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Texte libre

Corinne Lepage,

ministre de

l'environnement

 de 1995 à 1997

et présidente de cap21

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9 mai 2014 5 09 /05 /mai /2014 12:07

Le dernier reportage d'ARTE sur la disparition du sable est le symbole de notre incurie environnementale. Le problème du sable, ressource non renouvelable dans les échelles de temps courtes, apparait bien plus critique encore pour l'économie mondiale que les ressources fossiles comme le pétrole, le gaz et le charbon. Il affecte quasiment tous nos produits, dont le béton, les routes, tout le génie civil, l'industrie de la contruction, les ordinateurs. Voici quelques chiffres indiquant l'ampleur du sujet. On consomme 15 milliards de tonnes de sable par an dans le monde.Une barge en Indonésie transporte 400 000 mètres cube par jour. On construit des tours de grande hauteur non habitées à Dubaï, Singapour alors qu'1/3 des urbains dans le monde vivent dans des bidonvilles. Le sable arrivant en mer et sur les plages vient des montagnes et est transporté par les torrents, les rivières et les fleuves. L'inflation de barrages dans le monde empêche 50% du sable venant des montagnes d'aller vers sa destination finale.

 

Cette surconsommation de sable fait disparaître des îles entières, des plages en Floride où la moitié du PIB de la région dépend de lui, ce qui oblige à remblayer tous les deux ans avec le sable venant du voisin, dans une chaîne sans fin. Singapour gagne du terrain sur la mer au prix du pillage du sable de ses voisins. Il n'y en a plus en surface dans le monde, on commence donc à racler les fonds des océans avec d'énormes machines au prix d'une barbarie écologique. Les pêcheurs bretons sont en train de lutter contre une multinationale cherchant à faire disparaître à son profit une énorme réserve natura 2000 contenant énormément de poissons. Il faut que les multinationales deviennent plus responsables vis à vis de ces questions et que les permis de construire soient distribués avec plus de parcimonie. Un permis de construire mondial pourrait être instauré.

 

La disparition des plages amplifiée par la montée des mers (1m à 1m50 d'ici 2100) compromet gravement les littoraux mondiaux et l'économie associée. Quand on sait que la moitié de la population mondiale va vivre à moins de 50km des côtes, cela fait froid dans le dos.

 

Le sable devient donc une ressource rare. Il se construit alors une spéculation, une mafia, une criminalité organisée qui rackette les populations et corrompent la police et les gouvernements locaux, y compris à Singapour qui se veut le champion de l'environnement.

 

Il est grand temps de réagir et de mettre ce sujet sur le devant de la scène médiatique, d'alerter les ONG et les gouvernements. Il nous faut changer de modèle et aller vers l'utilisation massive de ressources recyclées. C'est bien notre mode de vie de croissance infinie qu'il faut remettre en cause. Tout le monde parle de faire des économies en supprimant les doublons dans les entreprises, les collectivités locales. On fait du lean management dans les entreprises. Mais on gaspille sans vergogne et en dehors de toute rationalité les ressources naturelles. Certes il ne faut pas d'écologie punitive, mais il faut une écologie contraignante et qui fixe des limites règlementaires élevées.

 

Voici le lien pour voir entièrement ce reportage:

 

http://boutique.arte.tv/f9016-sable_enquete_disparition 

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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 21:47
Le lien proposé est une video extrêmement pédagogique sur l'histoire du système monétaire mondial. Nous y découvrons comment nous en somme arrivés là. Nous pouvons en conclure que le développement durable ne restera que du discours si nous ne réformons pas l'ensemble de ce système. Il faudra des chefs d'état de grande valeur pour comprendre cela et négocier avec les USA une refonte complète du système  de financement et de comptabilité macroéconomique. Il ne suffira pas de faire repartir l'accès au crédit dans les conditions actuelles pour remettre bon ordre dans un modèle de développement nous menant dans le mur à la vitesse de la lumière. Nous avons fait baisser la fièvre, mais nous n'avons pas soigné le malade.

www.vimeo.com/1711304

En résumé, les banques créent l'argent à partir de rien, alors que dans le passé elles créaient l'argent à partir d'une référence physique (quantité de métal or ou argent ou autre). Or, dans un monde fini, si on veut une croissance régulière tendant vers l'infini, le système ancien ne pouvait marcher car la quantité de matières nobles de référence est finie. La finance moderne est donc assise sur cette création d'argent à partir du néant. Elle se fait au travers de simple lettres de crédit signées par le débiteur. Les banques se refinancent auprès d'autres banques pour prêter à nouveau et avec les remboursements réguliers des débiteurs. Ainsi, il est possible, en dehors de toute référence physique, de prêter à l'infini. Ce système ne peut marcher que si un niveau de confiance règne.

Or les banques ont dilué le risque en titrisant leurs prêts, c'est à dire en les diluant dans des actions ou obligations, les rendant ainsi opaques et exposés à une défaillance critique des débiteurs.

En sus, les marchés à options, qui sont des paris sur l'évolution à venir des titres, font eux-mêmes l'objet d'un marché fonctionnant en offre-demande, avec un fort effet de levier à la hausse ou à la baisse.

On voit qu'une finance coupée de toute réalité physique nous a amené au bord d'un effondrement complet de civilisation.

L'avidité du monde développée est sans limite, et le système financier permet à celle-ci de s'exercer, aux dépends des facultés de régénération de la planète et de ses ressources (on dépasse la capacité d'assimilation des milieux). Ce système n'a pas de limite.

Toute politique environnementale ambitieuse se doit de réformer le système de financement et le système de comptabilité macroéconomique pour tenter de sauver une civilisation qui court à sa perte.

C'est l'ambition de cap21 dans le Modem.



 
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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 21:20
Voici une tribune de Corinne Lepage sur la comptabilité macroéconomique, en particulier le PIB, et le commentaire que j'ai ajouté à la suite.

Corinne Lepage: N'est-il pas temps de changer de mode de calcul?

Le président de la République avait chargé deux prix Nobel : Amartya Sen et Robert Stiglitz  de mettre en place un PNB vert. Plus personne n'en parle et ce projet peut apparaître aujourd'hui comme parfaitement obsolète compte tenu  de la crise économique et financière. Cependant, et de manière paradoxale, l'adjonction d'un indice de bien-être économique à côté d’un PNB en berne présenterait de très nombreux avantages particulièrement dans l'année qui vient.
 
De quoi s'agit-il ?
 
L'indice de bien-être économique n’est pas unique : il existe d’autres indices qui visent le même objectif, à savoir patrimonial. Partant du PNB, il ajoute et il retranche ce qui a amélioré le patrimoine collectif et ce qui l’a réduit. Ainsi, les services gratuits, l'amélioration du patrimoine naturel, les dépenses d'investissement pour préparer l'avenir, santé, recherche, éducation viennent en plus. A contrario, la réduction du patrimoine naturel, la maladie, la délinquance, l'augmentation des inégalités vienne en déduction. Ainsi, l'indice de bien -être économique offre une image beaucoup plus réelle de la progression de la société sur une année. C'est précisément parce que les perspectives pour 2009 sont particulièrement noires sur le plan économique que le moment est particulièrement bien choisi pour changer de grille de lecture. Le très récent rapport du laboratoire européen d’anticipation considère en effet que la fin du premier trimestre de l’année 2009 va être caractérisée par une prise de conscience générale de l’existence de trois processus déstabilisateurs majeurs de l’économie mondiale, à savoir :

1. la prise de conscience de la longue durée de la crise

2. l’explosion du chômage dans le monde entier

3. le risque d’effondrement brutal  de l’ensemble des systèmes de pension par capitalisation.

Dès lors, les facteurs psychologiques vont jouer un rôle extrêmement important puisque les opinions publiques risquent de considérer que la crise échappe en réalité à tout contrôle avec donc un risque de chaos social. Les états s'avèrent incapables de gérer socialement la montée du chômage et de donner de réelles perspectives aux populations.

En effet, plus la crise durera plus elle sera porteuse d'instabilité socio-économique. S’y ajoute bien sûr  le risque d'effondrement brutal du système de retraite par capitalisation puisque l’OCDE estime à 4.000 milliards USD les pertes des fonds de pension pour la seule année 2008. La prise de conscience par les opinions publiques de ces tendances et de leurs conséquences pourrait constituer le grand choc psychologique mondial du printemps 2009. De même que les investissements hors la société post pétrolière apparaissent comme déraisonnables et irrationnels, de même le maintien, pour mesurer l'évolution de la société, du seul critère du PNB apparaît comme  un facteur d'accroissement de la crise, et ce pour plusieurs raisons.


Tout d’abord, il est certain que la crise et le chômage croissant  vont conduire a une augmentation importante des activités  non rémunérées mais qui constituent une création de valeur incontestable, comme les aides à la  personne, les activités d'entretien et de réparation, l’usage du potager pour nourrir sa famille. Tous ces activités ne sont pas comptabilisées dans le PNB mais sont évidemment extrêmement importantes pour la vie quotidienne, voire pour la survie d'un certain nombre de personnes.

Ensuite, le ralentissement économique va s'accompagner d'une réduction des pollutions et des émissions de gaz à effet de serre, d'une réduction de la circulation automobile améliorant ainsi la santé des habitants des villes même si  parallèlement les difficultés financières vont rendre plus difficile pour un certain nombre de personnes l'accès aux soins. Ces éléments sont à prendre en compte.
On peut aussi imaginer que la crise favorise le système D, l'entraide, la solidarité et conduisent ainsi à retrouver, par la force des choses, des relations humaines d'une qualité très supérieure.


Il est donc économiquement et socialement tout à fait faux de ne pas considérer que ces évolutions apportent un plus à la société et doivent à ce titre être comptabilisés dans l'indice de bien-être économique.
Cette transformation  permettra de mieux appréhender la réalité globale de la crise, de mesurer avec d’autres critères son impact et donc d’orienter différemment les politiques publiques pour favoriser le maintien d’une certaine cohésion sociale dans un esprit de justice qui est aujourd’hui totalement absent.
Elle permettra aussi d’améliorer le moral de nos concitoyens en donnant tout d'abord une valeur économique à ce qui est aujourd'hui n’en n’a pas et en cessant de considérer comme avantage  ce qui n'en est pas un. Rappelons par exemple que la finance virtuelle a été le principal moteur de la croissance du PNB au cours des dernières années.

On voit où cela nous a conduit !


Enfin surtout, la recherche d'un accroissement de l’indice de bien être économique donne un sens, une direction à la société  à un moment où précisément une menace de troubles sociaux existe, liée précisément à la disparition d'un modèle sans qu’aucune solution alternative ne soit réellement proposée. Le changement de critère de référence constituerait précisément un des symboles les plus  forts d’espoir.

 

Tribune France-Culture du lundi 22 décembre

 

Mon commmentaire:

 

Nous connaissons très bien ces calculs dans le monde de l'entreprise. C'est le coût de non qualité. Il comprend 2 volets:

-les dépenses de non qualité subies (coût de réparation). Ce sont essentiellement les coûts de rebuts et de reprise des produits qui rentrent dans cette catégorie. Par exemple, un acheteur subissant la pression court terme de son management achète moins cher un composant dont l'équivalence en assemblage système pose problème. Ce sont n systèmes qui seront repris en ateliers de réparation.

-les dépenses consenties ou encore choisies. Ce sont les dépenses que l'on fait en amont de la fabrication du produit pour fabriquer bien du premier coup. Ce sont les contrôles très en amont, les analyses préalables de modes de défaillance, de leurs conséquence et de leur criticité. En politique environnementale, cela s'appelle le principe de prévention.

Trouver un modèle de développement permettant de donner une réalité à cette nouvelle manière de compter, c'est par exemple trouver des modes de vie à confort quasi identique en dépensant 10 fois moins d'énergie. Or aujourd'hui, la croissance de PIB et les revenus des acteurs économiques sont assis sur la consommation d'énergie fossiles essentiellement. Pour que la transition énergétique se fasse, il faut effectivement monétariser les services gratuits fournis par la nature et rendre plus chère l'énergie. Il faut aussi rémunérer plus fort les acteurs favorisant les économies.

L'économie de l'environnement se mène exactement comme une politique qualité dans une entreprise.

 

On peut ajouter un exemple encore pour illustrer:


Une société dont la cohésion sociale explose amène inévitablement une augmentation de la délinquence et une réaction sécuritaire avec une augmentation des besoins en ressources humaines dans la police, la justice etc..., une augmentation de la difficulté d'exercer les fonctions d'enseignement du savoir, plus généralement, une augmentation des coûts de réparation et de contrôle.


Une société économiquement sans problème majeure est apaisée et ne nécessite que peu de forces de l'ordre.


Le maître mot d'une société durable est: partage (donc fiscalité plus juste et refuser la paranoïa qui veut que les capitaux vont s'en aller ailleurs. Ce ne sera pas le cas si notre pays est attractif et apaisé). Certaines sociétés très performantes économiquement dès aujourd'hui ont intégré ce paradigme dans leur stratégie marketing et construisent de nouvelles offres à partir de ce mot.

 




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17 novembre 2008 1 17 /11 /novembre /2008 21:58
Tel est le titre de l'article de Corinne Lepage du 17 Novembre suite à la réunion du G20. La substantifique moëlle de cet article est que la crise financière n'est que la face émergée de l'iceberg "crise du système", c'est à dire du contenu de la croissance que nous avons choisi depuis des décennies.

Voici le texte de Corinne Lepage:

"
Alors que le G20 peine à établir les prémisses de ce que pourrait être de nouvelles régles du jeu de la finance internationale, voire du capitalisme , on ne peut que constater la différence de traitement entre la crise financière et la crise écologique et climatique. L’urgence de la première n’est pas contestable et on peut que souscrire aux souhaits de certains Etats de voir mettre en place un nouveau Bretton Woods.

 

Il faut toutefois souligner qu’en s’attaquant au volet financier de la crise mondiale, les chefs d’Etat refusent en réalité de s’attaquer aux causes, la transformation du capitalisme , la croissance des inégalités et les bases artificielles de la croissance passée fondée sur la spéculation et l’économie financière , pour ne viser que les effets.

S’ils acceptaient de reconnaître les erreurs accumulées, le système de gaspillage et de destruction des ressources mis en place et le caractère non durable de la croissance de ces 20 dernières années, ils serait inéluctablement conduits à reconnaître qu’il ne s’agit pas d’une crise financière mais du volet financier de la crise du système dans lequel nous vivons. Or, le volet énergétique et climatique de cette même crise présente le même caractère d’urgence, car, comme en matière financière , tous les voyants sont au rouge.
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12 novembre 2008 3 12 /11 /novembre /2008 23:00
Voici un texte publié par Corinne Lepage, vice-présidente du Modem.

20.10.2008

 

Corinne Lepage: éviter l'effondrement

 

Dans son livre « Effondrement » consacré aux choix des sociétés de survivre ou de disparaître, Jared Diamond identifie 4 formes de comportement collectif qui ont été fatals aux sociétés qui les ont choisis/

 

 · L¹incapacité d¹identifier un problème avant qu¹il ne se manifeste

 

 · L¹incapacité de percevoir un problème alors qu¹il est présent

 

 · L¹incapacité à résoudre ­ voire même à réellement chercher des solutions lorsque le problème est identifié

 

 · Et surtout le maintien d¹un système de valeurs sociales inadaptées à la situation nouvelle.

 

 Et Jiamond écrit à ce propos : » il est douloureusement difficile de décider qu¹il faut abandonner certaines de ses valeurs centrales quand elles sont devenues incompatibles avec la survie ».

 

 Je laisse nos auditeurs s¹interroger sur notre incapacité plus ou moins manifeste à répondre aux trois premier enjeux s¹agissant non seulement de la crise financière et économique, mais surtout de la crise énergético-écologique qui est celle de la prise de conscience de nos limites.

 

 Je voudrais m¹arrêter sue la question du système de valeurs qui est en réalité la clé du reste. Dans un ouvrage remarquable intitulé l¹enfermement planétaire , André Lebeau traite de la question de la confrontation de la logique libérale au problème des limites de la terre, générant une régression économique , voire un effondrement. Or, nous ne parvenons pas à traiter la question de la démographie pas plus que celle de la gestion dans un intérêt commun des ressources naturelles nécessaires à notre survie Le fait que les ressources soient localisées et les pollutions souvent diffuses accroît encore les sources d¹interdépendance mais aussi d¹inégalités croissantes, l¹accroissement des revenus se faisant sur l¹exploitation des richesses. Croissance est synonyme d¹augmentation du revenu et non pas d¹augmentation du patrimoine collectif . Notre système de valeurs est donc inadapté et ce d¹autant plus que la croissance des 30 dernières années s¹est accompagnée d¹un accroissement des inégalités entre personnes et entre pays qui a servi de moteur à ladite croissance.

 

 Eviter l¹effondrement , c¹est-à-dire faire le choix de la survie , c¹est donc s¹attaquer à notre système de valeurs qui est la cause profonde du crach financier . En admettant nos erreurs et en refusant que les responsables physiques des drames actuels tentent de s¹autojustifier en nous proposant de continuer sur le même système, voire même comme Alain Madelin en accablant les victimes que sont les emprunteurs américains. Il est nécessaire de commencer avec des mesures symboliques mais fortes comme la suppression des parachutes dorés et bonus de dirigeants financiers par la loi, le droit de vote étendu des Etats dans les banques dans lesquelles il aura investi et une législation rigoureuse excluant toute autorégulation dont on a vu où elle conduisait. Pendant « les affaires » les affaires ne sauraient continuer.

 

 En second lieu, en évitant à tout prix que les Etats qui sont derniers garants de la vie collective ne soient déstabilisés, car ce serait alors un risque de chaos pour les nations. Les Etats sont aujourd¹hui les seuls à pouvoir faire face aux réorientations économiques et sociales majeures auxquelles il faut procéder sans délai. A cet égard, on ne saurait trop rappeler combien la frilosité du parlement français au regard de la loi Grenelle apparaîtra, si elle se poursuit , comme une chance historique partiellement manquée pour l¹économie et la société française.

 

 Ce sont également les Etats qui peuvent au niveau international concevoir un réel système sur le modèle par exemple proposé par le professeur Stiglitz, prix Nobel d¹économie, de permettre le développement des pays du sud tout en évitant la déforestation grâce à une généralisation des mécanismes de Kyoto au monde entier.

 

 Comprenons bien ! Nous sommes à la croisée des chemins.

 

 · Ou bien , notre système de valeurs change et s¹écarte de l¹hyperlibéralisme pour revenir à une économie de marché très régulée par une priorité donnée la lutte contre le changement climatique et l¹adaptation de notre humanité à des changement d¹ors et déjà inévitables . Ce choix implique un retour à l¹éthique, un efforts sans précédent de solidarité et de réduction des inégalités pour éviter notamment la montée de la violence voire des guerres. C¹est un projet de civilisation au sens qu¹Edgar Morin a voulu donner à ce terme

 

 · Ou bien , nous nous limitons à une analyse de la situation limitée à une crise économique de caractère cyclique et nous mettons les rustines en conséquence . Dans ce cas, la crise n¹aura servi à rien si ce n¹est à accélérer les mécanismes inévitables qui conduisent à notre effondrement collectif.

 

 Le développement durable , avec une soutenabilité forte c¹est-à-dire exigeant le maintien du niveau des ressources, est aujourd¹hui un choix rationnel. Etre optimiste consiste à penser que ce choix absolument nécessaire pourra être un choix suffisant.



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21 juillet 2008 1 21 /07 /juillet /2008 23:14
Le Modem doit devenir le premier parti du développement durable en France. Voici donc les deux définitions.

La première, institutionnelle, est celle du rapport Bruntland, connue de tous et qu'il est bon de rappeler comme référence.

Le développement durable est celui qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.

 La seconde est celle que je propose dans des interventions pour étudiants ou des conférences. Elle est une traduction plus opérationnelle.

Le développement durable est celui qui permet de satisfaire les besoins d'une population en prélevant au minimum sur les ressources naturelles.

Derrière cette définition, il y a la notion d'optimisation.

De toute les façons, ces définitions interrogent à nouveau les sociétés modernes sur le plan de la différenciation entre besoins et désirs, l'essentiel et le superflu.

Le croissance infinie telle qu'elle est mesurée aujourd'hui par le PIB ne surdimensionne-t-elle pas les désirs par rapport aux besoins? Faut-il un croissance infinie de  nos superflus  pour que les déshérités de la planète sortent de la misère? Ce dernier point est la philosophie sous-tendant les économistes de droite.

Nous nous devons de décrire les contours de cette différenciation ou du seuil à mettre entre le toujours plus et autre chose.

  





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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 21:09

Les évènements liés au dopage dans le monde sportif et qui éclatent au grand jour lors du tour de France ne sont que la face émergée de l'iceberg, le signe d'une société malade. Il est illusoire de parler de développement durable, de santé durable, de tout durable tant que nous n'aurons pas remis à plat nos modes de vie, notre système de valeurs, ou plutôt notre hiérarchie des valeurs. Il est grand temps de revoir ce que nos sociétés attendent du sport de haut-niveau. Il devrait porter les notions de gestion de la santé sur le long terme, pour le tour de France, porter une image positive du vélo pour qu'il soit utiliser en masse pour se déplacer, porter les valeurs de préservation de la planète. Au lieu de cela, il porte en tête la concurrence exacerbée, la fuite en avant, la croissance continue des performances, dépassant les limites normales de l'humain. Il en est de même pour l'économie. Un article d'un journal économique type "enjeux les echos" relatait un sondage selon lequel 30% des cadres, poussés par des objectifs démesurés, se dopaient aux amphétamines. J'ai moi-même cotoyé un ingénieur possédant un bureau d'études indépendant déclarant ouvertement un dopage aux amphétamines pour livrer ses rapports dans les délais. Cette pression sur les délais, et accessoirement sur les coûts, qui gangrainent le monde économique amène au travail de piètre qualité, au désengagement dans le travail bien fait, et au final, à une perte économique. 

Je crois que le mal du siècle est le rapport que nous entretenons avec le temps. Si on veut faire durer l'existence de l'humanité sur terre, c'est notre vision du temps qu'il faut revoir. Il faut synchroniser le temps de l'humain et le temps de la terre sous peine de disparaître. Le dopage dans le tour de France n'est pas qu'une histoire technique d'urine, de sang et de tricherie, c'est un signe d'une société toute entière qui marche sur la tête.    

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19 février 2007 1 19 /02 /février /2007 23:34
Je vous invite à lire ce livre. Le résumé est déjà édifiant.
 
Des livres
Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie (Jared Diamond)
Jared Diamond, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie. Gallimard, 2006.


(JPEG)

Géographe à l’université de Californie, à Los Angeles, Jared Diamond est également un biologiste et un physiologiste qui publie son troisième ouvrage sur l’avenir du monde. En reliant un impressionnant travail d’archives et de prospective, il éclaire les questions que nous nous posons sur le climat, l’environnement, les ressources. Qu’on ne s’y trompe pas : en écrivant sur les Vikings ou les Mayas mis en parallèle avec les Rwandais, les Haïtiens, les Chinois ou les Australiens, c’est de notre futur qu’il s’agit.

D’autant que Jared Diamond prévient le lecteur : « L’échec n’est pas réservé aux petites sociétés périphériques vivotant dans des contrées fragiles. Les sociétés les plus évoluées et les plus créatives peuvent aussi s’effondrer » écrit-il, en citant l’exemple des Mayas dont le temps a englouti, en quelques dizaines d’années, la brillante civilisation. Ces millions d’habitants dont il ne reste rien des dynasties, des calendriers, de l’art, de l’écriture, de l’urbanisme, de l’astronomie... Diamond n’y va pas par quatre chemins : c’est l’exploitation sans vergogne des ressources naturelles qui fut largement à l’origine de la chute de la Grèce mycénienne, des civilisations du Moyen Orient et de l’Indus ou de l’Empire khmer dont il reste l’étonnant Angkor Vat : « tous les peuples sont susceptibles de verser dans la surexploitation de leur environnement, d’autant plus que sa dégradation progressive, brouillée par les fluctuations ponctuelles, reste difficile à appréhender ».

Jared Diamond a développé plusieurs cas dans son ouvrage dont on peut, à titre d’exemples, citer quelques analyses. Il parvient à écrire une véritable géographie des Mayas. On sait que les densités en pays maya étaient très élevées entre 250 et 800, du fait des techniques d’irrigation qui ont fait la fortune de cités-Etats. Comme elles le firent en Europe avec les cathédrales, les « villes » entrent dans une concurrence au plus beau temple, alimentée par les pouvoirs monarchiques locaux. Le déboisement ruine la forêt, assèche le climat qu’un cycle général de réchauffement des températures rend encore plus prégnant. Une famine provoque des guerres civiles, des maladies tandis que les rois se coupent du peuple. C’est pourquoi Cortès ne verra rien des Mayas dans les Yucatan qu’il traverse en l’an 1524. Un deuxième exemple est celui des moai de l’Ile de Pâques. 847 moai - dont une moitié reste encore dans des carrières - pesant jusqu’à 270 tonnes, ont été taillés et alignés sur des plates-formes monumentales. Comment refaire la géographie de cette île, sachant que les Polynésiens s’y sont installés probablement vers l’an 900 et que huit cents ans plus tard, les navigateurs européens n’y découvrent que la ruine et la désolation des arbres et des animaux disparus. La forêt aurait été détruite en six cents ans, pour produire ces statues qu’il avait fallu acheminer sur des rails en bois, avec des cordages. Les chefs auraient, dans leur délire concurrentiel, conduit à l’extension des terres cultivées et à la ruine de la forêt. L’impossibilité de construire des pirogues, la famine jusqu’à l’anthropophagie, la destitution des chefs à la fin du 17e siècle et, pour finir, la destruction des statues, brisées au niveau du cou, par la société qui les avait édifiées, tel fut le destin des douze tribus des Pascuans.

Pour Jared Diamond, quatre facteurs peuvent concourir à l’effondrement d’une société : le changement climatique, la dégradation de l’environnement, l’hostilité des voisins, des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux. Mais les réponses apportées par une société, selon ses valeurs propres, peuvent enrayer le processus, comme Diamond le montre pour le cas de la République dominicaine qui partage le même espace géographique qu’Haïti. Les Vikings installés au Groenland offrent une belle occasion de montrer comment ce peuple fut victime du petit âge glaciaire au 14e siècle. En refusant de s’accommoder au froid, de chasser la baleine, de manger du phoque, en préférant garder le mouton et le bœuf nécessitant du fourrage, l’urbanisme scandinave et ses églises coûteuses, les Vikings s’exposent à la mort plutôt que d’embrasser le genre de vie des peuples locaux qu’ils détestent.

Les analyses sur la Chine, « géant qui titube », l’Australie ou le Montana surprendront plus d’un lecteur. Elles montrent qu’il n’y a rien de fatal dans la course accélérée à la dégradation mondialisée de l’environnement mais qu’il va falloir prendre de bonnes décisions. Comment peuvent se mobiliser les grandes entreprises pour protéger l’environnement ? Et qu’est-ce que cela implique que le monde soit devenu un « polder » ? Diamond sait, comme Fourastié en ses Trente Glorieuses, être persuasif en décrivant la Californie comme il la voit : « les problèmes environnementaux et démographiques ont miné l’économie et la qualité de vie en Californie du Sud. Ils sont dans une large mesure responsables de nos pénuries d’eau et de courant, de notre accumulation d’ordures, de notre surpopulation scolaire, de nos pénuries de logements, de nos hausses de prix et de nos embouteillages ». En France, on pourrait remplacer Californie par... Languedoc ou Provence pour actualiser spatialement la démonstration. Diamond fixe de sérieuses mises en garde : non, la technologie ne résoudra pas ce type de problèmes ; non, les ressources sont bien épuisables ; oui, il y a bien un problème alimentaire mondial ; non, la crise démographique ne se résoudra pas d’elle-même. Et il enfonce le clou en fustigeant ceux qui pensent que le souci de l’environnement est un luxe de riches. On pourrait ajouter : nous voilà prévenus.

C’est ainsi que la géographie s’invite au débat du monde et qu’elle donne le meilleur d’elle-même.

Compte-rendu : Gilles Fumey

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