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Texte libre

Corinne Lepage,

ministre de

l'environnement

 de 1995 à 1997

et présidente de cap21

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27 janvier 2006 5 27 /01 /janvier /2006 00:22

Nous allons, par une démonstration simple, mettre à jour les erreurs de politique que l’on peut faire si on a une réflexion sectorielle sur le développement durable. Si on ne traite pas en tant que système l’urbanisme et la mobilité, on peut se fourvoyer. Nous allons utiliser des calculs d’ordre de grandeur, des calculs de coin de table qui ont le mérite d’être accessibles au plus grand nombre, mais tout de même illustratifs et pédagogiques.

 

Imaginons un ménage de 4 personnes, deux adultes et deux enfants, souhaitant habiter dans une zone pavillonnaire à l’image du quartier Vauban à Fribourg, c'est-à-dire construit à partir de maisons consommant en chauffage 65kWh par mètre carré et par an sur 100 mètres carré, ce qui est déjà deux à trois fois plus performant que ce que nous faisons en France aujourd’hui. Prenons comme hypothèse que ce quartier se situe à 15km du lieu de travail d’un des membres du couple et que les écoles et le lieu de travail de l’autre membre soient situés à proximité.

 

Calculons maintenant la consommation énergétique totale logement plus transport en prenant pour l’automobile 1kWh par km. Sur 200 jours travaillés dans l’année nous avons donc 6000kWh de transport et 6500kWh de chauffage soit 12500kWh au total.

 

Prenons le même ménage habitant près de son lieu de travail dans l’ancien et en ville avec une consommation de 125kWh par mètre carré et par an en chauffage, mais une consommation négligeable en transport puisqu’il peut prendre le vélo et les transports publics. Il obtient le même résultat en matière d’environnement, c'est-à-dire médiocre. Le résultat est pire si on considère l’obligation de prendre la voiture pour toutes les activités du ménage habitant en zone périurbaine. (écoles, loisirs, etc…).

 

Par ce petit exemple, on comprend qu’une politique urbaine n’est de développement durable que si les zones périurbaines sont suffisamment denses pour y mettre des transports publics et si l’usage individuel de la voiture y est fortement découragé. C’est ce qu’a fait Fribourg avec succès.

 

Le désir d’habitat écologique en zone périurbaine peut donc très bien être une illusion si les politiques ne sont pas adaptées et pensées globalement. 

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commentaires

E
Encore une belle démonstration.1 - Dominique je n'aime pas non plus les raccourcis, car ils sont sujets à une simpliciation réductrice. Cependant le lecteur internet s'épuise vite, et ici ton article court et lisible (merci ausis pour les grands caractères et les paragraphes) et surtout d'autant plus pertinent. C'est pas si évident à faire lorsqu'on maitrise tant un sujet, comme toi le "passionné" du transport.2 - Je me posais souvent cette question, ayant fait le switch recemment : d'un quartier proche de la ville, je suis arrivé à la campagne. 3 - Un nombre croissant de ménages habite cependant près des villes et non pas dans les villes, la facture énergétique est donc encore pire.4 - Tu es effectivement très gentil avec l'urbanisme, et tu nous avais déjà précisé à quel point toute notre société est liée à la bagnole, avec les zones de travail, zones de vie et zones d'approvisionnement distinctes et générant du trajet.5 - Enfin sur le fond, arrivé à la fin de ton article, je me dis : eh bien, si j'ai tout bien compris, il nous faudrait à nouveau des vrais villages, non ? Des villages avec des commerce minimaux, une crèche, des services, des petites industries et une activité qui produise de l'emploi...
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