécialement en France. Pour cela, :
- mettre en place une grande politique de la recherche française et européenne en augmentant les investissements dans les domaines des énergies du futur, des biomatériaux, de la chimie du végétal, des biotechnologies ou encore du génome ;
- encourager les chercheurs à développer des entreprises à la suite de leurs travaux par une réforme des aides à l’investissement ;
- intégrer dans la comptabilité des entreprises la publication des charges et investissements relatifs à la recherche et au développement d’éco-innovations et octroyer des crédits d’impôts aux entreprises actives dans ce secteur.
-Consacrer 5% des crédits des nanotechnologies à étudier leur impact environnemental et sanitaire.

4.Mettre en place une gouvernance publique à la hauteur de nos défis

4.1. Un fonctionnement de l’Etat au service d’un développement durable

Créer un poste de n°2 du Gouvernement chargé du long terme, de la transversalité et de l’évaluation des décisions au regard du développement durable. Mais il ne doit pas s’agir du regroupement de plusieurs ministères existant aujourd’hui dans un seul ou d’un super-ministère de l’environnement, au sein duquel l'écologie serait réduite à la portion congrue ou au rôle de figurant, mais bien d’une autorité au sein du gouvernement en charge du long terme, un « sage » qui aura pour mission de penser l’impact sur l’avenir de chacune des décisions que le gouvernement prépare. Les décisions qui le concernent devront obligatoirement recevoir son contreseing.

Nous devons développer la démocratie participative et le débat public, outils fondamentaux pour un développement durable mais qui sont trop souvent aujourd’hui utilisés comme des leurres. Il faut au plus vite une loi qui pose la méthode et les principes incontournables de la concertation sur le statut du médiateur, l’obligation de réponse, les délais acceptables, la prise en compte réelle par le décideur final, le contrôle… La concertation éclairera alors efficacement les choix publics.

Il faut par ailleurs que chaque grande collectivité rende plus de comptes sur la politique de développement durable menée. Un audit indépendant, sur le modèle des agences de notation sociale et environnementale des entreprises serait un outil pertinent.

Il faut mettre en place, à côté du PIB, des indicateurs éco-environnementaux, du type Bien Etre Economique, et indicateur de Développement humain.

Enfin, nous souffrons d’un manque de culture du développement durable que nous devons combler. Il faut renforcer l’information au grand public sur les enjeux d’un développement économique responsable, soucieux de progrès social et de respect de l’environnement. Sur ce dernier point, nous devons encourager les éco-gestes, notamment en matière de maîtrise de l’énergie, des déchets et de l’eau et surtout systématiser la question écologique dans toutes les formations, du primaire aux études supérieures et professionnelles et diffuser les bonnes pratiques de chaque catégorie d’acteur (entreprises, citoyens, pouvoirs publics…).

4.2. Un renforcement urgent de la régulation supranationale

Je pense qu’il est urgent de mettre en place une économie mieux régulée, plus sobre et plus responsable.

Cela passe nécessairement par la construction d’une gouvernance internationale plus forte, et ce :
- au niveau européen, construction d’une Europe politique qui fait de l’environnement un des moteurs de son projet et du développement durable l’objectif commun à tous les Etats membres. Je propose la mise en place d’instances permettant une véritable politique européenne de l’énergie et de l’écologie ayant pour objectif l'indépendance énergétique de l'Europe et la réduction des gaz à effet de serre, la recherche dans de nouvelles technologies, l'accroissement du pouvoir de négociation de l'Europe sur les marchés mondiaux et la préservation et l'amélioration de notre environnement.
- Au niveau international, constitution au plus vite d’une Organisation Mondiale de l’Environnement (OME) pour assurer une régulation internationale effective. Cette instance doit être mise en place au sein de l’ONU, seule organisation internationale disposant de l’audience nécessaire pour réguler les marchés financiers, pour imposer des règles et minima environnementaux et pour résoudre les inégalités écologiques Nord-Sud et leurs conséquences dramatiques. Elle disposerait de ressources propres permettant d’exercer un rôle de contrôle, d’arbitrage et de sanction pour toutes les atteintes à l’environnement dans le monde. Sur de nombreux sujets fondamentaux nous devons prendre des mesures rapidement. En matière d’éthique financière par exemple, il faut faire de la lutte contre les paradis fiscaux une priorité, ceux-ci conduisant souvent au dumping environnemental et social. En matière de transport maritime, il est temps de rendre les assurances pour la pollution environnementale obligatoire comme aux Etats-Unis et de créer par exemple un fonds mondial financé sur un pourcentage du trafic et permettant de réparer les dommages environnementaux créés.
Il faut répondre à l’urgence et en même temps bâtir un projet de société pour la France, l’Europe, la planète.

4.3. Le développement durable, une mission planétaire pour la France

Donner unenouvelle impulsion à la diplomatie environnementale de la France pour ouvrir la voie d’une gouvernance mondiale inspirée des principes du développement durable. Il revient au Président de la République Française de dire aux autres peuples que nous avons une responsabilité en commun.

Il s’agit, à l’instar de la stratégie développée par le Royaume-Uni pour le changement climatique, de s’approprier des dossiers globaux concrets et en souffrance, notamment ceux de la biodiversité, du développement intégré des territoires, des effets migratoires du changement climatique, de l’environnement et de la santé. Nous avons de nombreuses ressources, en idées, en hommes et en budget pour le faire, mais aussi une expérience et une légitimité reconnues sur certains de ces sujets. Il faut aussi donner à cette diplomatie une nouvelle dimension : porte-parole des droits de l’Homme, la France doit aussi devenir le porte-parole des droits des générations futures.

Conclusion

Il n’y a pas de projet de développement durable qui vaille :
- sans un investissement politique fort au niveau international ;
- sans construction de l’Europe politique ;
- sans un Parlement français qui fonctionne ;
- sans le dépassement des clivages politiques traditionnels ;
- sans investissement dans la recherche et l’éducation ;
- sans croissance économique, sans finances publiques saines et amélioration du pouvoir d’achat de nos concitoyens pour financer les mutations technologiques et les investissements nécessaires ;
-sans solidarité envers ceux qui sont les laissés pour compte de notre société et qui souffrent le plus de nos modèles de croissance « insoutenables ».


 

 

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10 mars 2007 6 10 /03 /mars /2007 21:51

Voici un résumé court sur cette technique. N'hésitez pas à consulter les documents détaillés sur les liens du blog et le site www.agroforesterie.fr

 

Publié le mercredi, 20 octobre 2004
Auteur(s): B. Estevez, agr.

BRF: Bois raméal fragmenté, un amendement pour les sols agricoles

Le professeur Gilles Lemieux, ancien professeur de la faculté de Foresterie de l’Université Laval, travaille depuis 20 ans sur cette ressource naturelle qui peut contribuer à la régénération des sols qui manquent de matière organique.

Les " BRF " comme on les appelle, soit les bois raméaux fragmentés, sont les branches des arbres dont le diamètre est inférieur à sept centimètres. Au-dessus de ce diamètre, les branches commencent à être valorisées pour le bois de chauffage et la fragmentation exigerait une machinerie plus lourde.

Le BRF est la partie la plus riche de l’arbre. On y retrouve 75% des minéraux, des acides aminés, des protéines et des catalyseurs. Il est donc plus riche que le bois du tronc et des grosses branches et son rapport C/N est donc plus petit: de 25:1 à 175:1, selon l’espèce et la période de récolte, alors que celui du bois varie normalement de 400 à 600:1. En général, on trouve moins de lignine et plus d’hydrates de carbone dans les feuillus que dans les résineux.

Dans le début des années 1980, le professeur Lemieux en collaboration avec le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, ont mis au point une technique de valorisation des BRF en association avec le lisier de porc: la méthode SYLVAGRAIRE. D’un point de vue forestier, les ingénieurs étaient préoccupés par la sous-utilisation des résidus forestiers. En effet, seulement 30% de la biomasse forestière était alors exportée. Le reste restait au sol mais sans être fragmenté.

La méthode SYLVAGRAIRE utilise du lisier de porc ou du fumier de poulet (riche en azote) pour abaisser le ratio C/N autour de 30:1 afin d’améliorer la décomposition des BRF et ainsi éviter une immobilisation de l’azote du sol. Mais aussi, les BRF sont un bon complément au lisier de porc qui contient peu de cellulose et peut subir des pertes d’azote par volatilisation, lessivage et ruissellement selon les conditions d’épandage.

La méthode SYLVAGRAIRE comprend cinq opérations: Le labour, l’épandage des BRF, l’épandage d’un lisier ou sinon, un fumier non pailleux et riche en azote, le hersage afin de mélanger toute cette matière organique dans les cinq premiers centimètres du sol puis le semis ou la transplantation selon les cultures.

Des essais utilisant 105 mètres cubes par hectare (m3/ha) de BRF – environ 26 tonnes – et 28 m3/ha de lisier de porc ont donné de bons résultats. Notons que lorsqu’on utilise des BRF frais (15 juillet au 15 septembre), il serait possible de diminuer la dose de lisier entre 20% et 30% dans le cas de fumier de poulet.

La plupart de ces essais agricoles ont été réalisés dans des sols sableux et dans les productions de pommes de terre, céréales, fraises et tournesol. Les rendements ont été doublés dans les fraises. Dans la pomme de terre, la matière sèche a augmenté de 25% et la conservation des tubercules était meilleure. Dans les fraises, la méthode a permis un meilleur développement des racines. Les chercheurs ont aussi constaté une diminution des insectes ravageurs comme le doryphore dans les pommes de terre et le puceron dans les fraises.

Une étude québécoise plus récente (Otrysko et Pagé, 2001) a permis de confirmer les bienfaits des BRF. En effet, l’apport de 25 t/ha (250 m3/ha) à l’automne avec ou sans compost (fumier et tourbe) épandu au printemps dans la production de pommes de terre en rotation avec le seigle comme engrais vert a permis un plus grand rendement, une augmentation significative de la quantité de matière sèche du tubercule ainsi qu’une incidence moindre de la gale.

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10 mars 2007 6 10 /03 /mars /2007 19:31

Si on ne considère que l'écobilan d'usage d'une automobile, C'est à dire l'aval, on risque de se tromper lourdement sur la qualité écologique d'une automobile.

Un cabinet d'études américain a effectué un travail considérable sur une centaine de modèles et sur des milliers de données pour considérer un bilan écologique en cycle entier. Tout est passé à la "moulinette": l'achat de matières premières pour la produire, le mode de production (flux tendu, localisation des fournisseurs, implantation des usines, mode de distribution), le mode d'élimination.

Ce rapport n'est pas destiné à faire de la morale environnementale. Si on considère que les problèmes d'environnement sont globaux, alors on ne peut pas tricher avec la réalité des faits. Les résultats sont surprenants.

En effet, en cycle entier, la Toyota Prius s'avère nettement moins écologique que le Hummer, sensé être, en survol, très polluant.

Cette étude montre que l'écoconception dépasse largement le débat réducteur sur les consommations et émissions des moteurs. Je mets en lien l'étude complète en anglais. C'est une étude très professionnelle, sans concession, sans idéologie.

http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/00/42/10/ecobilan.pdf  

Nous pouvons, à cap21, apporter cette compétence dans l'écoconception pour construire l'écologie de demain.  

Cette étude démontre que les discours actuels sur les modes de production d'énergie sont très insuffisants pour aborder les problèmes écologiques.

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9 mars 2007 5 09 /03 /mars /2007 22:10

Une fois de plus, Nicolas Sarkozy a stigmatisé les écologistes en public. Ainsi, d'après lui, ils feraient revenir l'humanité à l'état sauvage. La méthode de communication Sarkozy est toujours la même. On commence par dénigrer un corps social pour l'abattre en diffusant des contre-vérités. Puis il vient signer en grand seigneur un pacte écologique qui est une version minimum du programme des écologistes depuis des années. La contradiction et la désinformation règne. La loi sur l'énergie met en priorité les économies d'énergie. Rien de tout cela dans le programme UMP. Le discours est d'ailleurs à peu près le même chez Marinne Le Pen. L'incompétence et le manque de connaissance des dossiers règne. Les solutions simplistes émergent (nucléaire ou charbon propre par exemple).

Il n'y a rien d'innovant à l'UMP et au PS sur la politique énergétique, les transports, l'agriculture, les bâtiments, l'écoconception. Chez eux, on reproduit les schémas du passé en ajoutant à la marge un zest d'écologie.  

Les écologistes n'ont jamais interdit quoique ce soit, même pas les verts. Il ont seulement dénoncé les excès de modes de consommation et de production. Faire de l'écologie est tout au contraire rentrer de plein pied dans la modernité, c'est plus de savoir, de recherche, de savoir faire, d'intelligence. C'est, ne pas reproduire un système économique et social à bout de souffle.

La pauvreté du programme écologique de l'UMP et à un degré moindre du PS a été validé par la notation de l'alliance. Les notes sont en dessous de 10 pour l'UMP, celui de Corinne Lepage et Dominique Voynet culmine au dessus de 15. Le programme ECORESP2 est d'une autre consistance, c'est un "new deal" écologique de haute tenue relèguant dans le championnat de France amateur les grands partis. 

  • Dominique Voynet (les Verts) et Corinne Lepage (Cap 21) : 16,5
  • Ségolène Royal (PS) : 13
  • François Bayrou (UDF) et Marie George Buffet (PCF) : 9
  • Nicolas Sarkozy (UMP) : 8,5
  • Olivier Besancenot (LCR) : 8
  • Philippe de Villiers (MPF) : 7
  • Jean-Marie Le Pen (FN) et Arlette Laguiller (LO) : 5

Mais attention, les Etats-Unis sont en train de lancer dans une centaine d'universités, sans le clamer sur tous les toits, un programme d'innovation écologique sans précédent avec des moyens énormes. A force de ne pas prendre en compte sérieusement ces questions, nous allons être largués économiquement par des gens plus innovants que nous.

Le contenu du programme économique de Mr Sarkozy est porteur d'illusion, et donc de déception, en sus de la faiblesse environnementale. C'est la cohésion sociale qui alors volera en éclat. La population ne supportera pas financièrement la hausse inévitable du coût de l'énergie et notre dépendance énergétique.

   

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22 février 2007 4 22 /02 /février /2007 00:39

L'association Sabine travaille au développement de l'usage du vélo dans l'agglomération rouennaise. Elle a enregistré une adhésion accompagnée d'une lettre que je vous transmets. C'est un habitant de Mont-Saint-Aignan.

Je cite:

"Je vous envoie la somme de 30 Euros" (il faut savoir que la cotisation minimum est de 10 euros)

Je poursuis:

 "Vous savez, à l'âge que j'ai , je ne peux être présent à votre assemblée générale. J'ai toujours fait du vélo depuis l'âge de 12 ans. J'ai eu mon premier vélo en 1927. Je n'ai pas de voiture. Je vais avoir 92 ans le 14 Mars et fait mes courses tous les jours.  Je vous appuie pour ce que vous faites, cela n'est pas facile. Je vous félicite." fin de citation.

Il y a une semaine, j'assistai à une réunion sur les déplacements à Rouen. Le vice-président de l'agglomération en charge des transports en commun, répondant à une question sur la non application de la loi sur l'air (article 20 inclus maintenant dans le code de l'environnement) imposant d'inclure dans les études de réaménagement de voirie les itinéraires vélos (pistes, bandes, axes partagés à faible vitesse pour les voitures, plans de déplacements), développait des arguments visant à balayer d'un revers de main la priorité donnée aux transports doux dans l'agglomération rouennaise.

Les arguments développés ne dépassaient pas le niveau des discussions du café du commerce, indigne du rang d'un élu d'une grande agglomération française. Par exemple, la population française vieillit, donc elle ne peut faire du vélo pour se déplacer, donc ce n'est pas la peine de développer outre mesure ce mode de transport. La population française vieillisante serait-elle si infirme et malade qu'elle ne puisse effectuer ses déplacements à vélo? L'exemple ci-dessus en est un magnifique contre-exemple. La réalité est que si on utilise son vélo pour se déplacer depuis le collège, on vieillit en meilleure santé.

Ce qui est incroyable, c'est que la conception des déplacements doux, et spécifiquement du vélo, de ce vice-président est totalement contraire à tous les documents d'urbanisme de l'agglomération, à ses engagements, aux engagements de son président. Le développement du vélo arrive au même niveau de priorité que celui des transports collectifs dans le PDU de l'agglomération rouennaise et dans le contrat d'agglomération.

Autre exemple. Après avoir travaillé longuement avec l'association Sabine pour le plan communal vélo de Sotteville-les-Rouen, la mairie n'a même pas daigné mentionner une seule fois le mot vélo dans le volet déplacements de son plan local d'urbanisme, le rendant ainsi incohérent par rapport au plan de déplacements urbain d'agglomération, et donc non conforme à la loi qui oblige à la cohérence des documents d'urbanisme à toutes les échelles.  

 L'argument consternant des capacités physiques  a été également utilisé par Yves Calvi dans "c'est dans l'air" sur arte: "la moitié de la population est incapable de rouler à vélo pour cause de mal au dos ou autre bobos". Décidément l'infirmerie France est pleine. Nous sommes au bord de l'effondrement à en croire ces messieurs.

Décidément, tous les procédés sont bons pour discréditer ce mode de transport dont les avantages considérables à tout point de vue ont été démontrés par de nombreuses thèses de recherche (travaux de Frederic Heran au CNRS). 

Poser la question du vélo sous l'angle de la capacité de différents publics à en faire n'est pas la bonne manière de poser le problème.

Pour un élu, la bonne façon de faire est de se référer au droit, le droit au transport exprimé dans la loi d'orientation sur les transports intérieurs de 1982 (loi LOTI), le droit de l'environnement avec la loi sur l'air.

La LOTI institue le droit pour chacun d'utiliser le mode de transport de son choix dans des conditions de sécurité et d'usages acceptables. 

Le problème du vélo sur la voirie doit être examiné sous l'angle de la liberté de choisir et non sous un angle marketing qui est le rôle des entreprises. Il faut remarquer que partout où l'offre vélo est sécurisée, l'usage explose. L'usage suit donc le droit. 

Le développement du vélo en tout milieu est un droit non négociable, donc un devoir pour les élus de le mettre en oeuvre avec la diligence nécessaire, ce qui est loin d'être le cas. Il y a trop d'incohérences dans la conduite de ce dossier.

L'automobile est incontournable dans nombre de déplacements, le vélo aussi. 

 

 

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19 février 2007 1 19 /02 /février /2007 23:34
Je vous invite à lire ce livre. Le résumé est déjà édifiant.
 
Des livres
Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie (Jared Diamond)
Jared Diamond, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie. Gallimard, 2006.


(JPEG)

Géographe à l’université de Californie, à Los Angeles, Jared Diamond est également un biologiste et un physiologiste qui publie son troisième ouvrage sur l’avenir du monde. En reliant un impressionnant travail d’archives et de prospective, il éclaire les questions que nous nous posons sur le climat, l’environnement, les ressources. Qu’on ne s’y trompe pas : en écrivant sur les Vikings ou les Mayas mis en parallèle avec les Rwandais, les Haïtiens, les Chinois ou les Australiens, c’est de notre futur qu’il s’agit.

D’autant que Jared Diamond prévient le lecteur : « L’échec n’est pas réservé aux petites sociétés périphériques vivotant dans des contrées fragiles. Les sociétés les plus évoluées et les plus créatives peuvent aussi s’effondrer » écrit-il, en citant l’exemple des Mayas dont le temps a englouti, en quelques dizaines d’années, la brillante civilisation. Ces millions d’habitants dont il ne reste rien des dynasties, des calendriers, de l’art, de l’écriture, de l’urbanisme, de l’astronomie... Diamond n’y va pas par quatre chemins : c’est l’exploitation sans vergogne des ressources naturelles qui fut largement à l’origine de la chute de la Grèce mycénienne, des civilisations du Moyen Orient et de l’Indus ou de l’Empire khmer dont il reste l’étonnant Angkor Vat : « tous les peuples sont susceptibles de verser dans la surexploitation de leur environnement, d’autant plus que sa dégradation progressive, brouillée par les fluctuations ponctuelles, reste difficile à appréhender ».

Jared Diamond a développé plusieurs cas dans son ouvrage dont on peut, à titre d’exemples, citer quelques analyses. Il parvient à écrire une véritable géographie des Mayas. On sait que les densités en pays maya étaient très élevées entre 250 et 800, du fait des techniques d’irrigation qui ont fait la fortune de cités-Etats. Comme elles le firent en Europe avec les cathédrales, les « villes » entrent dans une concurrence au plus beau temple, alimentée par les pouvoirs monarchiques locaux. Le déboisement ruine la forêt, assèche le climat qu’un cycle général de réchauffement des températures rend encore plus prégnant. Une famine provoque des guerres civiles, des maladies tandis que les rois se coupent du peuple. C’est pourquoi Cortès ne verra rien des Mayas dans les Yucatan qu’il traverse en l’an 1524. Un deuxième exemple est celui des moai de l’Ile de Pâques. 847 moai - dont une moitié reste encore dans des carrières - pesant jusqu’à 270 tonnes, ont été taillés et alignés sur des plates-formes monumentales. Comment refaire la géographie de cette île, sachant que les Polynésiens s’y sont installés probablement vers l’an 900 et que huit cents ans plus tard, les navigateurs européens n’y découvrent que la ruine et la désolation des arbres et des animaux disparus. La forêt aurait été détruite en six cents ans, pour produire ces statues qu’il avait fallu acheminer sur des rails en bois, avec des cordages. Les chefs auraient, dans leur délire concurrentiel, conduit à l’extension des terres cultivées et à la ruine de la forêt. L’impossibilité de construire des pirogues, la famine jusqu’à l’anthropophagie, la destitution des chefs à la fin du 17e siècle et, pour finir, la destruction des statues, brisées au niveau du cou, par la société qui les avait édifiées, tel fut le destin des douze tribus des Pascuans.

Pour Jared Diamond, quatre facteurs peuvent concourir à l’effondrement d’une société : le changement climatique, la dégradation de l’environnement, l’hostilité des voisins, des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux. Mais les réponses apportées par une société, selon ses valeurs propres, peuvent enrayer le processus, comme Diamond le montre pour le cas de la République dominicaine qui partage le même espace géographique qu’Haïti. Les Vikings installés au Groenland offrent une belle occasion de montrer comment ce peuple fut victime du petit âge glaciaire au 14e siècle. En refusant de s’accommoder au froid, de chasser la baleine, de manger du phoque, en préférant garder le mouton et le bœuf nécessitant du fourrage, l’urbanisme scandinave et ses églises coûteuses, les Vikings s’exposent à la mort plutôt que d’embrasser le genre de vie des peuples locaux qu’ils détestent.

Les analyses sur la Chine, « géant qui titube », l’Australie ou le Montana surprendront plus d’un lecteur. Elles montrent qu’il n’y a rien de fatal dans la course accélérée à la dégradation mondialisée de l’environnement mais qu’il va falloir prendre de bonnes décisions. Comment peuvent se mobiliser les grandes entreprises pour protéger l’environnement ? Et qu’est-ce que cela implique que le monde soit devenu un « polder » ? Diamond sait, comme Fourastié en ses Trente Glorieuses, être persuasif en décrivant la Californie comme il la voit : « les problèmes environnementaux et démographiques ont miné l’économie et la qualité de vie en Californie du Sud. Ils sont dans une large mesure responsables de nos pénuries d’eau et de courant, de notre accumulation d’ordures, de notre surpopulation scolaire, de nos pénuries de logements, de nos hausses de prix et de nos embouteillages ». En France, on pourrait remplacer Californie par... Languedoc ou Provence pour actualiser spatialement la démonstration. Diamond fixe de sérieuses mises en garde : non, la technologie ne résoudra pas ce type de problèmes ; non, les ressources sont bien épuisables ; oui, il y a bien un problème alimentaire mondial ; non, la crise démographique ne se résoudra pas d’elle-même. Et il enfonce le clou en fustigeant ceux qui pensent que le souci de l’environnement est un luxe de riches. On pourrait ajouter : nous voilà prévenus.

C’est ainsi que la géographie s’invite au débat du monde et qu’elle donne le meilleur d’elle-même.

Compte-rendu : Gilles Fumey

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12 février 2007 1 12 /02 /février /2007 22:22

La voiture à air comprimé prend son essor ...........................en Inde.

 

LA VOITURE À AIR COMPRIMÉ INTÉRESSE LE GROUPE TATA

 

M. Guy Nègre, fondateur de l'entreprise MDI et inventeur de la voiture à air comprimé (cf. revue de presse du 1/8/02), a conclu un partenariat avec Tata Motors, qui va l'aider à développer son projet. Aux termes de l'accord, MDI cédera la licence de fabrication et d'exploitation de sa technologie sur le marché indien. Le montant de la transaction n'a pas été communiqué, mais l'entreprise indique que « cet argent va permettre d'achever le développement du véhicule et de commencer la production ».  M. Nègre, ingénieur de 65 ans, tente depuis dix ans de trouver des partenaires financiers pour concrétiser son projet de voiture équipée d'un moteur bioénergie roulant à l'air comprimé jusqu'à une vitesse de 50 km/h (pour une autonomie de 50 km), puis passant à une alimentation en carburant classique. (MONDE 9/2/07)

 

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12 février 2007 1 12 /02 /février /2007 22:12

Voici un arrêté pris par la ville de Paris pour favoriser l'usage de la marche à pied et du vélo dans des rues étroites au quartier des Halles.

Voirie et Déplacements. — Arrêté no 2006-160 portant

création d’une aire piétonne dans la zone des Halles,

à Paris 1er.

Le Maire de Paris,

Vu le Code général des collectivités territoriales, et notamment

ses articles L. 2213-2, L. 2213-4, L. 2512-13 et L. 2512-14 ;

Vu le Code de la route, et notamment ses articles L. 325-1,

L. 325-2, L. 325-3, R. 110-1, R. 110-2, R. 417-10 et 431-9 ;

Vu le Code de l’environnement ;

Vu les arrêtés préfectoraux no 81-10421 du 27 mai 1981,

82-10688 du 8 octobre 1982, 83-10644 du 16 août 1983,

94-111699 du 20 décembre 1994, 00-100037 du 10 janvier 2000

et 01-15010 du 4 janvier 2001, réglementant la circulation et le

stationnement dans le secteur des Halles, à Paris 1er ;

Vu l’arrêté municipal no 2003-00002 du 20 janvier 2003

modifiant la réglementation d’une voie à Paris 1er ;

Considérant la nécessité de réduire la place de l’automobile,

de restreindre l’accès, la circulation et le stationnement des véhicules

motorisés pour préserver l’environnement, la sécurité et la

tranquillité des voies publiques du quartier piétonnier des Halles

et de favoriser la circulation des cycles non motorisés, sans pour

autant écarter le droit d’accès des riverains ;

Considérant qu’il convient, dans ces conditions, de créer une

aire piétonne dans ce quartier ;

Sur proposition du Directeur de la Voirie et des Déplacements

;

Arrête :

Article premier. — Il est institué une aire piétonne dans les

voies ou sections de voies suivantes à Paris 1er :

— rue Berger, entre la place Maurice Quentin et le

boulevard de Sébastopol ;

— place Maurice Quentin ;

— place Joachim du Bellay ;

— rue des Innocents ;

— place Marguerite de Navarre ;

— passage des Lingères ;

— rue Sainte Opportune ;

— place Sainte Opportune ;

— rue Courtalon ;

— rue des Lombards, entre la rue Sainte Opportune et

la rue Saint-Denis ;

— rue de la Reynie, entre la rue Saint-Denis et le

boulevard de Sébastopol ;

— rue Saint-Denis entre la rue des Lombards et la rue

Etienne Marcel ;

— rue de la Cossonnerie ;

— rue des Prêcheurs ;

— rue Pierre Lescot entre la rue Berger et la rue de la

Cossonnerie et la rue des Prêcheurs et la rue Etienne Marcel

;

— rue Rambuteau, entre la rue du Jour et le boulevard

de Sébastopol ;

— rue de la Grande Truanderie ;

— rue de la Petite Truanderie ;

— rue du Cygne.

La circulation et le stationnement des véhicules y compris les

deux roues motorisées sont interdits dans les voies susvisées. Le

stationnement des cycles y est autorisé sur les seules zones prévues

et équipées à cet effet.

Art. 2. — Par dérogation aux dispositions de l’article

ci-dessus, l’accès à ces voies reste autorisé :

— aux véhicules d’intervention urgente et de secours ;

— aux véhicules des services publics utilisés pour l’exercice

de leurs missions ;

— aux véhicules des habitants des immeubles riverains ;

— aux taxis ;

— aux véhicules de livraisons ;

— aux véhicules de transports de fonds.

Art. 3. — Le stationnement ou l’arrêt dans les voies énumérées

à l’article 1er ci-dessus en infraction aux dispositions du présent

arrêté est considéré comme gênant la circulation publique et

2534 BULLETIN MUNICIPAL OFFICIEL DE LA VILLE DE PARIS 17 octobre 2006

sanctionné sur la base des dispositions de l’article 417-10 du

Code de la route et des autres articles y afférents.

Art. 4. — La vitesse des véhicules autorisés à utiliser les

voies désignées à l’article 1er ci-dessus y est limitée à 15 km/h.

Art. 5. — Dans les voies à sens unique, les cycles sont autorisés

à circuler à contre sens de la circulation.

Art. 6. — L’arrêté préfectoral no 81-10421 du 27 mai 1981

est abrogé.

Art. 7. — Le Directeur de la Circulation, des Transports et du

Commerce, le Directeur de l’Ordre Public et de la Circulation et le

Directeur de la Police Urbaine de Proximité sont chargés, chacun

en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté qui sera

publié au « Bulletin Municipal Officiel de la Ville de Paris ».

Fait à Paris, le 9 octobre 2006

Pour le Maire de Paris

et par délégation,

L’Adjoint au Maire

chargé des Transports, de la Circulation,

du Stationnement et de la Voirie

Denis BAUPIN

 

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11 février 2007 7 11 /02 /février /2007 19:28

Voici une lettre envoyée aux médias par Guy Fichet de Ouistreham et mon commentaire à la suite:

POLLUTION  QUI  A   DIT  POLLUTION ?

 

 

 

Actuellement vous ne pouvez pas ouvrir un journal ou regarder une télé sans que l’on vous parle de pollution. (A juste titre)

    Mais si nous parlons de pollution, il ne faudrait peut être pas mettre tout le monde dans le même panier.

    Lorsque l’on parle de pollution industrielle, les entreprises sont accusées de trop polluer et de ne pas acheter de droit à polluer.

    Certes , il y à certainement des efforts à faire mais ATTENTION : Si nous sommes trop sévères, elle délocaliseront avec un désastre de plus pour l’emploi. La fumée fera quand même le tour de la terre.

     En ce qui concerne la pollution automobile, c’est encore pire :

 Les automobilistes sont bien obligés de conduire  ce que les constructeurs leurs proposent en évitant tous les parcours inutiles bien sûr.

Beaucoup d’efforts et de recherches ont été faits ( voitures Hybrides,Electrique, ect)

Mais en ce qui concerne le transport de marchandises tout le monde est muet, y compris Nicolas Hulot.

Les LOBBYS routiers sont-ils aussi puissants au point d’avoir rendu tous les médiats et certains défenseurs de la nature complètement aveugles ??

       Un journal spécialisé dans le transport à estimé à 1000 le nombre de camions sens/jour entre le tunnel sous la manche et Perpignan.

Je me suis livré à un petit calcul rapide :

Tunnel…Perpignan égal 1000 Kms : Un poids lourd consomme en moyenne 35 litres/100

CALCULONS : 2000 poids lourds sur 1000Kms avec 35 l/100 égale 700Tonnes de gasoil de brûlés chaque jour.     700 T/J  multiplié par 250 jours ouvrables soit  175000 Tonnes.

 

           Vous avez bien lu 175000 tonnes brûlés par an et sur un seul axe.

 

Dans la même étude nous pouvons lire que 80 pour 100 de ces camions sont étrangers.

               (Portugais , Espagnols ou venant de l’Europe du nord)

Ils traversent notre pays sans aucune retombée économique , polluant, détruisant nos routes et provoquant un grand nombreux d’accidents avec les blessés et les morts qui en découlent.

       La Belgique vient d’interdire les sauts de puces sur son territoire avec les avions à cause de la pollution et du bruit.

Messieurs les politiques Français un peu de courage : Légiférér :

Interdiction de transporter les marchandises par la route sur une distance de plus de 500Kms dans un premier temps. Privilégiez le train ou la voie d’eau.

 Sur l’axe Tunnel.. Perpignan avec 20 Trains jour/sens, la consommation du gasoil sur cet axe

serait ramenée à 35000t/an ce qui est encore trop mais nettement mieux.

Si nous voulons sauver la planète, il faut être ferme .

Si nous ne faisons rien, dans 10 ans nous ne pourrons plus rouler sur les routes FRANCAISES.

 

Guy Fichet

OUISTREHAM

 

mon commentaire:

 
Je me dois de répondre avec des données globales et relatives. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas légiférer sur le point que vous évoquez.
 
Quand on parle de la pollution des transports, il faut analyser l'ensemble. Malheureusement, nous sommes obligés de recadrer les raisonnements en fonction de la réalité actuelle.
 
Le trafic routier dans son ensemble représente 40% des émissions et consommations et les voitures particulières 60%. Le trafic aérien ne représente que quelques% de l'ensemble.
 
Mais vous avez raison sur un point, dans le domaine du transport en général, on arrive vite à des chiffres énormes en consommation d'énergie fossile. Le transport représente environ 1/3 des consommations et 1/4 des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Eff"ectivement, si nous exportons nos modes de vie à la Chine et l'Inde, alors nous courons à la catastrophe environnementale.
 
Comme je le disais, il faut analyser globalement le problème et hiérarchiser les priorités.
 
Un chiffre pour illustrer:
 
Il y a 30 millions d'automobiles en France, 800 millions dans le monde. Chacune consomme 1 tonne équivalent pétrole, soit  30 milions de tonnes équivalent pétrole pour le parc français, 800 millions dans le monde. Les réserves prouvées en 1999 étaient évaluées à 200 milliards de tonnes.
On voit donc que l'effort prioritaire à faire est sur les 450 milliards de kilomètres effectués par les voitures particulières.
 
En terme de trafic, le trafic longue distance en camion ne représente que quelques % du trafic globale. Par exemple, à Rouen, sur les 45000 véhicules qui circulent tous les jours avenue du Mont-Riboudet, 8% représentent les poids lourds.
 
Dans les déplacements poids lourds, 80% font moins de 150km.
 
Dans le tonnage de marchandises transportés, en ville, la moitié est transportée par les particuliers eux-mêmes dans leur voiture.
 
Bien sûr, il faut valoriser le ferroutage, la voie d'eau et légiférer. Mais il ne faut pas s'illusionner sur l'impact positif de ces actions sur l'environnement global de la planète. En sus, il faut que ces nouveaux modes de transports soient industriellement efficaces.
 
On voit qu'en élargissant la réflexion, on sort des discours simplistes développés dans les médias et cela nous oblige à être plus innovants et plus complets dans nos réponses. La face émergée de l'iceberg camion ne doit pas nous dédouanner de réduire notre consommation de kilomètres en voiture particulière, surtout en milieu urbain. Pour les solutions innovantes, je vous renvoie aux quelques articles du blog transports.
 
Le fil rouge des vraies solutions est de développer des logiciels d'organisation des transports pour augmenter les tonnes marchandises par camion, le taux d'occupation des véhicules particuliers, et d'articuler de façon efficace les modes de transport entre eux. Un autre volet à travailler est de favoriser les circuits économiques courts.
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4 février 2007 7 04 /02 /février /2007 22:22

Un certain nombre d’écrits commence à attirer l'attention du public sur des thèmes glissants. L'écologie serait une dictature car elle mènerait à une intrusion dans les choix de vie quotidienne des populations. Elle serait castratrice de liberté. S’ajoute à cela la stigmatisation des écologistes. On les montre du doigt en les décrivant comme des agitateurs de peurs, ce qui renforce cette idée de dictature. En effet, la peur induit le manque de confiance en soi, donc le recours à l’homme providentiel toujours tenté d’imposer des solutions par des contraintes fortes. Elle empêche la population de se prendre elle-même en main pour régler collectivement ses propres problèmes de fonctionnement, donc de s’émanciper, de se donner de la liberté durable.  

 

Il est légitime de se poser cette question. Elle amène cependant à discréditer  un discours pour écarter politiquement des mouvements émergents proposant des solutions innovantes.  

 

Se poser la question du développement durable revisite notre conception de la liberté, ou plutôt l’inventaire des différentes libertés. On peut opposer la liberté instantanée et la liberté durable, la liberté individuelle et la liberté collective.  

 

 L’exemple de l’usage de l’automobile et de la mobilité est très illustratif.  

 

Liberté instantanée :   je veux aller de la porte de chez moi à la porte de la destination aussi vite que je veux et quand je veux. 

Liberté durable : si je fais cela, je ne vivrai pas longtemps car l’accident de la route est proche. 

Liberté collective : si je fais cela, je risque de renverser des piétons et donc de priver des personnes de la liberté de vivre. 

Liberté collective encore : si chacun fait cela, on crée des embouteillages gigantesques et on bride la liberté de se déplacer. 

Liberté collective à nouveau : si les 6 milliards d’habitants de la planète font cela, alors les dégâts climatiques seront tels que les désordres des sociétés mettront en danger les démocraties.  

 

La question n’est donc pas tant « est-ce que l’écologie est une dictature ? », mais plutôt « comment peut-on mener le projet écologiste de façon démocratique en visant l’optimum des libertés.  

 

C’est tout le sens du combat pour l’autonomie des agriculteurs et du débat sur les OGM face aux semenciers, de celui des maisons autonomes en énergie pour ne pas assécher les populations à faibles revenus, des indépendances nationales par rapport aux énergies fossiles, des agriculteurs à l’Est de Las Vegas qui se battent contre l’agence de l’eau de la ville pour garder la liberté de vivre de leur travail, des cyclistes urbains qui se battent pour pouvoir se déplacer en sécurité, etc….  

 

Non, vraiment, se battre pour l’écologie c’est lutter pour la liberté de choix compatible avec un vivre ensemble acceptable. L’écologie, c’est regarder la réalité en face pour proposer des solutions adaptées. C’est faire en sorte que les populations s’approprient celles-ci et mettent en œuvre ensemble des modes d’action librement consenties. C’est faire la part des choses entre toutes les sortes de libertés.    

 

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