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Texte libre

Corinne Lepage,

ministre de

l'environnement

 de 1995 à 1997

et présidente de cap21

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27 décembre 2006 3 27 /12 /décembre /2006 22:38

Dans le débat sur les solutions à apporter au problème du réchauffement climatique, il est intéressant de se pencher sur l’opinion du comité des constructeurs français d’automobiles et des automobiles clubs.

 

J’étais présent à une formation d’une journée pour les fonctionnaires sur le thème : « défi climat : comment lutter contre l’effet de serre ? ». Lors de cette journée, André Douaud, directeur technique du comité des constructeurs français d’automobiles a fait un exposé sur la stratégie des constructeurs français en matière de réchauffement climatique.

 

Je rapporte ici un résumé de ses propos. J’y apporterai ensuite un commentaire.

 

Quelle est donc leur position ?

 

L’effet de serre est un phénomène global. Il faut donc construire les raisonnements à l’échelle planétaire. Si nous adoptons une politique nationale de réduction des émissions, cela revient à nous « tirer une balle dans le pied » en matière économique.  

 

 Dans cette façon de regarder, l’industrie automobile française est un très bon élève car le parc de véhicules peu polluants est massif. Certes, la Toyota Prius est performante, mais son implantation dans le parc mondial est négligeable par rapport au diesel HDI par exemple. En masse, les constructeurs français sont donc les meilleurs.

 

Ces deux points sont le socle de la stratégie des constructeurs aujourd’hui, et on ne peut nier qu’ils ont leur part de vérité.

 

Revenons sur le premier point. Les constructeurs auraient raison si nous continuons sur la lancée économique actuelle, c'est-à-dire en effectuant des progrès à la marge.

 

 En fait on peut retourner le problème autrement. Avoir une politique nationale ambitieuse peut consister à mettre le paquet en recherche et développement privé et publique pour développer des technologies de rupture qui nous placeraient dans une position concurrentielle avantageuse dans 10 ou 15 ans. Les constructeurs français ont insuffisamment développé les technologies hybrides et sont restés concentrés sur le diesel.

 

Toyota a pris le parti de développer l’hybride depuis 25 ans avec 500 brevets à la clé. C’est aujourd’hui la marque automobile la plus profitable. Certes, son impact est marginal  globalement, mais économiquement, il est en avance. En fait, le développement de la technologie hybride est marginal car les investissements et la concurrence ont été insuffisants pendant les dernières décennies, encouragé par la faiblesse des politiques publiques de déplacements.

 

Il est donc intéressant, contrairement à l’opinion du CFCA, de mettre l’économie française en marche dès maintenant pour pouvoir exporter les meilleures technologies dans quelques années. Et j’entends par technologie également et surtout les concepts organisationnels qui permettent de modifier les usages.

Là-dessus, j’ai été suivi par Mr Douaud. J’espère donc que l’on pourra travailler ensemble sur le projet taxi collectif temps réel car les technologies logicielles permettant de rendre la mobilité efficace feront faire beaucoup plus d’économies que les moteurs.

 

Le traitement de la question de l’effet de serre par le monde automobile est donc bien affaire de stratégie et d’angle de vue. C’est au monde politique d’impulser par la fiscalité la diversité des orientations stratégiques des constructeurs et de concentrer les aides sur les technologies et les systèmes en émergence par rapport aux stratégies de faible changement et d’adaptation, insuffisante pour tenir les objectifs.  

 

           

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commentaires

R
Moi, j'avais jamais rien compris à l'effet de serre, jusqu'à ce que je tombe sur le blog www.thedino.org où ils expliquent l'écologie pour les nuls. Il y a déjà "Leçon numero 1 : effet de serre" et "Leçon numero 2 : couche d'ozone". Ca parle aussi de Mireille Mathieu (leçon numero 3) et de Nicolo. Je me sens déjà un peu moins con...Bisous
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D
Bien sûr, vulgariser cette notion est nécessaire. Il est tout aussi nécessaire d'approfondir cette question pour pouvoir se cultiver et répondre aux questions des citoyens. Il y a le site www.manicore.com pour se faire une bonne idée. Pour un approfondissement supérieur, voir le site www.ipcc.ch
A
Je viens de lire l'analyse sur "Effet de serre: la position des constructeurs automobiles" C'est bien intéressant, mais la vrai position des industriels de l'automobile français est bien loin de cela. Pour relancer la vente des voitures, il vont promouvoir le marché des 4x4. (Dit sur France Inter un matin de cette semaine) ABERRANT.
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D
La position que je décris est celle exprimée officiellement dans les formations auxquelles participent le CFCA.<br />  <br /> Les 4X4 représentent une faible part du marché et sa part est en baisse depuis 2005. Si on considère la masse des véhicules (30 millions, ils contribuent faiblement à l'effet de serre en France. Ce n'est pas la cas aux USA, au Canada, et même en Suède.<br />  <br /> Par contre, il ne sert à rien de les diaboliser. Il est beaucoup plus intéressant de leur parler de transformation des usages de l'automobile. Il s'avère, à ma grande surprise, que le CFCA partageait mon opinion.<br /> Dans ces cas-là, il est plus efficace de les prendre au mot en les faisant participer à des projets innovants qui changent les usages.   <br /> Ce n'est pas parce qu' on parle des 4X4 sur les ondes que le reste n'est pas possible. Il faudra bien que le développement durable se construise aussi avec la voiture par le changement de son usage, sinon l'industrie automobile a du souci à se faire, les restructurations vont avoir un coût social considérables. La population est de plus en plus sensible aux questions environnementales depuis un an et les comportements d'une majorité de gens et de jeunes (qui seront les comportements d'adultes de demain) sont en train de changer.