Dans le débat sur les solutions à apporter au problème du réchauffement climatique, il est intéressant de se pencher sur l’opinion du comité des constructeurs français d’automobiles et des automobiles clubs.
J’étais présent à une formation d’une journée pour les fonctionnaires sur le thème : « défi climat : comment lutter contre l’effet de serre ? ». Lors de cette journée, André Douaud, directeur technique du comité des constructeurs français d’automobiles a fait un exposé sur la stratégie des constructeurs français en matière de réchauffement climatique.
Je rapporte ici un résumé de ses propos. J’y apporterai ensuite un commentaire.
Quelle est donc leur position ?
L’effet de serre est un phénomène global. Il faut donc construire les raisonnements à l’échelle planétaire. Si nous adoptons une politique nationale de réduction des émissions, cela revient à nous « tirer une balle dans le pied » en matière économique.
Dans cette façon de regarder, l’industrie automobile française est un très bon élève car le parc de véhicules peu polluants est massif. Certes,
Ces deux points sont le socle de la stratégie des constructeurs aujourd’hui, et on ne peut nier qu’ils ont leur part de vérité.
Revenons sur le premier point. Les constructeurs auraient raison si nous continuons sur la lancée économique actuelle, c'est-à-dire en effectuant des progrès à la marge.
En fait on peut retourner le problème autrement. Avoir une politique nationale ambitieuse peut consister à mettre le paquet en recherche et développement privé et publique pour développer des technologies de rupture qui nous placeraient dans une position concurrentielle avantageuse dans 10 ou 15 ans. Les constructeurs français ont insuffisamment développé les technologies hybrides et sont restés concentrés sur le diesel.
Toyota a pris le parti de développer l’hybride depuis 25 ans avec 500 brevets à la clé. C’est aujourd’hui la marque automobile la plus profitable. Certes, son impact est marginal globalement, mais économiquement, il est en avance. En fait, le développement de la technologie hybride est marginal car les investissements et la concurrence ont été insuffisants pendant les dernières décennies, encouragé par la faiblesse des politiques publiques de déplacements.
Il est donc intéressant, contrairement à l’opinion du CFCA, de mettre l’économie française en marche dès maintenant pour pouvoir exporter les meilleures technologies dans quelques années. Et j’entends par technologie également et surtout les concepts organisationnels qui permettent de modifier les usages.
Là-dessus, j’ai été suivi par Mr Douaud. J’espère donc que l’on pourra travailler ensemble sur le projet taxi collectif temps réel car les technologies logicielles permettant de rendre la mobilité efficace feront faire beaucoup plus d’économies que les moteurs.
Le traitement de la question de l’effet de serre par le monde automobile est donc bien affaire de stratégie et d’angle de vue. C’est au monde politique d’impulser par la fiscalité la diversité des orientations stratégiques des constructeurs et de concentrer les aides sur les technologies et les systèmes en émergence par rapport aux stratégies de faible changement et d’adaptation, insuffisante pour tenir les objectifs.