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Une fois de plus, le gouvernement ne se sent pas responsable du pouvoir d'achat des français. On se contente de mesurettes sans impact pour se donner bonne conscience.
Les deux mesures diffusées sur les ondes concernent une baisse des vitesses sur les autoroutes à 115km/h et la mise en place d'une cellule de veille du prix du pétrole. Nous sommes donc dans l'immobilisme le plus total, la mollesse coupable; pas de mesures structurelles à l'horizon. Les mêmes logiques prévalent en Belgique avec la remise d'un chèque de 75 Euros pour des surcoûts de 1500 Euros à l'année: saupoudrage ridicule.
Commentons ces mesures.
La bonne gouvernance consiste, face à un problème, à prendre des mesures ayant un réel impact sur l'enjeu recherché. C'est l'amplitude de cet impact qui mesure le niveau d'engagement d'un gouvernement, et donc la conscience de sa responsabilité. On a assez entendu à droite qu'il fallait marier liberté et responsabilité. Nous sommes loin du compte.
La réduction des vitesses sur autoroute ne réduira la consommation de carburant que dans l'ordre de grandeur de 1%. Il n'y aura aucun impact sérieux ni sur l'économie des ménages, ni sur la sécurité routière, ni sur l'environnement. Nous sommes donc dans le non-engagement et par conséquent la non-responsabilité. Le décalage entre les discours électorals et les actes s'amplifie. Nos élites prennent la population pour des enfants au mieux, des imbéciles au pire.
Rappelons les vrais chiffres. Les voitures françaises parcourent chaque année 450 milliards de kilomètres (15000 kilomètres par voiture sur 30 millions de véhicules). Le nombre de kilomètres parcouru sur autoroute est très faible, l'immense majorité des parcours se fait en milieu urbain ou sur le réseau secondaire. Si nous voulons agir sur la vitesse, il faut le faire sur les routes départementales et en milieu urbain.
La mesure préconisée par le gouvernement n'est même pas efficace pour la sécurité routière car 2/3 des accidents ont lieu à moins de 15 kilomètres du domicile sur des trajets courants.
En milieu rural, une vitesse réduite à 70km/h serait très efficace non seulement en matière de sécurité routière, mais aussi du point de vue des économies d'énergie car une vitesse apaisée induit une conduite souple, sans accélération brutale.
En milieu urbain, une réduction du trafic visant à fluidifier celui-ci, associé à une réduction à 30 km/h des vitesses de pointe (mesure appliquée avec un grand succès à Fontenay-aux-roses) est une mesure structurelle efficace.
Une autre mesure, génératrice de réduction du trafic,est de rendre obligatoire les plans de déplacements pour les entreprises, les écoles, les administrations etc....au travers d'un amendement à la loi sur l'air de 1996. Il y a là un enjeu de réduction du trafic automobile par 2 en 5 ans avec peu d'argent public. Là aussi, l'expérience de l'entreprise STmicroelctronics à Grenoble est une réussite.
La crise énergétique ne peut que s'aggraver. L'incompréhension entre les élites et la population ne peut que grandir. La classe moyenne, celle qui roule le plus en voiture, souvent par nécessité, est frappée de plein fouet et voit son pouvoir de consommation diminué alimentant la crise économique.
La communication du gouvernement français et des élus locaux relatifs à l'augmentation du prix du pétrole est consternante d'inefficacité, d'imprévoyance voire d'irresponsabilité. Cela fait plus de dix ans que l'on connaît les limites des réserves pétrolières. Il était tout à fait prévisible qu'avec la chute du mur de Berlin, l'avènement de la Chine et l'Inde dans le concert économique mondial la demande exploserait annonçant un déséquilibre énergétique mondial entre l'offre et la demande et une explosion des prix. Or notre mode de vie n'est pas adapté à ce contexte, encore moins en France qu'ailleurs en Europe.
Les pouvoirs publics ont été incapables pendant 30 ans d'anticiper, mais surtout d'informer la population qu'il allait y avoir un problème. Pire encore, ils ont favorisé le mode de transport le plus cher au kilomètre parcouru en développant un urbanisme incohérent et des rocades urbaines aussi inutiles qu'inefficaces car saturées aux heures de pointe, là où on attendait un désengorgement privant l'économie française de flux financiers sur d'autres secteurs que la route et le pétrole.
On continue aujourd'hui sur cette voie. On piège ainsi financièrement la population française dans sa vie quotidienne en lui faisant croire que le mode de transport le plus efficace est l'automobile,l'attirant ainsi sur les zones périurbaines. C'est d'autant plus vrai pour les jeunes dont les revenus augmentent peu au regard des deux postes de dépenses principaux, le transport et le logement (25% du budget des ménages chacun).
Pour passer des discours aux actes, il faut une autre ambition pour aider la population française à passer le cap de la crise énergétique des transports. Celle-ci se double d'ailleurs d'une crise environnementale. Il nous faut restructurer notre manière de se déplacer comme nous l'avons fait pour la sidérurgie, les charbonnages, l'automobile, l'électronique etc...Les transports urbains de personnes et de marchandises ne sont pas organisés au sens logistique du terme, nous en sommes à peu près au degré zéro dans un scenario du laisser faire inacceptable et suicidaire sur le plan économique environnemental et social.
Le gouvernement nous endort. Les plans se succèdent aux plans avec des objectifs très loin des enjeux dont nous avons besoin. De plus, il fait des erreurs grossières de stratégie énergétique en expliquant que le nucléaire va tout résoudre alors que celui-ci ne fournit pas l'énergie pour le transport et qu'il n'est pas près d'y arriver dans les délais impartis. L'augmentation des prix du pétrole est structurelle, on ne peut donc traiter ce problème par des mesures conjoncturelles comme un cadeau sur la TIPP par exemple.
Le citoyen de son côté doit aussi intégrer cette donnée pour changer son comportement afin de ne pas subir. Face à une difficulté majeure, nous avons tous le choix assumé de continuer comme avant ou de travailler à modifier nos modes de vie avec un peu de volonté et de courage. Ce n'est pas suffisant, mais c'est un début.
L'élu local, quant à lui, tarde à développer une vraie politique cyclable (infrastructures, communication, promotion) de nature à encourager l'usage du vélo pour les courts déplacements (75% des déplacements automobiles). Les politiques d'intermodalité des transports, l'articulation des différentes échelles (urbaines, interurbaines, rurales) est tout à fait insuffisante.
Il existe des accords constructeurs-pouvoirs publics-pétroliers-gaziers pour développer une offre de véhicules au gaz naturel. Les objectifs sont d'une extrême faiblesse car il est visé 100 000 voitures en 2010. Rappelons qu'il y a 30 millions de véhicules en France, que le prix du pétrole brut était de 20 dollars le baril en 1999 et qu'il est de près de 70 dollars aujourd'hui. On le prévoit à 380 dollars en 2015. Le gouvernement joue petit bras et prend le risque d'une probable explosion sociale. Pourtant, il était si facile de développer des moteurs au GNV pour les pêcheurs, les routiers et les particuliers. PSA développe cette motorisation depuis 1988 !!!!!!!! De plus le gaz naturel est essentiellement du méthane. Celui-ci peut aussi être produit par des déchets verts. Les agriculteurs allemands ne s'y sont pas trompés et développent à tour de bras du biogaz pour le chauffage et peut-être plus tard les voitures.Ils laissent pousser les mauvaises herbes parmi les plantes dits utiles, ce qui au passage, évitent l'usage excessif des herbicides et font ensuite le tri pour tout exploiter. Ils sont entrain d'envahir le marché chinois avec leur technologie et au passage de revaloriser leur production, ce qui va nous disqualifier économiquement. Lorsque nous quitterons les "starting- block", il sera trop tard. La chaîne de valeurs nous aura échappé.
Pire encore, je suis allé interviewer 2 concessions PSA (en Dordogne et en Normandie), aucun vendeur ne savait qu'il existait des véhicules GNV de leur marque, ni comment se faisait l'approvisionnement. J'en conclus que les vendeurs ne sont pas formés. Pourtant, il existe dans ces sociétés une direction du développement durable. Que fait-elle?
Certes le GNV n'est pas la panaçée, ni les carburants alternatifs car nous sommes à la fin du cycle de l'énergie bon marché. La mutation des carburants ne doit être considérée que comme outil pour accompagner une réorganisation purement logistique des transports induisant une réduction massive du trafic, sans sacrifier la souplesse de mobilité, seule vraie solution durable.
Ces vacances ont été propices à de petites expériences au sujet de l'efficacité énergétique. Ce texte prend d'autant plus de relief avec l'explosion du prix du baril de brut. En tant que responsable transports à cap21, je me devais de vous relater mon bilan énergétique de mes déplacements de vacances.
Je suis aller en Dordogne pendant une semaine non loin de Sarlat, puis pendant deux semaines à proximité de Royan. Le mode d'hébergement était le camping.
J'ai effectué avec ma voiture (un monospace équipé d'une remorque et d'un bagage de toit) 2000km de parcours pour aller de mon domicile sur mon lieu de vacances. Les années précédentes, ma consommation de carburant était de 12.5 litres pour 100km. Cette année, j'ai décidé de conduire au compte-tours. J'ai choisi de caler ma conduite sur 2500 tours. Ceci correspond à une vitesse de 110km/h sur autoroute, 80-90km/h sur route nationale à grande circulation, 70 à 80 km/h sur le reste du réseau, 45 km/h en milieu urbain. D'autre part, cette façon de faire exclut toute accélération et décélération brutale, on ne fait donc pas monter les régimes moteurs. Ce dernier point n'est jamais cité dans les médias, seule la réduction des vitesses est mentionnée, alors que les gains sont aussi ailleurs.
J'ai eu l'agréable surprise de voir ma consommation passer à moins de 10 litres, soit un gain entre 20 et 25%.
Ensuite, arrivé sur place, nous nous sommes déplacés à vélo pour aller sur les lieux touristiques de nos visites. Ces lieux étaient situés dans un rayon de 10km autour du camping. Si la distance était supérieure, nous faisions une partie du parcours en voiture jusqu'à rentrer dans la limite de ce rayon pour poursuivre à vélo. Le résultat est spectaculaire car nous avons, sans grande difficulté, parcouru 600km à vélo pendant nos 20 jours de vacances, parcourant ainsi une moyenne de 30km par jour. Il ne faut pas surestimer la difficulté de cela. En effet, ces parcours représentent entre 1h30 et 2h de vélo par jour. Voilà donc encore 30% de kilomètres voitures économisés. D'autre part, ce sont les kilomètres les plus chers car nous aurions fait des queues interminables pour l'accès aux parkings des lieux de visite.
Le gain économique représente la coquette somme de 2000 euros. Cet argent, au lieu d'aller dans les poches des pétroliers et de l'état va pour une part dans l'économie locale. D'ailleurs,l'état ne perd pas tout puisqu'il récupère au passage la TVA sur ce que vous achetez.
Il en va de même pour le cumul tout au long d'une vie. Si vous économisez 1500 Euros par an sur votre budget voiture, vous disposez d'un revenu supplémentaire sur 30 ans de 45000 euros (d'où le titre de ce texte) que vous pouvez affecter pour une part à l'épargne et pour une autre à la consommation. Nous sommes bien là dans une logique de développement durable.
Il y a aussi un gain économique indirect, puisque le temps gagné à na pas faire la queue avec la voiture est reporté sur des lieux de visite plus nombreux. l'économie locale en profite donc plus. Un exemple illustrant parfaitement ce fait: il y a entre Breuillet et Royan une partie en 2x2 voies (D25) coincée entre un feu et un giratoire. Une simple file de 200 voitures attendant 30 secondes génère un temps d'attente de près d'une heure et demi pour faire 800m. Aller et retour, vous perdez pratiquement 1/2 journée d'activités de loisirs. Aux heures de pointe, cette 2x2 voies est inefficace, aux heures creuses, il n'était pas nécéssaire de la construire. Ceci met aussi en évidence la carence des pouvoirs publics en matière de transports collectifs sur les lieux touristiques d'été. En effet, en hiver, on trouve de nombreuses stations de ski équipées de navettes collectives emmenant les skieurs au bas des remontées mécaniques (à Meribel par exemple une navette gratuite relie l'altiport au télésiège de Chaudanne).
Ce scenario tiré d'une vie de vacancier démontre très concrètement l'articulation entre environnement et économie, les transferts de flux financiers. Il montre aussi l'absurdité avec laquelle nos pouvoirs publics gèrent l'utilisation de la voiture (voir mon article "changer les usages de l'automobile".) et les deniers publics destinés aux routes.
Notre ancien ministre de l’économie voulait augmenter le pouvoir d’achat des français en négociant une pincée de diminution sur les prix du caddie de la ménagère au supermarché.
Les négociations patronat-syndicats se soldent péniblement par des augmentations de salaire entre 0.5 et 1.5%, très vite gommées par les prix de l’énergie et du carburant. Mais notre ministre a engrangé les bénéfices publicitaires d’une action en trompe l’œil avant de s’éclipser doucement.
En fait, le gouvernement, loin des réalités quotidiennes des français, confond augmentation des salaires et augmentation de pouvoir d’achat.
Dans notre société, le pouvoir d’achat désigne le pouvoir d’acheter des produits ou des services lorsque l’on a satisfait les besoins premiers (se loger, se nourrir, se déplacer, se soigner, etc…).
La marge de manœuvre des entreprises sur les salaires est très faible eu égard à la concurrence mondiale et des salaires 10 à 30 fois inférieurs.
La marge de manœuvre sur les prix en grande distribution n’est pas plus importante.
Par contre, la bonne méthode, si on veut s’attaquer aux postes de dépenses, est de choisir les plus importants d’entre eux. Or le transport et le logement en périphérie d’une grande ville (là où la moitié des français recherchent un habitat individuel selon l’INSEE) représente 50% du budget moyen des ménages (25% pour chaque poste).
L’automobile est le mode de transport le plus cher, et de loin, par rapport à tous les autres. Il est donc bien plus efficace, si on veut rendre des ressources financières disponibles pour les ménages (on pourrait donner comme définition des ressources financières disponibles celles que l’on peut choisir de dépenser comme l’on veut), de construire un urbanisme et des systèmes de transport permettant de se déplacer autrement que seul en voiture.
Par cette voie on redistribuera des ressources en diminuant le poste énergie.
Par voie de conséquence, une diminution de l’espace public affecté à l’automobile générera un urbanisme de qualité homogène et plus dense limitant la spéculation (voir l’article précédent "automobile et spéculation immobilière"). On s’attaque ainsi au poste logement.
En réduisant ces deux importants postes de dépenses par une action gouvernementale efficace sur une ou deux mandatures, on peut imaginer récupérer une augmentation de pouvoir d’achat à 2 chiffres.
Faire de la politique nécessite de ne pas tricher avec les français. Il y a des choses que l’on peut maîtriser au niveau local et national, mais les salaires font partie maintenant des paramètres de moins en moins maîtrisables hors mis une autre répartition.
Par contre, sur l’urbanisme et le transport, on peut construire localement un urbanisme économe pour tout le monde, une mobilité économe pour tous. Là, nous avons tous les leviers en main. C’est là qu’il faut aller.
Ce raisonnement montre comment on peut construire un vrai développement durable à partir du point d’entrée que constitue l’environnement pour aboutir à un mieux être économique et social grâce à une action gouvernementale innovante modifiant en profondeur la structure de l’urbanisme et des transports servant au mieux la fonction mobilité.
La constitution européenne inscrit la volonté de faire construire dans l’union une économie hautement compétitive. Alors prenons là aux mots.
Développons une nouvelle théorie de l’économie pour changer la vision "marketing" des entreprises.
Un directeur d’une usine de production, ou plus généralement d’une entreprise, pour être hautement compétitif, doit maximiser ses profits et minimiser ses charges. Ses produits assurent un service ou une fonction à un client.
Ainsi, un constructeur automobile, à la constitution de sa société, avait le désir de servir une meilleure mobilité à ses clients. Passé cette étape initiale, il ne pouvait se développer financièrement qu’en augmentant le nombre de ses clients, en augmentant le nombre de voitures vendues, en augmentant la diversité des modèles.
On voit dans cette transformation de l’activité que l’on a perverti l’intention de départ : au lieu de servir une fonction (la mobilité) on sert l’objet (la voiture).
Il en va de même pour d’autres fonctions de la vie comme l’alimentation. L’agriculture, au lieu de servir la fonction alimentation, on sert l’augmentation des volumes de production.
C’est cette perversion progressive du marché qui nous amène aux problèmes d’épuisement des ressources planétaires et de bouleversement des écosystèmes.
Changer les paradigmes de l’économie amène à revenir au service des fonctions de la vie et non de l’augmentation du volume des objets sensés servir ces fonctions, ceci en minimisant les charges et les prélèvements sur l’environnement, indispensable contrainte à inclure dans le cahier des charges de la conception des produits ou des services.
Par exemple, tenir la satisfaction de la fonction mobilité des personnes et des marchandises dans un budget CO2 donné nous amène à être plus intelligent et plus inventif dans la création d’outils spécifiques pour assurer ce service.
Nous sommes loin du compte de cette façon de voir. Il est indispensable de faire rentrer dans les écoles d’ingénieur et dans les stratégies de nos chefs d’entreprise cette manière de concevoir. C’est aussi la seule manière de résister à l’offensive des pays asiatiques.
Ne pas anticiper cela laissera notre économie très sensible à cette offensive. Introduire les contraintes environnementales dans tous les rouages de la vie économique est la seule voie possible pour le progrès des peuples en Europe car nous aurons de meilleurs produits et services à des coûts plus intéressants.
Il existera ainsi plus de liberté pour un plus grand nombre de gens de pouvoir accéder à des services et des produits plus variés.
Si on considère le problème de l'effet de serre et celui de l'énergie, il est légitime de s'interroger si le monde est capable de supporter la charge que lui fait subir l'usage individuel de l'automobile. Sans aller lire des études très compliquées, tout un chacun peut effectuer des calculs de coin de table pour se faire une idée. C'est le but de cet article.
Il suffit d'exploiter quelques données connues et diffusées dans la presse.
Nous avons vu dans un précédent article que le modèle français de mobilité en voiture est de 15000km parcourus par an, ce qui induit un peu plus qu'1 tonne équivalent pétrole consommée (ou encore 15000 KWh si vous voulez comparer cela à votre consommation d'énergie électrique ou de chauffage) et 2 tonnes de gaz à effet de serre émis.
Il y a aujourd'hui 650 millions de voitures dans le monde. Une simple croissance de 7% par an du parc mondial d'automobiles (ce qui n'est pas stupide compte tenu de la croissance de la Chine et de l'Inde) nous amène à plus de 2 milliards de voitures à l'horizon 2020 si nous reproduisons à l'échelle mondiale notre manière de nous déplacer. avec 6 milliards d'habitants sur la planète, cela représenterait un taux de motorisation de 33%. Rappelons qu'en France, 70% des gens ont au moins une voiture et 40% en ont deux.
Si nous exportons notre modèle de mobilité individuelle en voiture (et c'est bien parti pour), nous arrivons à cet horizon 2020 à 4 milliards de tonnes de gaz à effet de serre émis et 30 000 milliards de KWh consommés, ce qui est parfaitement injouable dans une politique de développement durable. Ceci veut dire que même avec la pile à combustible pour ne plus consommer du pétrole, du charbon ou du gaz, ou les biocarburants ou tout autre source d'énergie, le monde ne peut pas supporter une telle charge. Il s'effondrera comme un château de cartes ou comme un pont dont les piliers sont mal calculés.
Rappelons que les émissions humaines totales de gaz à effet de serre dans le monde d'aujourd'hui sont de 7 milliards de tonnes. Ainsi, à l'horizon 2020, l'automobile à elle seule représenterait, si rien ne change, près de 60% des émissions totales actuelles. C'est catastrophique.
L'énergie et l'effet de serre agissent comme une tenaille dans laquelle nous sommes enfermés. La seule solution pour en sortir est de réduire le trafic automobile.
Ce calcul de coin de table représente une situation à l'horizon 2020. La courbe suivante représente la progression calculée des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur 27 ans avec une hypothèse de croissance de 7% par an du parc mondial d'automobiles. Cela permet à tout un chacun de mettre en relation cela avec les émissions humaines mondiales.
Si nous continuons ainsi, la fonte du permafrost s'accélèrera encore plus pour libérer une partie des 400 milliards de tonnes de GES emprisonnées dessous. La seule croissance du nombre de voitures contribuera alors fortement à ce phénomène. Seule une division par 4 au minimum du trafic nous permettra une sortie satisfaisante du problème.
Je vous renvoie à l'article "changer les usages de l'automobile" qui donne les solutions au problème.
Les constructeurs et les pouvoirs publics doivent changer de paradigme en matière de marketing. Il faut vendre une fonction mobilité dans un budget carbone limité et non plus des objets (les voitures). La contrainte nouvelle permettra de chercher des solutions nouvelles en synergie avec les colectivités locales.
Le permafrost du grand Nord fond à vitesse impressionnante et risque de libérer une partie des gaz à effet de serre emprisonnés dessous. Nous risquons l'emballement thermique de la planète. Il y a urgence.
J'ai découvert ce phénomène en Décembre 2004 dans un rapport de recherche relaté dans la revue les dossiers de la recherche,
numéro trimestriel de Novembre 2004-Janvier 2005 page 58 à 61.
Ce phénomène m'a été confirmé aujourd'hui même par Corinne Lepage qui a assisté à un colloque sur le sujet. Dans cet article, vous avez tous les éléments pour vous documenter avec précision. J'ai sollicité le président de l'association uspermafrost, Vladimir Romanovsky, pour avoir un suivi d'actualité sur le sujet et une correspondance permanente.
Dans cet article, il est effectivement expliqué que le permafrost (sol gelé sous lequel il y a de la végétation en décomposition
générant du méthane (puissant gaz à effet de serre et beaucoup plus puissant que le CO2) et stockant 400 milliards de tonnes de
GES ne demandant qu'à être émis)) fond à une vitesse étonnant tous les observateurs au nord canadien, en Suède, en Sibérie,
etc...C'est la vitesse du phénomène qui étonne. Le dégel du permafrost est 3 fois plus rapide qu'il y a quarante ans. La vitesse
du dégel continue d'augmenter (il y a donc accélération du phénomène).
Le permafrost (tout sol gelé pendant plus de deux ans en est), constitue le quart des terres émergées de l'hémisphère Nord.
On constate des affaissements de bâtiments, des oléoducs cassés et d'autres infrastructures endommagées en Alaska et en Sibérie.
On est dans des effets d'emballement et de cercle vicieux dans le mauvais sens.
Si cela s'accentue, on ne sait plus du tout où on va en terme de bilan radiatif de la terre et donc de la température.
Je vais prendre contact avec ces chercheurs pour suivre. Il y a déjà un site internet www.uspermafrost.org.
Les noms des chercheurs sont:
Phil Camill, chercheur spécialiste en écologie végétale au Carleton College de Northfield, Minnesota et observateur du Nord
Manitoba au Canada.
Vladimir Romanovsky, géologue à l'université d'Alaska.
Lawson Brigham de la US Arctic Research Commission à Fairbanks.
Torben Christensen de l'université de Lund en Suède
voici un document européen qui marque la volonté des ministres des transports européens de considérer le vélo comme une composante essentielle d'une politique de transports durables.
Un thème très peu développé dans l'argumentation pour un autre usage des transports est la relation entre le droit et l'automobile. De nombreuses dispositions récentes, en particulier la charte de l'environnement qui va intégrer la constitution, ainsi que la loi SRU de Juin 1999 m'amène à avoir une lecture particulière, surtout sur les circulations douces.
La charte de l'environnement dit à l'article 2:
Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à lamélioration de lenvironnement.
Cette article et son interprétation sont très forts.
Prenons l'exemple des circulations douces. On peut dire qu'une collectivité territoriale qui ne met pas tout en oeuvre pour favoriser l'usage du vélo jusqu'à ce que ceux qui veulent se déplacer ainsi puissent le faire en toute sécurité (plus de 50% dans les intentions et 20% de potentiel dans le passage à l'acte) finalement ne permet pas à ces citoyens d'exercer un devoir constitutionnel, celui de prendre part à l'amélioration de l'environnement. Cet argument est très fort car c'est un devoir que l'on touche et non un droit.
Passons maintenant du côté du droit.
L'article 1 de la loi de 1999 indique que tout usager a le droit de se déplacer et la liberté d'en choisir les moyens.
On peut estimer que si les conditions de sécurité des cyclistes sont insuffisantes sur l'espace public, ceux-ci ne peuvent exercer ce droit si la part d'espace public de voirie affecté à la voiture reste à 90%.
L'article 2 institue d'autre part le droit au transport permettant aux usagers de se déplacer dans des conditions raisonnables d'accès, de qualité et de prix ainsi que de coût pour la collectivité.
On peut interpréter cet article 2 en disant que le vélo étant le mode mécanisé le moins cher et le moins coûteux pour la collectivité, les cyclistes n'ont pas ces conditions raisonnables d'accès, de qualité et de prix. Ils ne peuvent non plus exercer ce droit.
On se trouve donc devant cette terrible impasse juridique où un citoyen désirant se déplacer à vélo dans un espace non sécurisé pour lui ne peut exercer ses droits et un devoir constitutionnel élémentaires.
De nombreuses collectivités territoriales font de beaux effets d'annonce sur les politiques cyclables. Mais les moyens mis en oeuvre sont si faibles, ou les aménagements si mal faits, ou l'espace affecté à la voiture si peu réduit que la loi ne peut être respecté. Le bon indicateur pour mesurer l'efficacité d'une politique cyclable au regard de la constitution est de compter le nombre de citoyens ayant la volonté de circuler à vélo et ayant peur de le faire pour des questions de sécurité.