Le procès de l'Erika va s'ouvrir en Février. L'émission "pièces à conviction" d'hier résumait les centaines de pages de ce dossier.
L'élément le plus marquant, en dehors de la pollution des côtes et du désastre écologique, est la découverte de l'effet hautement cancérogène de la cargaison de l'Erika, avec un doute sérieux sur l'identification de cette cargaison (1 ou 2 produits?), et des expertises à résultats contradictoires sur cette identification. L'Erika ne transportait-il que du fuel lourd N°2 ou y avait-il aussi des déchets de cracking hautement toxiques. Le discours rassurant du responsable communication de Total à l'époque tranchait avec le scepticisme des associations et des laboratoires indépendants.
Le débat se tend car l'enjeu est la santé des bénévoles ayant travaillé sur le chantier de dépollution. Clairement, le reportage faisait apparaître un danger pour ceux qui avaient manipulé le produit à mains nues. Une récente étude scientifique de 2004 publié en 2006 décrite dans l'émission met en évidence une modification de l'ADN des moules, ainsi qu'une modification de l'ADN humain par le produit de l'Erika, pouvant faire apparaître des cancers à long terme (horizon 20 ans.). Le visage inquiet et médusé du responsable communication de total dans l'émission était révélateur.
Tous ceux qui ont travaillé dans des grands groupes connaissent à la fois la rigueur et les normes qui s'appliquent aux processus industriels. Certains sont très surveillés car très dangereux. Mais nous savons aussi que la concurrence, la loi du marché, la tension sur les délais par le raccourcissement des cycles, fait pratiquer à ces industries lourdes des processus parfois à la limite de la légalité, voire légèrement au delà. Les coûts externes sur la santé ne sont pas supportés par ces activités, d'autant que les rares études scientifiques sont publiées avec beaucoup de retard, quand elles ne sont pas étouffées au nom du chantage à l'emploi ou de la compétitivité économique. Un des grands enjeux du développement durable est la lutte contre la corruption, l'indulgence des états à l'égard de pratiques douteuses de multinationales, pourtant garant de la sécurité des citoyens et de leur santé. Seule une république renouvelée permettra de rétablir la confiance entre les citoyens et les outils industriels.
Le manque de transparence, d'études épidémiologiques sur le long terme a détruit cette confiance. Corinne Lepage et cap21 s'engagent sur cette volonté de faire bouger les lignes républicaines pour que cessent les opacités, pratiques indignes de notre siècle. Il en va de la santé des citoyens de ce pays.
Le débat sur l'écologie à Europe 1 Jeudi 25 Février de 18h et 21h était révélateur de ce qu'a fait ce gouvernement depuis 2002. Mr Busserau niait le retard pris par notre pays sur les sujets environnementaux en s'appuyant sur des projets réalisés, mais qui sont plus des coups d'un jour qu'une politique environnementale résolue et persévérante.
Il a même été extrêmement désobligeant envers Corinne Lepage en lui disant qu'elle racontait des histoires pour faire tourner son fond de commerce, qui est la défense, avec succès, des populations contre les dégâts induits par les grands lobbies industriels. Voilà un bien triste gouvernement. Au lieu de regarder les problèmes en face et les résoudre, il préfère se cantonner à de petites phrases éliminant toute possibilité de débat. Il en va de même pour le nuclaire et pour les OGM.
Il est grand temps de changer de république.