Voilà maintenant cinq ans, j'écrivais un texte à Corinne Lepage disant approximativement ceci:
"La stratégie de communication du gouvernement républicain américain est de dénigrer Kyoto en disant que c'est quantité négligeable, et parallèlement de nier la réalité de l'influence de l'homme sur le climat. Mais ceci est un rideau de fumée car en sous-main et sans rien dire à personne, et surtout pas aux européens, il investit massivement de l'argent public dans la recherche et l'innovation sur les éco-industries aidés par le capital risque. Quant à la Chine, comme c'est une dictature; s'ils décident de faire quelque chose, cela va aller vite aussi.".
Que se passe-t-il maintenant? Le gouvernement républicain admet la réalité du problème, mais veut enlever les barrières douanières sur les éco-produits. Pourquoi veut-il cela? Eh bien parce que son industrie est prête à envahir le monde de leurs produits.
Pendant que les européens tergiversaient sur les problèmes juridiques et les taxes carbone, les USA ont travaillé dur les technologies innovantes. Le récent G8 illustre parfaitement cet état de fait. Nous sommes dans la gesticulation politique alors qu'il faudrait lancer des éco-entreprises à la conquête du monde.
Le rideau se lève maintenant, et on voit que les USA ont 20 ans d'avance sur nous, "comme d'habitude allais-je dire."
Corinne avait relayé cette vision dans une communication interne à cap21. Pas un journaliste n'y a prêté attention.
En fait, les européens n'ont pas compris comment fonctionnait les américains, l'esprit pionnier doublé de la volonté de gagner beaucoup d'argent avec des idées neuves construites sur cette culture.
Les choses étant établies maintenant, nous n'avons plus qu'à nous mettre au travail.
Notre dépendance au pétrole, même si elle a diminué par rapport à l'acroissement du PIB, est toujours grande et nous rend de plus en plus vulnérables à la hausse des prix. Pour cette raison, Les bilans carbone sont un outil d'analyse stratégique. Les compagnies qui n'auront pas anticipé et préparé des alternatives se préparent des crises majeures.
Voici des illustrations du dynamisme de l'économie américaine dans les technologies propres. Les investissements en capital-risque sont passés de 1.2 milliards de dollars en 2004 à 3 milliards de dollars en 2006.(source cleantech group).
Dave Pearce, patron de la société Miasolé, fabrique des panneaux solaires flexibles en appliquant la technique de dépôts de couches minces par sputtering (pulvérisation cathodique). Cette technique existe depuis 30 ans, en particulier pour déposer des couches minces métalliques sur de la céramique, ou du verre. Elle n'avait jamais été appliquée dans le solaire. Dave Pearce le fait et construit 8 usines cette année.
La nouvelle éco-économie est en plein boom aux USA. Notre vision bonapartiste et centralisée de la gestion de l'énergie est mal placée pour le 21ème siècle où il faudra être décentralisée, souple, réactif. Nous avons un vrai défi à relever.