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Texte libre

Corinne Lepage,

ministre de

l'environnement

 de 1995 à 1997

et présidente de cap21

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26 septembre 2006 2 26 /09 /septembre /2006 23:19

Cet article répond aux commentaires de Jean-Philippe Dayres et éclaircit le débat, décode les arguments développés.

Jean-Philippe a brossé un tableau assez juste mais vu du côté du jeu d'acteurs industriels. Qu'en est-il de l'automobiliste.  

Il faut distinguer, devant le tapage médiatique habituel, les arguments qui relèvent de la plus pure communication électorale du gouvernement de ceux qui ont un début de réalité.

Que permet de faire le lancement du couple bioethanol moteur flex?

Il permet:

de seulement poser des jalons bien maigres pour diminuer notre dépendance au pétrole.

de stimuler une concurrence, donc diminuer le poids de l'industrie du pétrole, donc éviter une envolée trop prononcée des prix, mais à la marge. Les français roulant le plus en voiture étant les plus riches, voir le tableau du précédent article, ce sont finalement ceux-là qui profiteront du système sans pour autant en voir réellement les effets. 

de se donner les moyens pour plus tard d'une certaine indépendance énergétique pour le transport.

Il permet de donner du travail à un type d'agriculture et à l'industrie automobile. 

Par contre, ce lancement ne permet pas:

de modifier sensiblement les conditions économiques précaires des ménages dont le budget est sensible au coût du transport. Le bioethanol aidé par l'état coûte 25% moins cher environ que l'essence,  le moteur flex consomme 25%  de plus environ. Il ne s'adapte pas aux moteurs actuels. Le parc français est majoritairement diesel. Les français ne changent de voiture que tous les 8 ans (en augmentation depuis l'an dernier).

de contribuer significativement à la diminution des gaz à effet de serre dans les délais où il faut agir (20 ans). 

c'est une réponse faible et marginale. La communication du gouvernement sur le pouvoir d'achat et l'effet de serre est donc purement électorale. N'oublions pas qu'il faut 1ha par voiture pour la faire rouler au biocarburant. Il y a un conflit d'usage avec d'autres fonctions.

Quels sont les effets pervers du développement massif des biocarburants?

On ne peut se permettre de remettre dans la nature plus de pesticides, d'herbicides, de mettre plus de pression sur l'eau. C'est un frein incontestable.

On risque de passer d'un poids excessif de l'industrie pétrolière à celui de l'agriculture. On risque finalement de simplement changer de dépendance.

Ne surestimons pas le poids de la TIPP, elle ne réprésente que 7% des recettes de l'état, l'impôt sur le revenu 17%, la TVA le reste en gros. L'argument qui consiste à dire que l'état ne veut pas bouger parce qu'il  n'aurait plus de rentrée de TIPP ne tient pas la route. En maîtrisant le trafic automobile, l'état pourrait faire des économies en évitant le surinvestissement dans les infrastructures autoroutières urbaines.

Prendre le problème par le fil de la pollution, de l'effet de serre, de la crise de l'énergie est insuffisant. Cela ne règle pas le problème de la consommation excessive d'espace urbain.

Que faudrait-il faire?

Diversifier les sources de carburants en même temps et équitablement:

bioethanol, diester, biogaz (production à partir de la méthanisation des déchets), gaz naturel, air comprimé: c'est au gouvernement de faire cela, et c'est possible immédiatement.

Enfin, et prioritairement, légiférer pour obliger les acteurs économiques à faire des plans de déplacements. L'expérience de STmicroelectronics à Grenoble montre que l'on peut diviser par 2 en 5 ans l'usage de la voiture sur le déplacement domicile travail. C'est facile à faire, ne coûte pas cher, diminue structurellement la demande, donc contribue à la maîtrise des coûts.

L'efficacité est du côté de nos organisations des mobilités. Le ministre et son gouvernement n'en parle jamais. Pourtant, c'est là qu'il faudrait porter l'effort de communication. Or, on préfère acheter les voix des agriculteurs pour 2007 au détriment de la plus grande partie de la population française, victime de cette partie d'échec. 

 

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25 septembre 2006 1 25 /09 /septembre /2006 22:18

Notre ministre de l'économie et des finances a fait une brillante démonstration, dans l'émission de Chirstine Ockrent France Europe Express, de la volonté du gouvernement de se soucier du pouvoir d'achat des français, particulièrement lorsqu'il a annoncé le déploiement des pompes bioethanol pour alimenter les moteurs flex. Il a annoncé cela comme une grande nouvelle pour le pouvoir d'achat des français.

La ficelle est tout de même un peu grosse. Nous sommes encore dans une vaste entreprise de démagogie et de désinformation. Certes, ne crachons pas sur un progrès. Mais l'impact sur le pouvoir d'achat sera tout à fait insignifiant. L'impact sur l'environnement sera quasi nul. 

Il faut bien se rendre compte que cette solution technique ne pourra s'appliquer que pour les véhicules neufs à essence. En sus, la moitié du parc est diesel. La totalité du parc est renouvelé en 20 ans et la durée moyenne d'un véhicule est de 8 ans. Autant dire que cela ne touchera que très peu de monde. Mr Breton a une fois de plus, et c'est devenu une mode dans le gouvernement, donné dans l'effet d'annonce spectaculaire, France 3 étant complice bien involontaire de cette manipulation.

Il en était de même récemment avec Mr Coppé qui annonce que la baisse d'impôt sur les classes moyennes a relancé la croissance et l'économie, alors que ces cadeaux fiscaux représentent une place de cinéma par mois pour une famille. 

Le divorce entre la population française et le gouvernement s'accroit. Ce sont deux mondes différents avec des références différentes qui ne se comprennent plus. A mauvais diagnostic mauvaise solution.

Voici un tableau, certes datant de 1997, mais illustrant le raisonnement tenu ci-après.

Il donne, pour les 20% les moins riches (revenus inférieurs à 11400Euros par an) et les 20% les plus riches (revenus supérieurs à 30000 Euros par an), la répartition des dépenses de carburant et du volume de kilomètres parcourus encore en francs à l'épo. 

 On voit sur ce tableau, que les ménages aux plus faibles revenus roulent peu en voiture. Ils ne seront  donc pas touchés par l'avènement du bioethanol. Quand à la classe moyenne, l'impact sera faible car la TIPP amortit considérablement les variations du prix du carburant.

Le ministre oublie, pour l'amélioration immédiat du pouvoir d'achat, que l'on gagne beaucoup plus en roulant moins, ce qu'il est tout à fait possible de faire en généralisant le management de la mobilité dans les entreprises, c'est à dire les plans de déplacements d'entreprises. Une fois de plus, le gouvernement essaie de résoudre un problème par une solution technique ayant un impact marginal, alors que la solution la plus efficace est organisationnelle.

En ce moment, nous sommes en pleine culture des zorro, des faiseurs de miracles. Mais en matière économique, il n'y a que la vérité des chiffres qui compte et pas de miracle, c'est à dire le décompte du porte-monnaie des ménages en fin de mois.

Un simple chiffre, en roulant pour 30% des déplacements à vélo, on peut gagner 10 fois le cadeau de Mr Breton ou de Mr Copé par an. La moitié des déplacements en voiture fait moins de 3km, les 3/4 moins de 5km.

Si on organise les déplacements des salariés des entreprises, on peut gagner jusqu'à 7000km par an sur le budget voiture. Le prix du carburant est un faux débat. La baisse récente du prix du brut risque d'endormir les français, le ministre ajoute à cette confusion. 

Le gouvernement marche à côté de ses chaussures, à mille lieues des réalités économiques des ménages.

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21 septembre 2006 4 21 /09 /septembre /2006 22:30

La planète continue de brûler, et nous continuons à nous préoccuper de notre petit nombril. De choc des civilisations en violences urbaines, en répression, en guerres préventives et autres, nous nous comportons comme des enfants, gardant jalousement notre petit bout de terrain ou de privilège.

 

 L’agence spatiale européenne vient de tirer une fois de plus la sonnette d’alarme, plus près de Big Ben que de la petite clochette que l’on met autour du cou des vaches. Le réchauffement climatique s’accélère plus que prévu. Le signe en est une longue cassure de la glace arctique vu par un satellite de l’ESA.

 

Il y a voilà presque deux ans, voici ce que m’écrivait le 17 Mars 2005 Vladimir Romanovski, à l’époque président de l’association uspermafrost, suite à la question que je lui posais sur le possible dégazage des 350 à 450 milliards de tonnes de méthane situés sous les terres arctiques.

 

"Dear Dominique,

The permafrost thaw is a real threat to the Earth climatic system if we
assume that the global warming is a negative process. However, the changes
in permafrost at present time are very slow and there is no need to report
on these changes on a monthly time scale. So far, these changes are
noticeable on interannual to decadal time scales. Though the situation can
change any time if some thresholds in permafrost evolution will be crossed
and permafrost will start to degrade within widespread areas. At some
regions ( Alaska for example) this could happened during the next 15 to 25
years. That is why it is very important to monitor permafrost temperatures
in the polar regions.

Best regards,

Vladimir

 

 

Ceci veut dire: “Cher Dominique, le dégel du permafrost est une réelle préoccupation en ce qui concerne le système climatique de la terre, si on considère que le réchauffement climatique est un processus négatif. Cependant, pour le moment, les modifications dans le permafrost sont très lentes et ne nécessitent pas un suivi mensuel. Toutefois, ces changements sont significatifs à l’échelle de l’année ou de la dizaine d’années. La situation peut aussi évoluer à tout moment si des seuils dans l’évolution du permafrost sont franchis. Il commencera alors à se dégrader sur de larges espaces. Dans certaines régions (Alaska par exemple), ceci pourrait arriver dans les 15 à 25 prochaines années. C’est pourquoi il est très important de suivre l’évolution des températures dans la région des pôles.

 

Le dégazage du méthane sous le permafrost n’est pas encore intégré dans les modèles calculant les perspectives de réchauffement climatique de 1 à 5 degrés. S’il se produit, il y aura effet d’emballement (dégazage de méthane induisant un réchauffement induisant du dégazage supplémentaire etc…). Les signes d’accélération observés par l’ESA sont-ils le début de cet emballement ? C’est une question pertinente à poser aux scientifiques œuvrant dans le grand Nord . En tout cas, le prochain rapport du GIEC en 2007 devrait être riche d’enseignement. Il y a fort à parier qu’il envoie un ultimatum aux gouvernements pour changer de braquet.

 

Le gouvernement français n’a pas encore pris la mesure des décisions à prendre, au moins au niveau de l’ambition. Nous avons tous les outils pour réussir en moins de 20 ans, mais si nous restons scotchés dans les starting-blocks, alors nous serons balayés, y compris sur le plan économique, par des pays plus conscients et dynamiques que nous.

 

En tout cas, à part Corinne Lepage, pas un seul candidat à la présidentielle de 2007 n’est crédible pour mettre en œuvre les décisions qui s’imposent pour l’avenir de nos enfants.

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20 septembre 2006 3 20 /09 /septembre /2006 22:23

Nous allons terminer ce voyage urbanistique par une évidence. La gestion impossible de l'espace public due à l'automobile. Nous reproduisons en vacances les modes de mobilité habituels, peu d'occupants par voiture et une consommation excessive d'espace.

Sur le pont amenant les voitures du front de mer de La Baule Pornichet vers le petit port, des voitures de pêcheurs sont stationnés. Les vélos circulent difficilement.

Le parking est saturé.

 Pour conclure, on peut se demander comment les stations balnéaires très attractives de la France vont gérer le partage de l'espace lorsque plusieurs millions de touristes chinois et indiens ayant fait fortune dans leur pays viendront visiter nos côtes.

Un réforme urgente de nos façons de nous déplacer s'impose. Les modifications à la marge, si utiles soient-elles, ne suffisent plus. 

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20 septembre 2006 3 20 /09 /septembre /2006 22:11

Sur une route, la piste cyclable bidirectionnelle oblige parfois à un gymkhana (slalom). Il est en général préférable, sur une route, d'avoir une piste de chaque côté, sauf dans des contextes de front de mer par exemple.

Du fait de la gestion compliquée de transfert de côté, de nombreux slaloms et traversées de ce type sont imposés aux cyclistes.

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20 septembre 2006 3 20 /09 /septembre /2006 22:00

Vous vous souvenez du premier reportage photo montrant que la piste cyclable du front de mer n'était pas traité sous l'angle de l'agrément touristique pour le cycliste. Il en est de même au port du Pouliguen. On peut prendre une rive du port dans un sens, dans l'autre, il faut faire le détour ou descendre à pied.

Ce genre de défaut n'existe pas à Bruges. Le contresens cyclable s'imposait sur cette voie.

Exception qui confirme la règle: le seul contresens cyclable détecté se trouve au Pouliguen en centre ville. A Bruges, la quasi totalité des rues sont double sens vélo, sens unique voiture.

 

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20 septembre 2006 3 20 /09 /septembre /2006 21:36

De nombreux aménagements de ce type prolifèrent dans nos communes. L'effet de pincement pour les vélos, provoqués par les terre-pleins centraux, constituent un réel danger. En voulant rétrécir la voie pour les voitures afin de casser les vitesses, on a rendu les vélos plus vulnérables.

Voici 3 illustrations sur cette route du Croisic.

Celle-ci, juste en sortie de La Baule et à proximité du centre commercial, est très significative. De nombreux vélos y circulent.  Il faut dire qu'il y a une piste cyclable entièrement coupée du reste de la voirie pour aller à Guérande. Mais nous sommes là encore dans le concept parc. Le vélo est oublié pour rentrer dans le centre faire ses courses.

Et pourtant, de nombreux vélos accompagnent leurs cavaliers faire leurs courses:

Voici deux autres terre-pleins centraux:

Celui-ci est en direction d'Escoublac vers les campings. Le pincement en virage ajoute encore à l'insécurité des vélos.

L'aménagement en surlargeur était jouable.

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20 septembre 2006 3 20 /09 /septembre /2006 21:05

Poursuivons notre voyage initiatique sur La Baule. Le vélo est-il réellement pris en compte dans le partage de l'espace public à sa juste mesure?

Le support juridique en la matière est, je le rappelle, l'article 20 de la loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie de Décembre 1996, inscrit maintenant dans le code de l'environnement article L228-2.

Les 3 photos suivantes montrent que, malgré une largeur suffisante, il n'y a pas de surlargeur pour marquer la présence potentielle de vélos et les sécuriser. Le vélo n'est pas mis en sécurité dans les phases de dépassement (1m50 MINIMUM selon le code). Les voitures sont donc obligés d'attendre pour doubler que la voie d'en face soit libre. L'été, ces routes sont à fort trafic.

Nous sommes ici sur la route La Baule Le Croisic, très fréquenté. Il y a des aménagements cyclables en amont de cette route. Puis ils sont interrompus. Pourtant, il y a encore trois voies voitures.

   

Plus loin sur cette même route en ligne droite avec une perspective lointaine et un revêtement type circuit de formule 1, très incitative à la vitesse de pointe élevée, aucune surlargeur n'est accessible aux vélos.

Même remarque sur cette traversée de village. Certes, une limitation de vitesse par panneau existe, mais rien dans la voirie ne signale structurellement une vitesse apaisée, surtout la nuit. Il est donc impossible de parcourir les 10km à vélo le soir pour aller au spectacle et revenir.

 

En comparant ces photos avec la série précédente, on voit que le vélo reste cantonné dans un réseau type parc de loisirs, là où il est facile d'aménager. Par contre, il n'y a pas de valeur ajoutée technique là où la difficulté de partage d'espace devient importante. C'est ce qui provoque les discontinuités de réseau. Un réseau structurant vélo ne suffit pas, ce mode de transport va partout, il faut le prendre en compte partout.

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3 septembre 2006 7 03 /09 /septembre /2006 21:04

Voici un reportage photo sur l'implantation du vélo dans l'urbanisme de La Baule. Il faut saluer les efforts faits par cette ville. Cependant, en comparaison avec le reportage sur Bruges, nous sommes loin d'une culture permettant une réduction de l'usage de l'automobile. Celle-ci occupe toujours beaucoup d'espace. Cela se voit au niveau de congestion quasi permanent sur le front de mer et une des rues perpendiculaires, la plus commerçante de la ville. On peut remarquer que l'usage du vélo est assez développé dans cette ville, mais encore nettement insuffisant.

Passons au commentaire de ces photos.  

Nous sommes ici sur le front de mer. On observe une route à 2X1 voie pour les voitures, une file de stationnement, une pistes cyclable dans chaque sens, de larges trottoirs.

 Sur un front de mer, l'agrément est d'avoir un large champ de vision sur la mer et la plage. D'un point de vue sécurité, cet aménagement cyclable est confortable et bien fait. D'un point de vue de l'usage, dans une vision architecturale, il est dommage de ne pas avoir réalisé une seule piste bidirectionnelle du côté mer pour avoir cet agrément de vision. On ne traite pas un front de mer comme un boulevard urbain classique. Par ailleurs, il est dommage qu'il soit interdit au vélo de poursuivre leurs chemins jusqu'au Pouliguen, occultant ainsi d'un parcours privilégié entre Pornichet et Le Pouliguen. Le cycliste utilisant son vélo comme moyen de transport doit donc continuer son parcours à pied ou faire un détour par l'intérieur. Pourtant, la largeur du front de mer aurait permis la cohabitation des piétons et des vélos, moyen de transport mécanisé à pollution zero, pas de bruit, d'émissions de gaz, peu d'emprise sur l'espace public. A ma connaissance, c'est le premier front de mer où j'observe ceci.

On trouve le bon aménagement à Royan ou encore mieux à Dunkerque, La Panne en Belgique, Niewport, ou encore Ostende, où le front de mer, l'été, est interdit aux voitures et très limité l'hiver. A La Baule, on observe une file interminable de voitures toute la journée. Le problème de circulation globale n'est pas réglée car il faut coupler le développement d'une politique cyclable avec une baisse du trafic. Ceci dénote le manque de management de la mobilité qui pourrait être mené avec les professionnels de l'accueil touristique à l'aide de l'outil plan de déplacements entreprises et autres structures d'accueil.

Voici la structure du front de mer suivi de la photo montrant la congestion, le prolongement du front de mer sur Pornichet avec du stationnement supplémentaire, la congestion de la rue commerçante perpendiculaire. 

La congestion est patente et montre que l'ensemble du trafic automobile de la ville n'est pas maitrisé. L'ensemble des flux est concentré sur le front de mer. Plus haut dans la ville, un réseau de 2X2 voies digne de l'île de France concentre un trafic intense avec la proximité de la zone d'emplois de Saint-Nazaire. Pour que La Baule vive mieux, il faudrait travailler avec cette zone d'emplois afin de réduire le trafic par des études de mobilité dans les entreprises et le développement de transports publics très performants en fréquence, en confort, en répartition géographique, l'usage collectif de la voiture avec les transports à la demande étant une autre alternative. Tous les outils existent aujourd'hui. Le CERTU à Lyon est d'une précieuse aide pour les élus et directeurs des services techniques chargés des déplacements. Il y a peu de transports en communs, et ils sont peu fréquents.

Le prolongement du front de mer sur Pornichet montre deux files de stationnement supplémentaires. La pression foncière de l'automobile sur l'espace public s'accentue donc dans cette commune, alimentant une congestion supplémentaire à l'entrée et à la sortie de tous ces véhicules.

Cette rue perpendiculaire au front de mer est plutôt du gabarit rue piétonne-vélos au regard des deux rangées de commerce à fort trafic piéton. La file de stationnement est une hérésie dans ce contexte. La possibilité d'emprunter cette rue en trafic de transit est vraisemblablement gardé à cause de l'excès de trafic sur le front de mer et de la non maîtrise globale des flux. La file de stationnement est là car le stationnement front de mer est saturé. 

La photo suivante montre à quel point la demande de cyclistes est forte. Le "troupeau" de vélos attendant au feu est une illustration de la densité de cyclistes dans la ville. Ils représentent cependant un faible pourcentage du nombre de déplacements car le trafic automobile est aussi très intense. 

Mais alors me direz-vous, où mettre toutes ces voitures si on leur enlève encore de l'espace. Beaucoup de stations balnéaires mettent des parkings extérieurs avec des navettes, ou des transports collectifs lourds, ou du transport à la demande. Mais beaucoup de gens aussi n'utilisent pas leur voiture dans ces stations, il n'y a donc aucun inconvénient à stationner sa voiture plus loin. I faut s'inspirer des stations de sports d'hiver qui n'ont pas d'autres choix. 

Les articles suivants illustreront d'autres points de cet analyse d'urbanisme dans une interprétation cohérente avec les objectifs du développement durable. 

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27 août 2006 7 27 /08 /août /2006 00:35

Cette dualité pourrait faire l’objet d’un sujet de philosophie au baccalauréat. Tentons donc l’exercice.

 

Une question revient comme un leitmotiv dans la bouche des interviewers, à l’abord des débats politiques sur le pétrole ou le climat : l’automobile va-t-elle redevenir un luxe ? 

 

Le propre des sociétés humaines est de fonctionner sur des représentations issues de l’inné et des acquis culturels. Ceci est encore plus évident dans nos sociétés de consommation où, une fois les besoins premiers de la pyramide de Maslow satisfaits, les échanges de biens et de services se fondent sur le désir, lui-même basé sur ces représentations. 

 

Comment peut-on dégager une philosophie du luxe ? 

 

Un bien luxueux peut vouloir représenter celui que l’on aime posséder parce qu’il est de qualité, durable, exceptionnel par son attirance artistique. 

 

Mais il peut aussi représenter une rareté dont le prix est inaccessible à un grand nombre de gens. 

 

Dans une économie mondiale où 20% des gens détiennent 80% des richesses, le luxe peut alors être ressenti comme une privation par une grande partie de la population parmi les 80% autres, si celle-ci considère qu’un bien luxueux lui est nécessaire pour sa survie. 

 

C’est sur cette seconde représentation que fonctionne la question : "l’automobile va-t-elle redevenir un luxe ?". 

 

Au début de l’ère automobile, seul un petit nombre de personnes avaient accès à ce mode de transport, ce qui pouvait être ressenti comme une privation de la liberté de se déplacer par les gens désireux d’accéder à l’aventure du voyage ou tout simplement à un avenir meilleur en étendant sa zone d’emplois par exemple. 

 

Les constructeurs, par la production standardisée en grande série, ont démocratisé l’usage de la voiture. Le symbole est Henri Ford. Il déclarait qu’il fallait bien payer les ouvriers pour qu’ils puissent acheter des voitures. C’est une vision keynésienne de l’économie : on alimente l’offre par une stimulation de la demande. C’est aussi ce qui a guidé Jacques Maillot à Nouvelles Frontières avec son slogan "il faut démocratiser le voyage".  

 

Peu à peu, l’automobile est devenue un besoin indispensable, non seulement dans nos représentations, mais également dans notre vie quotidienne. C’est surtout vrai depuis les années 70 où l’urbanisme a été construit autour de la voiture avec parallèlement un abandon des services publics de transports urbains et une fermeture de nombreuses lignes SNCF interurbaines liées à la recomposition territoriale de la France.  

 

La transposition de notre urbanisme, de nos préférences de modes déplacements et de notre représentation de l’automobile dans toutes les mégalopoles du monde, particulièrement en Chine et en Inde, alimente une crise énergétique et climatique sans précédent dans notre histoire. Cela nous renvoie au démarrage de l’ère automobile, à celle du bien luxueux inaccessible avec l’inflation du coût de fonctionnement de la voiture (prix des carburants). La boucle est ainsi fermée. 

 

Lorsque notre gouvernement distribue des chèques à fonds perdus pour financer l’augmentation des dépenses de fonctionnement des ménages, il redonne temporairement à la voiture le statut d’un bien de consommation courante.

Le lien entre l’accès à la voiture et le luxe, et donc la légitimité de la question posée, se conçoit si on considère la baisse d’accès à l’automobile sous l’angle d’une privation. Il est alors légitime d’évoquer la nature de celle-ci. Est-ce une privation par rapport à la liberté de posséder une voiture, ou par rapport à celle de se déplacer ? Dans le premier cas on est dans le mode d’un enfant bavant devant un beau jouet à la vitrine d’un magasin, celui du pur désir, d’une libido de la société de consommation. Dans l’autre, nous sommes dans la privation d’une des libertés les plus fondamentales, celle de se déplacer. Dans un cas, on est dans le fonctionnement des sentiments humains, l’envie, la jalousie, dans l’autre, on est dans le fonctionnement minimum d’une société, dans l’intérêt général. On peut alors considérer que l’état n’a pas à financer l’achat d’objets de désir, mais il doit par contre assurer la pérennité des libertés fondamentales.  

 

Une chose a changé dans le contexte mondial par rapport au début des années automobiles, la connaissance du problème du réchauffement climatique et l’existence du pic de pétrole. Ces deux questions sont d’un intérêt général revisitant notre conception de la liberté par rapport aux générations futures. Elles auraient du orienter les politiques publiques vers l’usage intensif des transports publics dont l’automobile est une composante au travers des systèmes de transport à la demande. L’instauration d’un ticket transport à l’instar des tickets restaurants, soit à la charge des entreprises, soit à la charge de la collectivité, est une fuite en avant nous menant un peu plus profond encore dans le précipice des déficits. On sacrife l'avenir pour le présent. Il empêche de repenser nos mobilités pour trouver des solutions plus efficaces.

Il vaudrait mieux encourager les ménages à investir dans l’achat de voitures à carburants alternatifs et les entreprises à effectuer des plans de déplacements, c'est-à-dire investir dans la rationalisation et l’organisation de nos modes de déplacements. L’usage automobile et son coût diminuerait ainsi pour chacun.

 

Pour aller vers de telles politiques, nous devons rompre le lien luxe/automobile pour que la baisse de la facilité d’accès à la voiture ne soit plus vécu comme une privation de la liberté de se déplacer. Nous augmenterons ainsi notre liberté de choix dans un éventail de modes de transports équilibré, avec une meilleure qualité de vie. C’est à la puissance publique de créer les conditions pour que ce choix puisse exister. Pour le moment, nous n’en prenons pas le chemin. On continue d’acheter la paix sociale, de creuser le déficit des comptes publics, au grand bénéfice des pays producteurs de pétrole, et au grand damne des populations les plus fragiles, celle qui gagne moins de 1250 Euros nets par mois, soit la moitié des actifs.     

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