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Texte libre

Corinne Lepage,

ministre de

l'environnement

 de 1995 à 1997

et présidente de cap21

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28 mai 2006 7 28 /05 /mai /2006 23:08

L'enjeu énergétique et climatique est majeur et nos gouvernants actuels sont très loin de prendre les mesures qui s'imposent pour rendre notre pays efficace. La récente émissions "mots croisés" a posé les vraies questions, pas celles qui alimentent le sujet politique dans les grands médias actuels.

Le principal danger qui menace n'est pas macroéconomique, pour le moment seulement, comme l'a dit avec justesse Elie Cohen dans l'émission, mais social. En effet, les pays producteurs de pétrole recyclent leur argent dans l'achat de biens et de services dans les pays consommateurs, et dans l'achat d'actifs financiers, ce qui permet de maintenir des taux d'intérêts bas. Seul, aux Etats-Unis, ces investissements ne compensent pas la hausse de la facture pétrolière car les taxes sur les carburants sont faibles, mais ce phénomène ne pèse pas encore assez sur la croissance américaine.L'économie, tant que celle-ci ne souffre pas trop, continue de tourner à un bon rythme.

Par contre, le risque majeur est social, c'est donc la démocratie même qui est en danger. En effet, Les 15 millions d'actifs gagnant  moins de 1250 Euros nets en France vont souffrir de plus en plus au niveau du pouvoir d'achat. 

 

Qu'en est-il de l'hydrogène comme carburant?

 

Pour avoir un raisonnement correct sur cette question, il ne faut jamais oublié que la dimension temps est essentiel. C'est à dire combien de temps avons-nous pour éviter que les émissions de gaz à effet de serre ne s'emballent, dans combien de temps pourrons nous monter en volume la production de nouveaux systèmes, sachant que le temps de pénétration dans l'ensemble du parc automobile est de 20 ans environ?

On voit que l'hydrogène ne réprésente pas l'alternative espérée pour réduire les émissions de carbone.

D'autant que la production d'hydrogène peut ne pas être neutre au niveau des émissions de gaz à effet de serre, le CO2 en particulier.

Soit on produit  à partir d'hydrocarbures, par exemple le méthane, auquel cas on produit du gaz carbonique, donc de l'effet de serre. Le tableau suivant vous donne les émissions de gaz à effet de serre en grammes par km du puits jusqu'à la roue de la voiture (source IFP).

 

  

 

 

 

 

On voit que l'hydrogène comprimé produite à partir du gaz naturel (méthane), émet tout de même 108g de CO2 par km. Etant donné que nous allons allègrement sur 1 milliard de véhicules dans le monde, on voit que l'hydrogène n'est pas la panacée.

 

La deuxième façon de produire de l'hydrogène est de casser la molécule d'eau. Pour cela, il faut beaucoup d'électricité. Là, il faut avoir un chiffre en tête. Chaque fois que vous parcourez 1 seul kilomètre avec votre voiture, vous consommez 1kWh d'énergie. Il faut donc produire au moins cela pour faire tourner nos automobiles.

 

Une voiture parcourt, dans notre mode de vie moyen occidental, 15000km par an. Si toutes les voitures du monde font cela, cela nous mène à 15000 milliards de kWh, et il faudrait plusieurs milliers de centrales nucléaires pour produire cette électricité.

 

C'est là que la dimension temps intervient. Selon les chercheurs qui travaillent sur la question du permafrost dans les latitudes du Grand Nord, la fonte de celui-ci pourrait provoquer le relarguage dans l'atmosphère d'une partie des 450 milliards de tonnes de carbone (méthane plus gaz carbonique) dans l'atmosphère d'ici 2020.

Ceci aurait pour conséquence de provoquer un effet d'emballement du réchauffement. Il faut savoir que l'humanité entière émet aujourd'hui 7 miliards de tonnes de carbone dans l'atmosphère par an. De plus, nous devons (c'est un objectif gouvernemental) réduire nos émissions de gaz à effet de serre d'un facteur 4 d'ici 2050, et il est fort probable que nous devrions aller plus vite si les hydrates de gaz relarguent massivement du carbone dans l'atmosphère comme je le disais plus haut. 

 

Or, il faut à peu près une vingtaine d'années pour qu'une nouvelle technologie arrivée à maturité technique pénètre totalement le parc automobile. On voit donc que le travail sur le carburant et les moteurs est très insuffisant au regard des enjeux. Ce n'est donc pas là que se trouve la solution.

 

Un seul intervenant dans l'émission a parlé de la vraie solution, c'est de mieux organiser nos mobilités (voir mon article dans le blog transports de cap21 sur "fordisme et mobilité" et l'article "changer l'usage de l'automobile"). Bref, il faut d'abord mettre de l'intelligence dans notre mobilité et arrêter les gaspillages et en parallèle agir sur les carburants et les moteurs, mais ceux-ci ne feront gagner que 30% sur les émissions ges, pas un facteur 4. Donc pas de faux espoirs sur la pile à combustible. Travaillons sur l'organisation de nos modes de vie, comme une entreprise travaille sur son organisation du travail avant d'investir dans une inflation de machines.

 

 

 

 

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commentaires

O
Malheureusement, force est de constater sur le terrain que nombre de gens pensent que les nouvelles technologies et les "alter" carburants suffiront à nous sortir de l'impasse, à tort... et surtout trop tard!<br /> Pédagogie, pédagogie...
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